Si comme l’a déclaré François Legault, cette année, « l’été va rimer avec petit party », l’album Silicone Villeray, de Robert Robert, pourrait très bien en être la trame sonore.

« J’ai tout fait pour que ce soit approprié pour ça. Si le monde en profite, tant mieux ! », nous dit au téléphone Robert Robert, de son vrai nom Arthur Gaumont-Marchand.

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Silicone Villeray a été lancé à la veille de la saison estivale. Qui plus est, beau hasard, le jour où le couvre-feu a été levé. « C’est un hasard qui me convient très bien ! L’album, il a des thèmes de liberté, quand j’y pense. »

Et il comporte des chansons écrites bien avant la pandémie, mais qui semblent avoir été créées pour accompagner cette période de déconfinement qui commence.

« Les gens qui font la fête / Sans se casser la tête / Les gens qui font la fête / Faites de la place pour eux », chante-t-il dans Les gens.

0:00
 
0:00
 

« Ce n’était pas censé être une toune touchante. Mais c’est passé d’un album qui parlait d’un moment présent à un album qui est une ode à quelque chose qui n’existe plus. Ça a rajouté de la mélancolie à des chansons qui n’en avaient pas. »

Changer de voie

Robert Robert avait 15 ans quand il a commencé à faire de la musique électronique et il a roulé sa bosse comme DJ et compositeur pendant 10 ans, sa réputation dépassant de loin les frontières du Québec. Mais il sentait de plus en plus le besoin de « raconter des histoires », et après de nombreux essais, il a constaté que ce médium ne répondait pas à ses besoins.

À 25 ans, ce premier album de 11 chansons en français marque donc un vrai tournant pour lui « en tant que personne qui fait de la musique ». Et le confinement est arrivé comme une coupure naturelle avec son ancienne vie – il a d’ailleurs lancé en juillet 2020 un album de « musique de dance floor », une manière pour lui de fermer ce chapitre de sa vie et d’explorer autre chose.

Ça m’a fait du bien de voir ce qui se passe chez moi quand je n’ai pas de distraction, ce que je suis, ce que je veux faire. Ça me manque de revivre ces frénésies, mais je ne suis pas déçu de l’expérience d’introspection.

Robert Robert

Le gars de club s’est ainsi transformé en auteur-compositeur-interprète. Pour y arriver, il a travaillé fort, écrit et réécrit ses textes pour qu’ils sonnent exactement comme il le voulait.

« Je me suis dit tu sais comment tu veux que ça feele, tu as juste à le faire et ça va finir par ressembler à ce que tu veux ! »

Le travail de quelqu’un comme CRi, lui aussi compositeur de musique électronique, l’a inspiré. Il avait d’ailleurs écrit une chanson sur son excellent album Juvenile. « C’était la première fois que je faisais juste me concentrer sur les paroles et la voix. C’est un musicien talentueux, déterminé, il m’a inspiré à pousser ce côté en moi aussi. »

CRi fait d’ailleurs partie des producteurs qui ont collaboré à Silicone Villeray, avec Benoit Parent, Félix Petit et Hubert Lenoir, qui a ajouté entre autres sa touche magique sur la bombe La nuit se plaindre. Qu’est-ce qu’ils lui ont apporté ?

0:00
 
0:00
 

« Moi, je compose sur mon laptop, comme d’autres le font sur un piano ou sur une guitare. Je suis toujours seul avec mes écouteurs. Travailler avec d’autres me permet de prendre un pas de recul parce qu’ils ont des perceptions que je n’ai pas, de me concentrer sur l’objectif final de la chanson et sur ce que je veux que les gens ressentent en l’écoutant. »

Et ce qu’il veut c’est qu’on s’y sente bien, être léger et surtout pas défaitiste, le tout avec une pointe d’humour – ce qui explique le merveilleux jeu de mots du titre de l’album, ou une chanson comme L’été je m’ennuie, qui a été écrite pendant la pandémie l’été dernier.

0:00
 
0:00
 

« L’humour, ça fait partie beaucoup de comment je pense aux trucs. C’est vraiment dans la façon dont j’aime raconter des histoires. Après, il y a peut-être là-dedans un peu de candeur. »

Mélodies

Avec son redoutable sens de la mélodie et ses refrains hyper accrocheurs, Robert Robert veut aussi se faire source d’énergie positive.

« Quand je cherche des mélodies, je suis satisfait quand je trouve quelque chose qui me fait ressentir cette énergie. J’aime les mélodies catchy, l’élément qui fait que tu te rappelles une chanson. C’est ça qui me drive en musique. »

Et cette énergie, elle peut se ressentir dans la joie comme dans la tristesse, parce qu’« une bonne toune triste dans un moment triste va le transformer en moment beau », estime-t-il.

Une bonne chanson, peu importe le thème, va transmettre l’énergie de ce thème. C’est dur de transformer la journée de quelqu’un avec autre chose que de la musique. Pour moi, choisir de marcher pour aller quelque part avec une chanson ou une autre va tout changer.

Robert Robert

A-t-il donc envie de modifier le cours de nos journées ? « D’offrir des options ! »

Robert Robert est en train de répéter pour présenter ses chansons sur scène à l’été, ne pense pas retourner faire des sets de DJ dans les clubs, sauf pour quelques occasions spéciales, et a envie de faire d’autres albums très vite. « Oui, full ! » Et que souhaite-t-il à Silicone Villeray ?

« Je souhaite qu’il trouve son chemin vers des personnes qui vont en tirer quelque chose de positif. On a mis du temps dedans, beaucoup d’émotion et de vulnérabilité, j’espère juste qu’il va permettre à quelqu’un quelque part de passer une meilleure journée. »

Et probablement égayer quelques petits partys.

Silicone Villeray

Électro-pop

Silicone Villeray

Robert Robert

Chivi Chivi