(Paris) Jane Birkin, Calogero, Gims : de la variété à la musique urbaine, les vedettes décalent leurs sorties d’album, preuve que le digital ne fait pas tout quand les points de vente sont fermés en raison du confinement.

C’était un des disques les plus attendus de cette fin d’année, qui plus est produit par Étienne Daho. La nouvelle est tombée mercredi après-midi dans un communiqué du label Barclay : « Suite aux nouvelles mesures de confinement mises en place depuis vendredi dernier » Jane Birkin et son équipe ont « décidé de reporter la sortie de son album Oh ! Pardon tu dormais… initialement prévue le 20 novembre. Une nouvelle date de sortie sera annoncée dès que possible ».

D’autres reports, sine die ou pas, ont déjà été annoncés. L’album Centre ville de Calogero, prévu vendredi, a ainsi également été remis à plus tard.

Les valeurs sûres de la chanson et de la variété ne sont pas les seules concernées. Gros vendeur dans la catégorie musiques urbaines, Gims a communiqué lui-même sur ses réseaux sociaux (2,4 millions d’abonnés sur Instagram).

« Les adversaires peuvent sortir de leurs cachettes, l’album du king, Gims, est reporté à une date ultérieure », a-t-il écrit. Et dans une vidéo, avec casquette et lunettes de soleil : « C’est compliqué de sortir dans ces conditions (avec le confinement), donc je recule pour mieux sauter, on reste positifs, une pensée pour les hôpitaux, les médecins, les bénévoles, les malades. » Le fléau devait également sortir ce vendredi.

Benjamin Biolay a lui été contraint de repousser la réédition (enrichie de cinq inédits) de son dernier album, Grand prix, du 20 novembre au 11 décembre. Il s’est fendu d’un message rageur sur Instagram, dénonçant des « décisions absurdes, ubuesques et orwello kafkaïennes du gouvernement français ». « Nous continuons à mourir dignement comme vous le voyez, Jean Castex », a-t-il encore lancé.

« Perspective des ventes de Noël »

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

AC/DC devait lancer un album le 13 novembre. La date de sortie est maintenue pour l’instant.

D’autres poids lourds, à l’audience internationale, ont maintenu leurs sorties à la date prévue, comme Aya Nakamura et AC/DC (les deux le 13 novembre).

Les reports qui s’enchaînent prouvent qu’à l’heure du digital, les ventes physiques — CD et vinyle — restent importantes à l’approche des fêtes de fin d’année. « Les deux derniers mois de l’année représentent en moyenne un tiers à 40 % des revenus annuels des produits physiques », explique à l’AFP Alexandre Lasch, directeur général du Snep (syndicat national de l’édition phonographique).

« Surtout, c’est une période au cours de laquelle les revenus du CD et du vinyle restent assez largement supérieurs à ceux du streaming, 7,5 points au-dessus l’année dernière », détaille-t-il.

« L’importance du mois de novembre en particulier tient aussi au fait que c’est celui au cours duquel toute la mise en place se fait dans la perspective des ventes de Noël », prolonge le responsable, avant de conclure : « Un album vendu sur deux est un cadeau : les ventes de fin d’année sont donc évidemment cruciales ».

Tous pour la musique, association qui fédère les professions de la filière, s’alarme également mercredi dans un communiqué : « L’interdiction des ventes physiques de biens culturels aggrave une situation déjà dramatique, à un moment clé de l’année ».

Le Snep est par ailleurs à l’origine d’une pétition en ligne (sur le site change.org) réclamant la réouverture des petits magasins culturels et des rayons culture de la grande distribution. Plus de 4600 personnes, anonymes ou chanteurs connus, l’avaient signé mercredi après-midi.