L’Opéra de Québec termine sa saison avec une version de concert du Barbier de Séville de Rossini, un jalon du répertoire lyrique. Le spectacle, qui sera dévoilé samedi sur le web, met en vedette le jeune baryton Hugo Laporte dans le rôle-titre.

« J’ai déjà fait le rôle au complet à Chicoutimi en 2016. C’était une version en français qui date du temps de Rossini. Les récitatifs étaient remplacés par les dialogues de Beaumarchais », se souvient le chanteur originaire de Québec.

L’expérience sera toutefois très différente dans la capitale. Outre la langue – l’opéra est chanté en italien avec surtitres français –, l’absence de mise en scène change beaucoup la donne.

« Lors des répétitions, Jean-François [Lapointe, directeur de l’Opéra] nous dirigeait sur les intentions sur le plan du texte, de la musique, des déplacements, raconte M. Laporte. Il nous donnait des suggestions en s’inspirant de la tradition », qu’il connaît très bien puisqu’il a lui-même chanté le rôle.

« On est engagés dans l’action autant qu’on le serait dans un opéra, ajoute le chanteur. C’est juste qu’il n’y a pas de costumes et de décors. Le mot d’ordre dès le début était : “Allez-y à fond, proposez des choses, essayez.” »

Qu’est-ce que ça signifie pour un baryton de 30 ans de chanter ce rôle ? « Pour Figaro, le gros défi est vraiment dans la musique. C’est à un endroit assez extrême du registre pour un baryton. Il faut être capable de se mettre ça dans la voix, révèle-t-il. Mais le bel canto italien, ça fitte très bien dans ma voix !

La note la plus haute pour un baryton, c’est habituellement un sol. Et Figaro, des sol, il en a dans chaque scène, à répétition, et tenus ! C’est aussi exigeant en ce qui concerne la vélocité du chant. Il faut être capable – comme les autres rôles – de chanter des vocalises assez rapides, de prononcer les mots très vite. Il faut avoir la langue très dégourdie.

Hugo Laporte

« C’est un avantage de le faire maintenant. Je suis jeune, j’ai de l’endurance et ma technique est encore solide. C’est un rôle qui va me suivre longtemps », assure le chanteur, qui a été de nombreuses productions depuis sa victoire au Concours OSM Manuvie en 2014.

La truculence du personnage donne aussi beaucoup de marge de manœuvre à l’interprète en matière de jeu. « C’est un rôle très flexible, on peut l’interpréter de toutes sortes de manières. Les phrases ont souvent plusieurs niveaux. Le second niveau laisse beaucoup de place pour l’interprétation, surtout dans les récitatifs », affirme le baryton.

Un grand classique

Des modèles en matière d’interprètes ? « J’aime beaucoup Leo Nucci, parce qu’il chante avec ses tripes. Ce rôle est comme une seconde nature pour lui. C’est quelque chose ! », s’émerveille le jeune chanteur. « Sur le plan vocal, le plus beau et le plus impressionnant, c’est Thomas Allen. C’est lui qui fait le plus impressionnant Largo al factotum », l’air célébrissime qui est chanté au premier acte de l’opéra.

La dernière production de cette œuvre à l’Opéra de Québec remonte à il y a à peine quatre ans.

Je l’avais vue, c’était vraiment le fun ! Les décors étaient superbes ! Armando [Noguero, titulaire du rôle-titre] était bon, il était très drôle !

Hugo Laporte

Cette fois-ci, c’est Jean-Michel Malouf, qui avait d’ailleurs dirigé M. Laporte dans Werther en 2018 sur la même scène, qui dirige l’Orchestre symphonique de Québec. La mezzo-soprano Sarah Bissonnette, qu’on a pu entendre lors du gala de la Saint-Valentin de l’Opéra de Québec, se mettra dans la peau de Rosina, le principal rôle féminin.

Les autres rôles seront tenus par le ténor Andrew Haji (comte Almaviva), la basse Alain Coulombe (Basilio), les barytons Doug MacNaughton (Bartolo) et William Desbiens (Fiorello) et la soprano Chantal Parent (Berta). Vu l’absence de mise en scène, le comédien Bertrand Alain assurera la narration.

La représentation, gratuite, sera accessible samedi dès 15 h sur la chaîne YouTube et le site web de l’Opéra de Québec et restera disponible pendant un certain temps. Les mélomanes sont également invités à faire un don à l’organisme.