Il y a de ces artistes dont le talent vous saute au visage dès que vous rencontrez leur œuvre. Leur adresse est indéniable. Leurs créations sont sublimes. Jonathan Personne, de son vrai nom Jonathan Robert, est de ceux-là. Avec Disparitions, son deuxième album solo, le musicien offre un rock emprunté au western et reformulé, mesuré et grandiose, planant et exaltant, le sceau d’un grand talent.

Disparitions est superbe. Du début à la fin. Après un premier album solo, Histoire naturelle, Jonathan Personne confirme avec Disparitions qu’il est quelqu’un. Un artiste que l’on se doit de connaître. Bien que son nom sonne comme un vœu d’humilité, Personne mérite des louanges.

Déjà l’automne dernier, son groupe, Corridor, faisait paraître le fabuleux opus Junior. De Corridor, on retrouve sur cet effort solo les étages de guitares, la répétition des riffs. Il y a aussi la voix vaporeuse de Jonathan, Robert ou Personne, selon l’album, qui est cette fois seule et que l’on distingue mieux. Au-delà de cela, on prend le chemin d’un autre charmant univers, un peu plus accessible.

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La voix est aérienne, mais limpide. Elle prononce de très belles paroles en français sur lesquelles on ne semble pas vouloir mettre trop de lumière (sauf peut-être sur Grand soleil, où on lève le voile qui la recouvre et où la musique se fait discrète). Cette voix est moins l’outil pour transmettre les mots qu’un instrument au service de la planante mélodie. Plutôt que de se juxtaposer aux autres instruments, elle s’allie gracieusement avec les guitares (qui s’empilent, mais sans faire fouillis) et les lents tempos de la batterie.

Jonathan Personne fait de la poésie avec les accords. Disparitions est bourré de douces mélodies mélancoliques. L’alliage des notes est fait avec dextérité, joliment joué. La réalisation d’Emmanuel Éthier et la prise de son de Guillaume Chiasson ne sont certainement pas pour rien dans la qualité de ce bijou.

Jonathan Personne cite Ennio Morricone comme inspiration. L’influence de ce grand compositeur est bien présente dans ce projet. Ce qui ne veut pas dire qu’on assiste à un vulgaire pastiche. Mentionnons ici la magnifique pièce-titre, une des plus belles de l’album, où l’on discerne cette empreinte western spaghetti de manière limpide, par ses guitares, sa mélodie (toujours la mélodie) et ses somptueuses cordes.

Sur l’entraînante Springsteen, on laisse place à la guitare électrique, qui se hisse à l’occasion au-dessus des autres instruments pour des solos à la fois discrets et exaltants. Les quelques envolées de l’album sont d’ailleurs toutes envoûtantes. Comme sur la pièce qui le conclut, Évidemment, où les cordes se permettent une exquise montée dramatique.

Cet album s’écoute comme un tout et rien ne vient causer de dissonance, l’ensemble est harmonieux, cohérent. Une réussite.

IMAGE FOURNIE PAR MICHEL RECORDS

Disparitions, de Jonathan Personne

Jonathan Personne
Disparitions
Michel Records
★★★★