Avec un premier album concept ambitieux sorti tout droit des années 1970, une imagination débridée et des chansons qui parlent d’amour, Lumière insuffle une bonne dose de folie douce dans le monde. Un artiste multiple à découvrir.

Les débuts

Quand Étienne Côté a quitté son Saint-Antoine-de-Tilly natal pour Montréal au début de la vingtaine, c’était pour étudier en percussion classique à l’Université de Montréal. « Ce n’était pas pantoute pour venir jouer dans un groupe. Un jour, j’ai reçu un téléphone de mon ami Antoine qui était contrebassiste dans Canailles, il m’a dit qu’ils se cherchaient un drummer. C’est comme ça que ça a commencé, ç’a été mon premier band. J’ai été chanceux, on a fait plein de super tournées. » Étienne Côté est depuis devenu un musicien accompagnateur très prisé, tout en faisant partie de Canailles, qui s’est séparé en mars, et de Bon Enfant, dont le deuxième album est prévu pour l’automne. Mais est vite né en parallèle le projet Lumière, avec un minialbum lancé en 2016. « J’aime me cacher dans un band, mais j’aime aussi l’idée de performer. » Lumière est donc son alter ego, plus fou, plus libre, qui se costume et se maquille. « Il rayonne, il est transparent, il a le courage de dire des choses difficiles. Il fait plein de choses que j’apprends encore à faire en tant qu’Étienne Côté. »

Album concept

La création d’A. M. I. E. S. A. M. O. U. R. s’est étirée sur au moins quatre ans, et c’est avec le temps qu’il s’est transformé en album concept. « Plus ça allait et plus j’avais envie d’inventer des personnages et une histoire autour des chansons, pour que ça se tienne vraiment. » Quand on lui fait remarquer qu’il est un peu à contre-courant, alors que la plupart des gens écoutent des chansons à l’unité, il rappelle que « l’album a été fait en 1971 », à l’époque où on écoutait des albums au complet, et où la musique était fabriquée « dans de grands studios avec de gros bands ». Avec Alexandre Martel (Anatole) à la réalisation, Mathieu-David Gagnon (Flore Laurentienne) aux arrangements, Daphné Brissette et Naomie De Lorimier de Bon Enfant qui interprètent les deux autres personnages de l’album (Briquette et Cristale), et au moins une douzaine de musiciens, c’est justement cette démesure qu’il désirait. « Oui ! J’ai loué un grand studio, invité mes musiciens préférés de toute la ville, et j’ai essayé de faire le meilleur album du monde. »

Thèmes

Pour Étienne Côté, A. M. I. E. S. A. M. O. U. R. est une sorte d’aboutissement, l’album qu’il espérait réussir à faire avant l’âge de 30 ans – c’est justement l’âge qu’il a. « Ce sont des thématiques auxquelles je pensais depuis toujours. Cet album parle de relations, d’amitié et d’amour, de notre rapport aux autres dans ce que ça a de plus complexe et de plus simple. Des fois, les émotions sont dures à gérer. C’est personnel parce que je vis ça, mais dans le fond, c’est universel ! » Même en temps de pandémie alors que les contacts sociaux sont réduits au minimum, l’enjeu reste le même, estime-t-il. « On s’écrit, on pense aux autres, on se demande ce qu’ils pensent de nous. Il y a des chansons qui parlent de ça aussi, de la peur des autres. Mais c’est surtout un album sur l’idéalisation de l’amour et la quête du bonheur à travers la recherche de l’âme sœur. »

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Durée

Les 10 chansons qui figurent sur l’album s’apprécient très bien même si on n’a pas lu la trame qui se cache derrière : les mélodies sont fortes, l’univers séduisant, les arrangements riches. Mais en donnant à l’ensemble une couche de profondeur, Étienne Côté espère aussi étirer sa durée de vie. « On parle de décroissance… J’aimerais qu’on l’écoute encore dans 15 ans, qu’il y ait encore de la matière à découvrir dedans. » Il espère pouvoir emmener son album sur scène bientôt, et ce sera certainement fascinant de le voir chanter et jouer de la batterie en même temps – une aptitude qui est quand même rare. « Je l’ai fait beaucoup avec Canailles et Bon Enfant, c’est vraiment un cool feeling ! Encore plus quand tu mènes ton propre groupe. Le drum, c’est la vérité au niveau du rythme. Puis sur le top, il y a la voix. Et là, tu fais les deux, le plus aérien et le plus carré, c’est la meilleure affaire ! En préprod, j’ai capoté ben raide. » Il rêve aussi de créer un opéra rock d’ici trois ans, mais pour l’instant, après un album « aussi dense », il aimerait bien faire un album folk guitare-voix. « J’ai envie de travailler seul, pour ne pas devoir attendre après les autres. Mais regarde-moi bien aller, j’ai de la misère avec ça, j’ai tout le temps tendance à m’entourer et ça finit par être la grosse affaire… »

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IMAGE TIRÉE DE BANDCAMP

A. M. I. E. S. A. M. O. U. R., de Lumière

Folk pop
Lumière
A. M. I. E. S. A. M. O. U. R.
Bonsound