On ne peut pas dire que Paul Kunigis soit un homme pressé. Depuis Exodus (2006), il laisse facilement passer six ans entre chacun de ses nouveaux disques. L’attente est amplement récompensée : Yallah est sa meilleure collection de nouvelles chansons depuis l’excellent Balagane, paru sous le nom de Jeszcze Raz, il y a presque 20 ans.

Le chanteur et musicien aux racines multiples – né en Pologne, il a grandi dans une ville israélienne à majorité arabe – ne se réinvente pas sur ce sixième album. Et c’est très bien ainsi. Il arpente avec la même assurance tranquille les espaces musicaux qu’il sait si bien faire swinguer ou pleurer : jazz manouche, folk tzigane, sonorités klezmer et mélopées arabisantes.

C’est un joyeux mélange, mais c’est rarement joyeux. Paul Kunigis a un penchant pour la mélancolie, accentué par son chant traînant parfois proche du murmure. Et s’il évoque la lutte contre la tyrannie et le destin tragique de ceux qui cherchent l’espoir en traversant la Méditerranée au péril de leur vie, c’est surtout de la tendresse et du romantisme qu’il dégage.

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On le retrouve une fois de plus bien entouré : François Lalonde (batterie et percussions, entre autres), Yves Desrosiers (guitares, etc.), Marie-Soleil Bélanger (violon), Nathalie Cora (kora), Jacques Kuba-Séguin (trompette) et bien d’autres habiles musiciens, qui se fondent avec doigté dans cet univers. Agnès Gruda, autrice et journaliste à La Presse, signe quatre textes sur ce très beau disque.

IMAGE FOURNIE PAR SIGINUK

Yallah, de Paul Kunigis

Chanson
Yallah
Paul Kunigis
Siginuk
Quatre étoiles