Libre et sexy : ce sont les deux mots qui décrivent le mieux le deuxième album de Lou-Adriane Cassidy, qui porte le joyeux et invitant titre Lou-Adriane Cassidy vous dit : bonsoir. Après un premier album plus sage lancé il y a près de trois ans, elle s’y libère des carcans de la chanson, mais aussi des siens.

« Je croyais que j’étais condamnée à un certain style, une certaine façon d’être comme artiste et sur scène », dit l’autrice-compositrice-interprète de Québec, qui a baigné dans la chanson française toute sa vie.

« Je me tenais droite sur scène, je chantais du Barbara… », raconte-t-elle. C’est donc tout naturellement qu’elle avait suivi cette voie très « chanson » sur son (excellent) premier album, C’est la fin du monde à tous les jours, sorti alors qu’elle n’avait que 21 ans.

« J’avais l’impression que je savais juste faire ça. Mais j’ai réalisé en accompagnant plein de monde, en parlant avec d’autres artistes, en étant stimulée, que mon terrain de jeu était plus grand que je pensais. Et j’avais le goût d’explorer ça aussi. »

Celle qui a été choriste pour Hubert Lenoir sur la tournée Darlène avait surtout envie d’avoir du plaisir et de ne pas se prendre au sérieux — bienvenue les amusantes mises en abyme –, d’explorer « une animalité, quasiment une violence » qu’elle s’est découverte sur scène, de se surprendre elle-même.

0:00
 
0:00
 

Le résultat de cette quête est aussi punché que concentré : les 10 chansons à saveur pop de l’album tiennent en 20 petites minutes, mais jamais on ne sent que l’autrice-compositrice-interprète a tourné les coins ronds. Au contraire.

Dans mon premier album, il y avait beaucoup de bridge… Là, j’ai fait : ‟Ah, mais ça ne sert à rien ! » Je trouve que c’est toujours trop long, toutes les formes. Dans le fond, c’est juste de revenir à l’essence d’une toune, couplet, refrain, merci. C’est un exercice, mais j’ai aussi l’impression que c’est cohérent.

Lou-Adriane Cassidy

Cohérent dans la forme et aussi dans le fond : dans ce deuxième album, Lou-Adriane Cassidy va droit au but et aborde sans tabou la sexualité, plus précisément sa sexualité, dans ses recoins les plus lumineux, mais aussi les plus sombres.

« La chanson que Stéphane Lafleur m’a écrite, Le corps en mouvement, c’est faire l’amour, c’est beau, c’est pur. Mais je voulais aussi parler des rapports conflictuels, de désir et d’absence de désir, de la colère qu’on peut vivre face aux attentes des autres et envers nous-même. Il n’y a jamais qu’une seule façon de vivre sa sexualité, et je pense qu’un album est le lieu parfait pour aborder tout ça. »

0:00
 
0:00
 

La chanteuse

Pour toutes ces raisons, quelque chose de très libre se dégage de cet album qu’elle a coréalisé avec Simon Pedneault et le très demandé Alexandre Martel, avec qui elle partage sa vie. Si elle a composé les musiques seule, ils ont écrits les textes ensemble. Travailler à deux lui a surtout permis de s’assumer davantage.

« Ça donne confiance. On se juge moins, on s’en permet plus dans l’humour et les clins d’œil. Ça donne plus de guts. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

La voix de Lou-Adriane Cassidy est déjà riche, juste et d’une grande profondeur, mais cette liberté s’est fait sentir même dans sa manière de chanter. « C’est comme si sur mon premier album, j’avais eu peur de chanter pour vrai. » Elle a mis de côté la sobriété et laissé sortir l’émotion brute, histoire encore une fois de ne pas « se contenter » de ce qu’elle avait déjà fait.

« J’avais le goût de me laisser aller, de crier, que ça dépasse… Je voulais plus de nuances, mais dans l’autre sens. Souvent, on dit ça pour aller dans plus petit. Moi, c’est le contraire, c’était pour aller dans plus gros ! »

0:00
 
0:00
 

Le sujet s’y prêtait, bien sûr, mais elle a surtout arrêté d’avoir « honte d’être une chanteuse ». « Au cégep, en musique, on en faisait beaucoup, des jokes de chanteuse nunuche qui ne sait pas où rentrer dans la toune. »

Plus question maintenant de vouloir être autre chose que ce qu’elle est. Ni d’être complexée par son talent.

Ce que tu as, tu n’as pas le choix de le mettre en avant, sinon tu passes à côté de ce que tu as à donner. Alors voilà. Je suis une chanteuse, je suis une femme, j’ai une sexualité. Et je m’assume dans toute cette complexité.

Lou-Adriane Cassidy

L’album sort vendredi et Lou-Adriane Cassidy espère que les gens prendront le temps de l’écouter au complet. « Je pense qu’il y a une belle courbe dedans et qu’il peut faire vivre une panoplie d’émotions. »

Elle a surtout hâte de reprendre les spectacles — sa tournée européenne a été interrompue au tout début de la pandémie, alors qu’elle venait d’arriver en Belgique.

« On a fait zéro show ! Là, on devrait y retourner en mars. J’ai hâte de reprendre la tournée, de réarranger mes chansons, dont celles du premier album, pour faire quelque chose de cohérent. »

0:00
 
0:00
 

Et elle arrive avec ce nouvel album en revendiquant une certaine immaturité, ce qui l’amuse beaucoup. Mais surtout en ne voulant plus jamais rester enfermée dans une seule définition d’elle-même.

« Sur le premier album, je disais ‟voilà ce que je suis ». Là, c’est voilà ce que je suis en ce moment et ce que j’ai voulu faire, et ce sera peut-être différent la prochaine fois. Mais ça n’en reste pas moins sincère. J’ai mis tout ce que j’avais là-dedans. »

Lou-Adriane Cassidy vous dit : bonsoir

Pop alternative

Lou-Adriane Cassidy vous dit : bonsoir

Lou-Adriane Cassidy

Bravo Musique
En vente le 5 novembre