Des parterres vides par endroits, mais des festivaliers enthousiastes (certains mêmes extatiques) à l’idée de retrouver Osheaga, après un an d’absence. Reconnu pour ses artistes internationaux et ses foules abondantes, le festival prend ces jours-ci une allure conviviale, quasi intime, qui est loin de déplaire aux amateurs de musique présents.

« La première chose que j’ai remarquée, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de monde. Mais ça fait tellement de bien de sortir ! », lance Ursula Greig, à l’entrée du site.

Ça résume assez bien l’état d’esprit général des festivaliers en ce premier soir des Retrouvailles Osheaga 2021, qui se termineront dimanche.

Huit mille personnes dans un espace qui pourrait en contenir des dizaines de milliers, ça paraît. Au plus fort de la soirée, les deux parterres, divisés en zones de 500 personnes – distanciation sociale oblige –, étaient remplis aux trois quarts, environ.

Mais les restrictions sanitaires n’auront pas démoralisé les festivaliers, trop occupés à profiter du moment, que certains attendaient depuis des mois. Sur le parterre, vous auriez pu apercevoir Alexandra Michaud, par exemple, chanter à tue-tête et enlacer son ami.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Les festivaliers étaient peu nombreux, mais bien heureux d’être de retour au parc Jean-Drapeau pour voir les artistes présents à Osheaga.

C’est sûr que c’est différent, mais je suis tellement contente que ça reprenne. J’étais fébrile quand je marchais. Ça paraît tellement grand quand il n’y a personne !

Alexandra Michaud

Et ça a fait le bonheur de bien des gens ! Pas de bouchons monstres à l’entrée du site ni de files interminables pour les toilettes. Si l’Osheaga prépandémie avait parfois des allures de marathon sous une chaleur accablante, celui-ci est beaucoup plus confortable, témoignent les festivaliers.

Il y a de la place pour danser, le site est moins grand (donc il est plus facile de s’y déplacer). Et surtout, on n’a pas à faire de choix déchirants entre deux artistes qu’on aime et qui jouent au même moment (ils montent à tour de rôle sur les deux scènes extérieures).

« D’habitude, Osheaga, c’est overwhelming. Là, c’est plus relax. On a juste à s’asseoir et à profiter de la musique. Le fait qu’il ne fasse pas 30 °C, aussi, je ne m’en plains pas ! », rigole Victoria Delisle, qui s’est déplacée pour voir Charlotte Cardin, reine de la soirée.

L’énergie sur le parterre – qui s’est d’un coup rempli – a été décuplée lorsque l’auteure de Phoenix est montée sur la scène de la Rivière. Dans la foule, ça s’étreignait, se balançait de gauche à droite. On se serait cru en 2019.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Pour le spectacle de Dvsn, les spectateurs étaient plus nombreux

Les artistes d’ici à l’honneur

Charlotte Cardin, Franklin Electric, Bülow, Soran… Cette année, tous les artistes à l’affiche sont canadiens. C’est d’ailleurs ce qui avait convaincu ​​Candice Kwong de se procurer un billet pour la première fois. « J’étais vraiment contente que ça soit juste des artistes d’ici. Je sens plus d’attachement envers eux », dit-elle.

Alexandra Michaud est du même avis : « C’est une belle vitrine pour plusieurs artistes qui n’auraient peut-être pas eu cette chance si ça avait été encore une édition où les artistes venaient de partout à travers le monde. »

Sans surprise, les touristes ontariens brillaient par leur absence, vendredi, eux qui d’habitude sont si nombreux à traverser la frontière pour l’occasion. En plus du contexte sanitaire, on imagine que la tenue du festival en plein automne plutôt que pendant les vacances estivales a pu freiner certains travailleurs et étudiants.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Température plus fraîche oblige, la tuque est devenue un accessoire nécessaire pour cette édition.

Osheaga avec tuque et mitaines

Si Osheaga est un évènement musical, il est aussi devenu, avec le temps, un rendez-vous incontournable de la mode. Les festivaliers avaient l’habitude de choisir leurs tenues méticuleusement, parfois des semaines à l’avance, dans l’espoir qu’elles se retrouvent dans l’une ou l’autre des listes des « meilleurs looks d’Osheaga ».

Mais la température d’octobre aura eu raison de leur créativité. Les festivaliers ont troqué leurs extravagants habits pour de sobres manteaux et leurs couronnes de fleurs pour des tuques. Certaines, comme Florence Jodoin et Laurence Godbout, drapées de motifs éclatés, ne cachaient pas leur déception. « Je m’attendais à mieux ! Nous, on a planifié nos outfits d’avance ! Ça fait longtemps qu’on n’est pas sortis, on voulait s’amuser », déplore Laurence, à la blague.

D’autres ont tout de même fait un certain effort, comme ce groupe d’amis qui se sont tous maquillés de paillettes multicolores. « On a essayé de planifier nos tenues. Ça fait un an et demi qu’on est toujours à l’intérieur et moi, je suis prêt à sortir, à avoir du fun. Je suis super content d’être ici et je me suis habillé pour l’occasion », affirme l’un d’eux, Philippe Allard.

Non loin de là, les intervenantes du kiosque de L’Aparté veillent sur les festivaliers. Le centre de ressources juridiques de première ligne mis sur pied par Juripop pour lutter contre le harcèlement et les agressions sexuelles dans le milieu culturel a été chargé par le Groupe CH d’offrir des interventions et des services juridiques gratuits à Osheaga et à îleSoniq, qui a eu lieu plus tôt en septembre.

L’équipe tend des dépliants ici et là, se promène sur le site afin de sensibiliser les festivaliers. Si un incident d’ordre sexuel devait se produire, les avocates et intervenantes de L’Aparté seraient déjà sur place pour offrir du soutien et des conseils juridiques aux victimes.