Le blues du désert se décline en bien des sonorités, mais prend une tangente très rock chez Mdou Moctar, musicien touareg du Niger. Il a plus d’affinité avec son compatriote Bombino et les jeunes rockeurs d’Imarhan qu’avec Tinariwen ou, à plus forte raison, Ali Farka Touré.

Sa six-cordes grince dès les premières mesures de Chismiten, morceau qui ouvre le disque. Elle s’emporte ensuite dans ce mouvement répétitif caractéristique, que Tinariwen a rendu quasi hypnotique, mais que Mdou Moctar déchire de solos de rockstar !

Mdou Moctar crée de puissantes vagues et ne se gêne pas pour user d’effets sonores qui enracinent autant ses mélodies qu’ils rendent ses atmosphères flottantes (Taliat, entre autres). Et même quand il baisse le volume, laissant davantage de place aux chœurs et aux rythmes, déployés sur plusieurs timbres et niveaux, il ne perd jamais ce je ne sais quoi de fougueux qui le distingue.

Il n’y a aucun doute que les admirateurs d’Imarhan doivent mettre l’oreille sur Afrique victime, album emballant et combattif comme quatre. Ce disque a aussi ce qu’il faut pour épater les oreilles des fans des Black Keys (dont les guitares grincent fort sur Delta Kream, récent disque du groupe), mais aussi de ceux qui s’intéressent au folk d’Afrique de l’Ouest, dont on reconnaît aussi des traits dans un morceau comme Tala Tannam.

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Afrique victime

Blues touareg

Afrique victime

Mdou Moctar

Matador

8/10