Deux ans après avoir souligné les 20 ans de son album Le chihuahua, Mara Tremblay revient une fois de plus en arrière. Papillons – Démos montre les ébauches de ce qui est devenu Papillons et prouve qu’il est resté fidèle aux émotions brutes de ses premiers instants de création.

On jase depuis quelques minutes déjà quand Mara Tremblay se lève pour aller chercher quelque chose dans la pièce de son condo où elle a installé plusieurs instruments de musique. Elle en revient avec une cassette dans la main. « Ça faisait 20 ans que j’avais ça qui me regardait sur mon bureau, dit l’auteure-compositrice-interprète, mais je n’avais plus d’appareil pour la lire. »

Sur la cassette, les démos des chansons de Papillons, son deuxième album, sur lequel on retrouve la bouleversante Les aurores, mais aussi du rock texturé et du country-folk à vif. Des morceaux bruts, volontairement déglingués parfois, qui invitent l’oreille au plus près de l’étincelle qui les a fait naître.

Papillons – Démos impose d’abord ce constat : tout est déjà là. La ligne directrice des chansons, leur structure et l’émotion vive qui en fait battre le cœur.

La création était à ce moment-là un besoin, un médicament, un outil. C’était ma porte de sortie. Ça tourbillonnait de partout [dans ma vie], et la création était mon ancre.

Mara Tremblay

Les aurores, chanson dont Mara Tremblay dit qu’elle est celle qui la représente le plus, ne se trouve pas parmi les démos en raison de questions de droits. On ne perd pas au change : la chanson, telle qu’on l’entend sur l’album Papillons, est la maquette. « Je trouve ça capoté que les gens se soient identifiés à cette version-là parce qu’elle est complètement brute, dit-elle. On avait essayé de la refaire, mais on n’y est pas arrivés. »

Aussi personnel qu’un album

Il ne faut pas être pudique pour publier des maquettes de chansons, forcément imparfaites. « Je ne suis pas plus toute nue [que sur mes albums]. Peut-être que je suis une personne qui est habituée de se livrer aussi… J’ai toujours tenu à ne pas être à côté de mes bottes, explique-t-elle. Pour moi, un album, c’est aussi personnel que ça. »

Il n’y avait rien de superficiel, ni dans le son ni dans l’image. C’était de la musique qui me ressemblait à moi.

Mara Tremblay

Une fois en studio, Mara Tremblay et son complice Olivier Langevin ont donné du tonus, accentué les brisures et les moments de folie, et enveloppé la voix parfois étonnamment douce de la chanteuse (« C’était la première fois que je chantais comme ça », dit-elle).

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« Je savais l’émotion que je voulais porter, mais les sons, on les cherche jusqu’à ce que ce soit ça, raconte-t-elle. Rien n’est déjà pensé quand on entre en studio. C’est un laboratoire. » Ensemble, ils ont développé un environnement sonore à la fois subtil et rentre-dedans d’un genre qu’on n’entendait pas au Québec à l’époque.

Elle a décidé de publier ses démos entre autres pour marquer son départ d’Audiogram, maison de disques où elle est née comme auteure-compositrice-interprète. Une décision de cœur motivée par la vente de l’étiquette à Québecor. Elle estime tout devoir au fondateur d’Audiogram, Michel Bélanger, et que sans lui à bord, le lien était brisé. Papillons – Démos paraît ainsi sur KatMuzik, étiquette fondée par sa grande amie Catherine Durand.

Mara Tremblay a mis de côté la tournée anniversaire du Chihuahua qu’elle souhaitait faire avant la pandémie et se concentre sur celle d’Uniquement pour toi, paru au printemps 2020. Sinon, elle ne compose plus. Mais elle ne s’en inquiète pas.

« Je suis heureuse. Je m’en fous », lance-t-elle. La pandémie lui a permis de constater qu’après 35 ans à donner des spectacles tous les étés, c’est plutôt agréable de souffler. « Quand les shows arrivent, je suis contente, je les fais et je suis reconnaissante, expose-t-elle. S’il y a une toune qui arrive, elle arrivera. Je ne suis pas un puits sec. À un moment donné, je vais avoir une autre flambée. »

Papillons – Démos

Papillons – Démos

Mara Tremblay

KatMuzik