Le Festival d’été de Québec (FEQ) a pris fin dimanche. Pour le week-end de clôture, White-B et Loud ont offert une soirée hip-hop à niveaux variables, puis Men I Trust et Geoffroy ont conclu le tout en splendeur. Onze soirées plus tard, retour sur cette 53édition et sur son bel épilogue.

L’heure du bilan

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Anne Hudon, directrice générale du Festival d’été de Québec

Quelques heures avant que le festival ne touche à sa fin, sa directrice générale, Anne Hudon, au bout du fil, repense à toutes les décisions prises dans les derniers mois pour monter ce FEQ. L’un des moments clés : le choix de tenir tous les spectacles à l’intérieur. « On savait qu’on avait des artistes qui pouvaient aisément vendre 500 billets, mais c’était une proposition qu’on n’avait pas faite aux festivaliers », rappelle-t-elle. Personne n’aurait parié que la vaste majorité des concerts se dérouleraient à guichets fermés. « Les artistes étaient contents, constate Anne Hudon. Beaucoup disaient qu’ils avaient moins senti la COVID-19 que ce qu’ils auraient cru pendant les spectacles. » Les autres grands heureux : les festivaliers, bien sûr. « Habituellement, on a une partie des spectateurs qui sont des fans finis et aussi beaucoup de curieux. Mais à 500 personnes, ce sont les vrais, vrais fans finis », dit la DG. En regardant de l’avant, on aperçoit beaucoup d’espoir à l’horizon, chez le FEQ. « On voit ce qui se passe à l’international : les spectacles se montent, les solutions se trouvent, les festivaliers sont au rendez-vous », affirme Anne Hudon. Le Festival d’été de Québec de 2022 — avec Rage Against the Machine en tête d’affiche — se prépare déjà.

White-B à travers les pépins

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, LE SOLEIL

White-B

Samedi, White-B est arrivé sur la scène du manège militaire juste assez en retard pour être cool. Vraiment moins cool, par contre : les nombreux problèmes techniques qui ont complètement déstabilisé le rappeur pendant la moitié d’un spectacle d’une petite heure. Dès la première chanson, White-B entendait la trame musicale sur laquelle il rappait… mais pas le public. Cela a donc donné lieu à une performance a cappella qui, malgré le malaise engendré, a au moins permis de constater la justesse de la voix et du flow du Montréalais. Le public de White-B s’est montré encourageant, même si l’artiste, lui, a laissé la frustration monter. On a même craint qu’il décide de couper court à sa prestation, mais il a plutôt été résilient et a gardé le spectacle en vie. Il est difficile d’habiter seul une scène, encore plus quand il y a des accrocs techniques, mais White-B s’en est bien tiré. Et lorsque ses complices du collectif 5sang14, Lost et MB, sont venus lui prêter main-forte, l’ambiance en a été rehaussée. « Il fallait que je vienne vous voir, j’avais besoin de sentir votre chaleur », a lancé White-B après être allé se promener sur le parterre pendant l’interprétation de Toxic. Le port du masque était obligatoire pour les festivaliers lorsqu’ils avaient à se déplacer. La COVID-19 force encore plusieurs règles strictes, que les spectateurs ont semblé majoritairement respecter. White-B n’a sûrement pas reçu le mémo.

Loud et sa gang

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, LE SOLEIL

Loud

Fidèle à lui-même, Loud a voulu faire les choses en grand au FEQ (du moins, le plus grand possible). Avance rapide jusqu’au rappel, après une prestation d’un peu plus d’une heure : alors que Loud revenait sur scène, les rappeurs Imposs, Rymz, Tizzo, Souldia et White-B l’accompagnaient. Rien de moins. La foule était en délire, la chanson Légendaire (collaboration entre ces artistes sur l’album d’Imposs) a commencé, et seulement avec cette surprise, la tête d’affiche de la soirée savait qu’elle offrait un moment mémorable aux festivaliers. Mais dès le début et tout au long de sa présence au Manège militaire, Loud n’a manqué aucune occasion de rappeler pourquoi il avait eu tant de succès ces dernières années, avant notre pause collective forcée. Nouveaux riches, Hell, What a View, Pas sortable, 56K… le rappeur est passé à travers nombre de ses meilleurs titres, dont les plus pop, comme Sometimes, All the Time, Fallait y aller ou Toutes les femmes savent danser. À mi-chemin, le trio original, Loud Lary Ajust, a proposé un petit retour dans le passé, lorsque Lary Kidd est venu rejoindre Loud et le producteur Ajust (aux platines) pour un segment de la prestation. Autres invités de la soirée : 20some et MikeZup. Après un extrait inédit, Loud a bouclé le spectacle sur deux de ses meilleures offres, soit TTTTT, puis la superbe Good Game. « Vous avez été impeccables, good game », a-t-il lancé à la foule. On lui renvoie le compliment.

Exquise soirée de clôture avec Men I Trust et Geoffroy

PHOTO PASCAL RATTHÉ, LE SOLEIL

Emma Proulx, de Men I Trust

Men I Trust est arrivé sur scène dimanche soir sans Dragos Chiriac. Cela faisait un an et demi que le groupe, grande fierté de la capitale, ne s’était pas présenté devant son public. Et même sans son important membre fondateur, il est parvenu à effectuer un retour en force, grand merci à la chanteuse Emma Proulx. Énorme merci aussi à la belle cohésion musicale entre les membres du groupe. Il a fallu un bref moment pour que la synergie s’installe — les nerfs n’y étaient sûrement pas pour rien. Mais une fois lancé, le quintette a été hypnotisant. Sa pop indie planante, la voix angélique de la meneuse posée sur les formidables instrumentalisations nous ont ravis. Men I Trust a saisi l’occasion de ce spectacle à la maison pour présenter quelques pièces de son prochain album, prévu pour le 25 août. Il nous réserve quelque chose de très beau avec ce nouveau disque, intitulé The Untourable Album, « parce qu’on ne pensait pas pouvoir le jouer », nous a expliqué Proulx. À 21 h 30, lorsque Geoffroy et ses musiciens se sont lancés dans leur prestation, on a tout de suite su qu’il s’agissait là d’un excellent choix pour clore le FEQ. La fin de soirée (et de festival) a été lumineuse, dansante, rythmée par le joli groove du répertoire de Geoffroy – qui, rappelons-le, aurait dû donner un concert sur les plaines d’Abraham avant Jack Johnson et Vance Joy l’an dernier. Solide vocalement, superbement entouré par ses musiciens, l’auteur-compositeur-interprète a enchanté la foule. Et c’est l’appréciation des festivaliers, ce dernier soir et tout au long du week-end, qui a fini de nous convaincre que cette édition du Festival d’été de Québec, malgré ce qu’elle a perdu de son panache habituel, était essentielle.

Les frais d’hébergement pour ce reportage ont été payés par le Festival d’été de Québec.