Tout en espérant le meilleur pour la suite, on a intérêt à chérir nos souvenirs d’été.

Les concerts ont repris, du festival Classica (à Saint-Lambert) jusqu’au Domaine Forget, en passant par les festivals de Lanaudière et d’Orford, avec des salles qui semblaient parfois presque pleines, tant on les avait vues clairsemées ou éteintes.

La chaleur est un élément capricieux pour les musiciens : d’abord elle détend et assouplit les doigts, puis elle risque de les faire enfler ou glisser, tout en perturbant l’accord des instruments. Si la robe de concert s’adapte, le complet cravate est une armoire à chaleur sans bon sens. À quand une toge du XXIsiècle, légère et non genrée ? !

Je crois que les musiciens ont surtout été heureux de se retrouver devant des visages ouverts, des oreilles curieuses et des mains heureuses d’applaudir.

Et dans la salle, que vous ayez entendu un concerto de Mozart ou une symphonie de Prokofiev, si l’interprétation vous a soulevé et que la musique en direct vous avait manqué, l’œuvre restera associée à l’été 2021, pour vous.

Comme je l’indiquais l’hiver dernier, les musiques n’ont pas de saison : elles s’inscrivent dans nos souvenirs par les émotions qu’elles ont cristallisées.

Un amour d’été a sa trame sonore, autant qu’une route sur laquelle on a filé en vacances.

Comme la chaleur s’étire souvent en septembre, je vous propose de prolonger l’été en faisant quelques ajouts à votre répertoire personnel : voici une journée d’été racontée en musique.

Une courte cantate du compositeur baroque anglais Thomas Arne capture parfaitement le lever du soleil en été : la voix de la chanteuse monte, de plus en plus lumineuse.

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La suite de la cantate est charmante, avec une flûte à bec qui s’agite pour évoquer la flûte du berger ou le chant de l’alouette.

Mais au milieu de l’avant-midi, je préfère l’alouette plus planante, décrite au début du XXsiècle par un autre Anglais, Ralph Vaughan Williams.

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Si cette musique évoque pour vous un décor bucolique de porcelaine anglaise, vous tombez pile : le jeune Vaughan Williams a été élevé dans la maison de la dynastie Wedgwood, la famille de sa mère.

Pour entamer l’après-midi, on s’abandonne à Claude Debussy. Son Prélude à l’après-midi d’un faune est sensuel, d’une écriture qui étonne par son audace, quand on se rappelle que l’œuvre date de 1894.

Marie Chouinard a chorégraphié et dansé la pièce de Debussy en 1987, incarnant un faune à la fois stylisé et très sexué. Sa magnifique chorégraphie est toujours au répertoire de la compagnie.

Après la sieste voluptueuse, un peu de pagaie sur des rapides. Une œuvre récente de la compositrice canadienne Barbara Croall, de la Première Nation Odawa, fait jaillir l’eau autour du canot, ainsi que l’adrénaline des avironneurs :

En juin dernier, l’ensemble Made in Canada a obtenu un prix Juno pour son disque Mosaïque, qui présente cette œuvre parmi 14 compositions originales.

En fin de journée, on commencera par mettre les petits au lit. Évidemment, vous pouvez choisir Summertime de Gershwin comme berceuse ; vous avez sans doute déjà votre version préférée. Juste un peu moins connue, je vous propose le Baïlèro de Joseph Canteloube, chanté en langue d’oc. Canteloube a raconté qu’il avait noté cette mélodie en 1903, à la tombée du jour dans une montagne du Cantal. Une bergère la chantait, recevant la lointaine réponse musicale d’un berger, niché à plusieurs kilomètres d’elle.

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Puis, en sortant bien tard d’un restaurant, il fera encore chaud. Alors on marchera longtemps, juste pour le plaisir de sentir la nuit.

Manuel De Falla décrit ici une nuit dans un jardin de jasmin du palais de l’Alhambra, mais sa musique frémissante, enveloppante, ouvre la porte à tout ce qu’une nuit d’été peut offrir, si on s’y prolonge.

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Pour ajouter à vos souvenirs musicaux d’été

L’Orchestre symphonique de Montréal terminera sa saison estivale en offrant un grand concert gratuit sur l’Esplanade du Parc olympique, le 9 septembre à 19 h, avec un programme flamboyant, allant de l’Ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovsky jusqu’à l’Oiseau de feu de Stravinsky. Ce sera l’occasion de faire connaissance avec le nouveau directeur musical, Rafael Payare. Il faut simplement s’inscrire sur cette page, à partir de mercredi :

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