Autrice-compositrice-interprète, productrice et maintenant réalisatrice, Andréanne A. Malette continue de mener sa barque comme elle l’entend et lance vendredi Sitka, troisième album intime inspiré d’un voyage régénérateur en Alaska.

L’année de ses 30 ans, il y a deux ans, Andréanne A. Malette est partie toute seule en Alaska. « J’utilise souvent le mot pèlerinage, mais c’était vraiment ça », nous dit-elle au téléphone, de cette même voix douce et chaleureuse que sur ses chansons folk qui s’incrustent dans nos oreilles depuis près de 10 ans – Fou, Ici et ailleurs, L’autre rive.

Un pèlerinage, oui, mais vers elle. Quand on écoute les 10 chansons qui forment Sitka, c’est l’impression qui nous vient en tête : il n’est pas toujours facile, le chemin pour devenir une femme libre. Andréanne A. Malette est d’accord, et c’était justement le but de son voyage.

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« À 30 ans, ça vaut la peine de s’arrêter pour réfléchir et faire le point. Décider de ce qu’on veut laisser derrière, mettre ses limites, prendre possession de ses moyens, réfléchir à où on veut aller. Dire voici ce que je suis et, si ça ne passe pas, ça cassera. L’album est le sceau de cette réflexion. »

Le résultat de ce grand délestage est certainement un album plus intime, auquel il donne une teinte plus sombre aussi. Et elle en est bien consciente.

« Je ne te cacherai pas que ça n’a pas été les années les plus faciles de ma vie. Mais ça fitte avec ce que je voulais faire. L’album n’est pas trop plage turquoise du Sud, c’est plus nordique, froid, il y a une introspection même dans le visuel. Ça allait de soi qu’on irait plus dans ce sens. »

Et aujourd’hui, comment va-t-elle ? « Bien. Justement, c’est un pèlerinage ! », répond celle pour qui l’écriture a toujours été un exutoire pour « faire sortir le méchant ». « Et il y en a peut-être plus que dans les autres albums, en effet. »

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Mais Sitka n’est pas que sombre, et la chanteuse tenait à lui infuser de la lumière et une pointe d’espoir, par exemple dans Alaska — « Ça vibre, c’est une grande respiration qui fait du bien ». Et même si d’autres chansons plongent davantage « dans la noirceur de la patente », elle croit que Sitka peut bien accompagner les gens qui l’écoutent en temps de pandémie.

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« J’ose penser que, dans cette période difficile, je ne suis pas la seule à ne pas me sentir tough. Et moi, quand je ne me sens pas super bien, ce n’est pas d’écouter du reggae et de faire semblant qu’il y a du soleil qui m’aide. C’est d’écouter des affaires qui me parlent, par des artistes qui vivent les mêmes affaires que moi… et de pleurer ma vie ! Cet album, il peut montrer aux gens qu’ils ne sont pas tout seuls. »

Plusieurs rôles

Andréanne A. Malette est sa propre productrice depuis son album précédent, et voilà qu’elle a enfilé en plus le rôle de réalisatrice. Un pas logique, entre autres parce que Sitka a été fabriqué en plein confinement et qu’il était plus simple de travailler avec des gens qu’elle considère comme « sa famille » dans une bulle restreinte.

« Antoine Lachance [guitares, piano, coréalisation], il me suit en tournée depuis trois ans. Avec mon copain qui est drummer (Olivier Savoie-Campeau), on a enregistré chez lui, on dormait là. Le soir, on jouait à des jeux de société… C’était très intime. »

La réalisation allait aussi de soi pour celle qui voulait pousser les chansons « à leur maximum » par rapport à ce qu’elle avait en tête. Une autre manière d’acquérir de la liberté en prenant de plus en plus de choses en main ?

« Totalement. Mais je suis aussi une fille de défis, j’avais vraiment le goût de l’essayer, de comprendre toutes les facettes de mon métier. Et ce n’est pas parce que je porte un chapeau que je vais le garder toute ma vie. »

Ce qui est certain, c’est qu’elle a aimé l’expérience, même si elle a dû apprivoiser ce nouveau rôle dont elle ne maîtrise pas toutes les subtilités… et arbitrer des conflits entre la réalisatrice et la productrice. « C’est comme une personnalité multiple ! »

Andréanne A. Malette se voit toujours comme une autodidacte, mais elle en a fait, du chemin, depuis son passage à Star Académie en 2012, quand on l’a découverte. Elle est fière de son parcours, d’avoir suivi son instinct, de s’être écoutée.

C’est ce qui m’a menée à aujourd’hui. Des intuitions, de me dire : j’essaie ça toute seule et il arrivera ce qui arrivera. Et finalement, il est arrivé de super belles affaires.

Andréanne A. Malette

C’est dans cet état d’esprit qu’elle lance vendredi son album malgré la pandémie, alors qu’on n’a aucune idée du moment où les salles de spectacle rouvriront.

« Je me suis dit : sors-le et aie confiance. Évidemment que j’aimerais faire des spectacles, mais je suis très créative dans la vie, je suis zéro inquiète, et plus on me met des barrières, plus je trouve une façon d’être libre. »

IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON DE DISQUES

Sitka

Au pire, ajoute-t-elle, ce sera son « album pandémie », dont la portée sera peut-être moins grande. Mais il « fallait qu’il sorte », tellement que c’est à peine si l’idée d’en retarder la sortie lui a effleuré l’esprit.

« S’il y a quelque chose que j’haïs dans la vie, et c’est une des raisons pour lesquelles je suis partie à mon compte, c’est attendre sans savoir jusqu’à quand. J’ai besoin d’un plan de match. On ne sait pas ce qui s’en vient au printemps ni à l’automne, alors on ne prévoit pas, on le fait et on reste dans l’action. » C’est ce qu’on appelle tracer son chemin.

Folk-pop. Andréanne A. Malette. Sitka. Les productions NIA. Offert le 29 janvier.