(Québec) Après Barcelone et Paris, Québec devait s’ajouter à la liste des villes du monde qui ont accueilli des milliers de spectateurs pour un concert-test en temps de pandémie, mené sous la supervision de chercheurs de l’Université Laval. Or, la progression du variant Delta de la COVID-19 bousille l’opération, qui est désormais annulée.

« Compte tenu de la quatrième vague, c’est l’unique décision responsable à prendre, de ne pas avoir ce concert-test, tant pour les festivaliers que les organisateurs et les bénévoles », a déclaré mercredi la ministre du Tourisme, Caroline Proulx.

En juillet, Mme Proulx avait annoncé que le concert-test — qui devait réunir 20 000 personnes à l’extérieur et 5000 personnes à l’intérieur, à Québec — allait coûter 2 à 3 millions à produire. Le gouvernement avait dépensé à ce jour 100 000 $ de cette somme. Il n’est pas prévu d’organiser pour l’instant un nouveau concert-test à l’avenir.

Ce concert constituait pourtant un « pas immense vers la réalisation d’évènements sécuritaires », avait déclaré la ministre en juillet. Celle-ci s’était toutefois montrée prudente, prévenant que le concert pourrait être annulé en fonction de la situation épidémiologique et de la progression des variants.

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La ministre du Tourisme du Québec, Caroline Proulx.

« Le souhait était de tenir les spectacles prévus dans des conditions se rapprochant le plus possible de la situation prépandémique, afin d’outiller adéquatement les promoteurs de festivals et d’évènements. Or, en regard de la situation épidémiologique actuelle et de la montée appréhendée des cas de la COVID-19 associés au variant Delta, il a été jugé plus avisé de mettre un terme au projet », a déclaré le ministère du Tourisme mercredi par voie de communiqué.

Radio-Canada avait également rapporté que Québec cherchait un promoteur pour réaliser le concert « clé en main », en fonction du budget gouvernemental octroyé, et que le spectacle devait être gratuit. La date du 25 septembre avait été encerclée et l’évènement devait se dérouler sur les Plaines d’Abraham, avec une version diffusée en direct pour un deuxième groupe de 5000 personnes à l’intérieur, au Centre des congrès de Québec.

Peu de détails sur le protocole scientifique avaient été annoncés à ce jour. Le gouvernement et l’Université Laval n’avaient pas annoncé si les spectateurs allaient devoir être masqués, ou maintenir une distanciation physique de deux mètres. Le nom des artistes qui allaient participer au concert n’avait également pas été annoncé.

Les festivals auront lieu

L’annulation du concert-test n’est pas un nuage noir qui se pointe à l’horizon des festivals qui se tiendront en septembre au Québec, assure le gouvernement Legault. Caroline Proulx a affirmé mercredi être en discussion avec les groupes qui organisent ces rassemblements afin de coordonner, avec le ministère de la Santé, le passeport vaccinal qui serait exigé des festivaliers.

« Beaucoup de questions restent en suspens », commente Martin Roy, président directeur-général du Regroupement des évènements majeurs internationaux (RÉMI) et de Festivals et évènements majeurs (FAME). Les festivals espèrent notamment que l’entrée en vigueur du passeport permettra de desserrer quelque peu la vis quant au port du masque, à la distanciation et aux jauges lors des évènements.

Québec affirme également travailler à la question du passeport vaccinal pour les touristes arrivant des autres provinces et des États-Unis, maintenant que les frontières sont ouvertes. La ministre du Tourisme n’a toutefois pas indiqué si de nouveaux assouplissements aux consignes sanitaires s’appliqueraient aux festivals qui accueilleront dans les prochains mois des citoyens pleinement vaccinés.

« On sait que le gouvernement a promis des détails supplémentaires, dit M. Roy. On veut en savoir plus par rapport aux assouplissements qu’on a demandés, mais pour l’instant, on n’a aucune assurance qu’on en aura. »

Tester des festivals déjà existants

Martin Roy s’attendait à l’annulation du concert-test, la Santé publique se montrant récemment de plus en plus réticente à l’idée d’un évènement sans masque ni distanciation. Il estime qu’il s’agit de « la meilleure décision que le gouvernement et la ministre pouvaient prendre ». « Si on devait mettre autant de ressources et d’énergie, il fallait que ce concert-test ait une plus-value, notamment qu’il se déroule dans des conditions pré-pandémiques, explique-t-il. Si c’était pour advenir avec le port du masque et la distanciation, ça ne change rien à ce qu’on vit présentement, si ce n’est que la capacité passe à 20 000 personnes. »

De plus, l’instauration du passeport vaccinal « change complètement la donne ». « Il n’était pas dans le portrait quand l’idée du concert-test a été mise de l’avant, dit-il. Les choses sont vraiment différentes à partir du moment où il y a le passeport. »

L’idée d’éventuellement monter de toutes pièces un nouveau concert-test n’est pas la meilleure option aux yeux de M. Roy. « Je pense qu’il faudrait davantage s’attacher à un évènement déjà existant, estime-t-il, citant l’exemple du festival Lollapalooza, qui a accueilli 385 000 personnes à la fin du mois de juillet, à Chicago. Je pense qu’il faudrait voir si c’est faisable ici. Même si je comprends qu’il y a des soucis scientifiques et de recherche. »