Avec la présentation de 11 concerts pouvant accueillir chacun 1500 personnes, le Festival de Lanaudière est le premier évènement culturel d’envergure depuis le début de la pandémie, et même le seul cet été, à réunir un aussi vaste auditoire dans un même lieu.

Le festival marquera aussi les retrouvailles, lors de la soirée d’ouverture vendredi, entre le chef Kent Nagano et le public québécois. Mais cette édition toute spéciale, après l’annulation de l’été dernier, aura été un exercice de gymnastique et de lâcher-prise jusqu’à la dernière minute.

« C’était sportif ! Surtout que d’habitude, une programmation de festival, ça se bâtit sur un, deux ou même trois ans pour les plus gros projets », nous a expliqué vendredi dernier le directeur artistique, Renaud Loranger, qui ajoute que la dernière année a été « un tourbillon incessant d’émotions », et que l’ampleur de l’évènement sera une sorte de test pour prouver que « ça marche ».

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Renaud Loranger, directeur artistique du Festival de Lanaudière

C’est merveilleux qu’on puisse tenir le festival, que l’amphithéâtre puisse ouvrir, que les protocoles sanitaires nous permettent d’accueillir presque 1500 personnes. J’espère que ça pourra vraiment servir comme témoignage de résilience pour tout le spectacle vivant, pas juste la musique. C’est une forme de renaissance pour tout le monde.

Renaud Loranger, directeur artistique du Festival de Lanaudière

Le magnifique amphithéâtre Fernand-Lindsay de Joliette a une capacité d’environ 7000 personnes, soit 2000 fauteuils assis et jusqu’à 5000 personnes qui peuvent être accueillies sur la pelouse. Cette année avec les mesures sanitaires, environ 850 fauteuils sont disponibles « sous le toit », et autour de 700 sur la pelouse.

« On est à minimum un quart de la capacité du site. Mais pour montrer à quel point on est dans le mouvement permanent, quand on a dévoilé la programmation à la mi-juin, à un mois du début du festival – ce qui est complètement fou et qu’on n’avait jamais fait –, on avait 450 places sous le toit. Mais avec les assouplissements qui ont été annoncés après, on a pu augmenter la jauge à 830-850 et ajouter de nouveaux billets la semaine dernière. »

Le passage du deux mètres à un mètre de distance est par contre arrivé un peu trop tard. « Maintenant, on ne peut plus rien changer. Si on l’avait su un peu avant ! Mais c’est une autre histoire… »

Kent Nagano

Si la programmation du festival a été conclue si tard, c’est qu’après avoir espéré reprendre telle quelle celle de l’an dernier, l’organisation a dû revoir tous ses plans au printemps, entre autres à cause de la quasi-impossibilité de faire venir des ensembles de l’extérieur.

« Alors on s’est dit : il faut qu’on soit là le plus possible, et ça veut dire le faire avec des artistes de chez nous. »

Tout le monde a répondu présent, l’Orchestre métropolitain (trois concerts), Les violons du Roy (deux concerts), l’OSM (cinq concerts), des solistes reconnus comme Marc-André Hamelin ou Karina Gauvin. « Ils ont été enthousiastes, et très flexibles. On a pu développer des programmes ensemble très vite. »

Mais la palme de la dernière minute va à l’organisation de la venue de Kent Nagano, qui dirigera un concert avec l’OSM le 16 juillet, et qui a été confirmé avec à peine deux semaines de préavis.

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Kent Nagano dirigeant l’OSM à la Maison symphonique, en 2019

« J’étais chez lui la semaine dernière et on s’est dit : “Ça marche, on peut le faire, les papiers, le visa, les mesures aux frontières qui sont assouplies juste assez. » L’OSM a réagi aussi très vite, quelques jours plus tard on mettait les billets en vente, et 48 heures plus tard c’était complet. »

Renaud Loranger n’est pas peu fier de son coup, surtout que la présence de Kent Nagano, qui n’a pas pu finir son mandat après 14 ans à la tête de l’OSM, est fort symbolique.

« Ses concerts prévus en 2020 avec le festival sont passés à la trappe aussi, rappelle-t-il. On ne sait pas si on sera dans les adieux ou déjà dans les retrouvailles, mais sa présence m’importe beaucoup, et, de toute évidence, à lui aussi. C’est une chance inouïe de l’avoir, il n’était disponible que ce soir-là et il doit repartir dès le lendemain pour d’autres engagements. »

Au maximum

Onze concerts seront présentés cette année à l’amphithéâtre Fernand-Lindsay, et cinq dans des églises de la région de Lanaudière – en comparaison, en 2019, il y en avait eu quinze à l’amphithéâtre et huit dans des églises.

« C’est un peu moins, mais en toute objectivité numérique et dans les conditions actuelles, c’est beaucoup ! Nous sommes allés au maximum de ce qui était possible. Comme pour tout festival. »

Renaud Loranger anticipe avec fébrilité le retour du public dans la salle et des artistes sur la scène. « C’était la grande inconnue, mais la réponse est déjà bonne, surtout pour la première semaine. Ce sera très émouvant, je crois », dit celui qui estime que la musique fait partie de ce qui constitue « une bonne vie, bien vécue ».

Rappelant que les protocoles sanitaires sont précis et rodés, que la vaccination est avancée et que « le pire est derrière nous », il encourage ainsi le public à se déplacer à Joliette « sans hésiter », à l’image de ce festival qui a été organisé dans une forme d’urgence.

On a beaucoup été dans l’instant, et c’est tant mieux au fond. Et j’invite tout le monde à faire ça, à être dans l’instant.

Renaud Loranger, directeur artistique du Festival de Lanaudière

Le jeune directeur artistique, qui a été nommé en 2018, a déjà des rêves d’expansion pour l’an prochain. Il espère aussi qu’on ne « perdra pas le fil de l’extérieur » et qu’on pourra rapidement recommencer à recevoir les musiciens d’ailleurs.

« La possibilité d’avoir un carrefour de rencontres, de découvertes, il va falloir que ça revienne. Mais là, on est dans la beauté de l’ici et maintenant. »

Consultez le site du Festival de Lanaudière