(Bruxelles) Au fil des ans, le concours de l’Eurovision s’est avéré un signe des temps. Il est donc à propos qu’en pleine pandémie, le concours n’ait pas lieu comme il était prévu ce samedi, à Rotterdam.

En 1974, c’est ABBA qui a lancé une nouvelle ère pour le concours plutôt conservateur jusque-là. En 2020, c’est l’année d’un autre acronyme, COVID-19. Tout le monde espère que le règne de ce dernier sera bref.

Malgré l’annulation du concours immensément populaire et Europe et ailleurs dans le monde, la soirée de samedi mettra un baume sur les plaies de certains de ses partisans, avec un spectacle télévisé à distance qui rassemblera plus de 40 participants qui voulaient tenter d’obtenir une victoire qui aurait changé le cours de leur carrière.

« Nous sommes 41 personnes qui participeront à l’Eurovision qui n’aura jamais existé au final », a déclaré le participant britannique, James Newman.

L’expert belge de la compétition Peter Van de Veire est particulièrement désolé pour l’Islandais Dadi Freyr et son succès dance Think About Things.

« L’Islande avait une chanson qui aurait pu gagner. Possiblement un succès mondial. Ce n’est probablement plus le cas », a-t-il dit.

La satisfaction se trouve maintenant du côté de l’internet, où Freyr reçoit beaucoup d’attention.

« Je ne m’attendais jamais à ça. Sur TikTok, plus de 44 000 vidéos utilisent la chanson », a raconté l’artiste.

Il y a près de 50 ans, ABBA a transformé la compétition, qui stagnait dans des ballades sirupeuses et dépassées. Waterloo s’est avéré une cuisante défaite pour la compétition et a lancé la carrière internationale du quatuor suédois.

La chanson a aussi permis aux artistes de croire qu’à l’Eurovision, tout est possible.

Et ça l’est. Si la compétition est devenue un vecteur important du kitsch, c’est parce que tout y est permis. L’expression « plaisir coupable » a peut-être été inventée pour l’Eurovision.

De nos jours, plus de 200 millions de téléspectateurs regardent la grande finale.

Le concours est devenu bien plus qu’une occasion de défiler des costumes tape-à-l’œil cependant. Il est devenu un symbole pour les droits à une sexualité diversifiée et parfois, un puisard politique.

L’Eurovision bénéficie d’une grande popularité dans la population gaie, surtout depuis la victoire de la transsexuelle israélienne Dana International, en 1998. Mais il a aussi sa part de critique, jamais autant qu’envers la drag queen barbue Conchita Würst, de l’Autriche, gagnante en 2014.

« Il y a plusieurs artistes extravertis et des personnages colorés qui sont inscrits à la compétition et qui ont été adoptés par la communauté LGBT. Mais il est encore plus important que des personnes comme Dana International et Conchita Würst eurent pu lancer de tels messages », a déclaré Van de Veire.