Quatre ans après Here, qui a reçu un accueil plutôt mitigé, Alicia Keys présente un septième album qui devrait faire l’unanimité. Parce qu’on y retrouve toute la soul, toute la musicalité et tout le talent brut de l’auteure-compositrice-interprète. Également parce que la chanteuse new-yorkaise parcourt un large éventail de genres sans se perdre et présente un pot-pourri créatif des plus convaincants.

Alicia Keys annonçait cet album comme une œuvre sans genre. Disons plutôt qu’il y a tant de styles différents qu’on ne pourrait en isoler un pour décrire ce septième opus en carrière. Lorsqu’un artiste explore toutes sortes d’avenues musicales dans la même parution, la ligne est fine entre une exploration réussie et le pur chaos. Keys, appuyée par des collaborateurs sur la moitié des chansons, fait partie de ceux qui ont su garder une direction assez claire pour que la cohésion prime.

On se maintient dans les eaux dans lesquelles Alicia Keys est la plus à l’aise et efficace, soit des rythmes lents, plus ou moins soul au fil de l’album, mais toujours veloutés. Dans cette constante douceur, il n’y a pas de lourdeur, Alicia est un album lumineux, qui fait du bien.

IMAGE FOURNIE PAR RCA

Alicia, d’Alicia Keys

Tout débute avec la pièce néo-soul Truth Without Love, suivie de Time Machine, ultra-funk. Authors of Forever aborde joliment l’expérience humaine sur une musique empruntée aux années 80.

On amorce ensuite un virage complètement reggae sur Wasted Energy, groovy, avec le chanteur tanzanien Diamond Patnumz. Suit Underdog, hymne pour les laissés-pour-compte, coécrit avec Ed Sheeran, qui y laisse indéniablement sa signature distincte.

Un autre Britannique, Sampha, prête quant à lui sa voix à 3 Hour Drive, chanson d’amour comme Alicia Keys les fait si bien. Plus tard, la sensuelle Show Me Love, avec Miguel, réintroduit le R & B qui a fait de Keys la reine du genre.

So Done est une chanson d’émancipation, à deux voix superposées, celles d’Alicia Keys et de Khalid, fusion tombée du ciel. Parlant de voix, sur la pièce aux airs gospel Gramercy Park, enfin, celle d’Alicia Keys monte un peu (juste un peu) en intensité – elle se lâchera (et encore) sur Perfect Way to Die.

L’instrument de prédilection de la chanteuse, le piano, mène le tempo sur la plus pop, Love Looks Better. Mais c’est sur la pièce piano-voix You Save Me (avec la Suédoise Snoh Aalegra) qu’il est finalement mis en vedette. Il sera de retour sur Perfect Way to Die, tout à fait splendide, qui fait écho au mouvement Black Lives Matter. « Maman n’aurait jamais cru recevoir un appel du coroner. Il lui dit que son fils a été tué par balle », chante-t-elle.

Extrait d’Underdog, d’Alicia Keys

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Alicia Keys perpétue sur ce nouvel album son engagement social, et plusieurs de ses chansons transmettent un message d’espoir. Sur Good Job, elle chante un hommage « aux mères, aux pères, aux professeurs, aux amis ».

Mention spéciale pour la pochette de l’album, visuellement épurée et franchement très belle. On y voit la chanteuse de face, de dos, et chacun de ses profils. Toutes les facettes d’elle-même. Avec cet opus homonyme, Alicia Keys se présente de nouveau, réexplique qui elle est devenue, depuis son premier album, Songs in A Minor, paru en 2001. Enchantés, Alicia.

★★★★

R & B-soul/pop. Alicia, d’Alicia Keys, RCA.