Intelligence du texte et de la musique, rigueur, talent, doute : ce sont les mots qui sont revenus le plus souvent dans la bouche des personnes à qui nous avons parlé mardi pour décrire Renée Claude. Voici ce qu’ils et elles ont dit.

Monique Giroux, animatrice

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Monique Giroux

« C’était une orfèvre de l’interprétation et elle donnait à son art une rigueur athlétique. Je me souviens de ce que me disait le pianiste Philippe Noireaut, qui l’a beaucoup accompagnée sur scène. À la fin d’un après-midi de répétition, alors qu’il pensait que c’était terminé, ça commençait pour vrai… Avant, ça n’avait été que la répétition de la répétition ! » L’animatrice se souvient aussi de l’humour de celle qui fut son amie très proche, mais aussi de ses doutes. « Elle avait un grand respect pour l’Art et l’Auditoire, et était toujours effrayée de ne pas être à la hauteur. Elle ne s’est jamais assise sur son expérience ni sur sa notoriété. »

Stéphane Venne, auteur-compositeur

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Stéphane Venne

Stéphane Venne a travaillé étroitement avec Renée Claude pendant les années 60 et 70 et a créé avec elle certaines des plus belles chansons du répertoire québécois. Pour lui, la chanteuse avait une intelligence autant du texte que de la musique. « C’était une créatrice d’interprétation. Elle savait quelle inflexion vocale utiliser pour produire une émotion. C’était la fusion totale, comme H2O. C’est pareil pour une chanson. » Son grand registre — « Je m’amusais à lui écrire des chansons pas chantables, parce qu’elle était capable » —, sa capacité « d’extérioriser son intériorité », son personnage public — « son look faisait partie de son œuvre » — ont fait d’elle une interprète parfaite, dit celui qui croit qu’elle n’est pas assez célébrée aujourd’hui. « On a de la misère avec ça au Québec. Oublier Claude Léveillée, oublier Renée Claude, c’est comme les Français qui oublieraient Trenet, comme les Américains qui oublieraient Armstrong. »

Louise Forestier, chanteuse

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Louise Forestier

« Je me souviens de sa rigueur et de son travail acharné. Rien ne lui était donné avec facilité. Elle avait du talent, mais elle ne se faisait pas confiance, doutait de tout et était très angoissée. La scène est le seul endroit où elle avait l’air complètement heureuse », dit Louise Forestier, qui a côtoyé Renée Claude professionnellement, mais qui a aussi été son amie et sa voisine pendant plusieurs décennies. « On parlait de c’était quoi, vieillir, quand on est une chanteuse… » Pour elle, Renée Claude fait partie d’un « trio gagnant » avec Monique Leyrac et Pauline Julien, qui a contribué à faire connaître autant Gilles Vigneault et Claude Léveillée que Stéphane Venne et François Dompierre. « Ils ont été connus à travers leurs interprètes. À l’époque, c’était indissociable. »

  • François Legault a offert ses condoléances aux proches de Renée Claude, « une chanteuse de grand talent qui a marqué toute une époque ».

    CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE TWITTER DE FRANÇOIS LEGAULT

    François Legault a offert ses condoléances aux proches de Renée Claude, « une chanteuse de grand talent qui a marqué toute une époque ».

  • La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a salué « une des plus grandes interprètes de l’histoire du Québec » et souligné l’influence de Renée Claude sur les femmes en chanson.

    CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE TWITTER DE VALÉRIE PLANTE

    La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a salué « une des plus grandes interprètes de l’histoire du Québec » et souligné l’influence de Renée Claude sur les femmes en chanson.

  • Le chroniqueur et producteur Stéphane Laporte a souhaité ses condoléances à tout le Québec et souligné la « grandeur du cœur » de Renée Claude.

    CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE TWITTER DE STÉPHANE LAPORTE

    Le chroniqueur et producteur Stéphane Laporte a souhaité ses condoléances à tout le Québec et souligné la « grandeur du cœur » de Renée Claude.

  • Se disant atterré, l’humoriste et homme de radio François Pérusse a décrit Renée Claude comme le « symbole de tout ce qui rassure », la « voix qui [l’]accompagne depuis la tendre enfance ».

    CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE TWITTER DE FRANÇOIS PÉRUSSE

    Se disant atterré, l’humoriste et homme de radio François Pérusse a décrit Renée Claude comme le « symbole de tout ce qui rassure », la « voix qui [l’]accompagne depuis la tendre enfance ».

  • La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a parlé d’une « grande et belle voix qui aura marqué notre culture ».

    CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE TWITTER DE NATHALIE ROY

    La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a parlé d’une « grande et belle voix qui aura marqué notre culture ».

  • « Nous ne vous oublierons jamais et continuerons à nous souvenir et vous écouter », a écrit le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau.

    CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE TWITTER DE PIERRE KARL PÉLADEAU

    « Nous ne vous oublierons jamais et continuerons à nous souvenir et vous écouter », a écrit le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau.

  • « Grand repos si mérité à LA reine d’entre toutes », a tweeté Ariane Moffatt.

    CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE TWITTER D’ARIANE MOFFATT

    « Grand repos si mérité à LA reine d’entre toutes », a tweeté Ariane Moffatt.

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Clémence DesRochers, autrice et monologuiste

PHOTO JESSICA GARNEAU, FOURNIER PAR SPECTRE MEDIA

Clémence DesRochers

« Renée disparue, après Monique Leyrac et Pauline Julien, toute une époque de la chanson au Québec est révolue », dit Clémence DesRochers, qui aura été une des plus vieilles amies de la chanteuse. « Elle faisait partie de ces chanteuses d’exception, pour qui le texte est très important. Elle savait rendre le sens de chaque mot. » Au début des années 1980, Renée Claude a donné un spectacle intitulé Moi c’est Clémence que j’aime le mieux, un clin d’œil au vieux tube de son amie Clémence, Le monde aime mieux Mireille Mathieu. « Ça m’avait flattée de l’entendre chanter mes chansons. Elle les interprétait tellement bien ! J’ai de la peine aussi, car je perds une amie précieuse. Et une fille avec qui je me suis follement amusée, lors de soirées épiques avec Luc Plamondon, entre autres. Renée était une bonne vivante. »

Isabelle Boulay, chanteuse

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Isabelle Boulay

« C’est Renée Claude qui a réussi le mieux l’alliance entre la chanson réaliste et la pop de très grande qualité. Elle avait pratiquement une démarche d’auteure », dit Isabelle Boulay, qui admirait sa classe et sa beauté, et qui a toujours été troublée par la voix de la chanteuse. « Elle avait quelque chose d’à la fois autoritaire et sulfureux, c’était très sensuel. Il y a un pouvoir d’attraction dans sa voix, c’est une voix séduisante, qui a de la tenue et qui est capable de dompter des chevaux. » Pour Isabelle Boulay, le parcours de Renée Claude est celui d’une interprète exigeante, et elle aime qu’elle soit revenue vers la chanson réaliste dans les années 80 et 90, avec ses hommages à Clémence, Brassens et Ferré. « Elle a vécu avec les tenants et aboutissants de ce répertoire et a toujours été heureuse de se mettre au service des chansons. »

Luce Dufault, chanteuse

PHOTO FRANCOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Luce Dufault

La chanteuse a tout de suite accepté lorsqu’on lui a demandé de participer à l’hommage à Renée Claude l’an dernier. « Quand j’ai plongé dans Je recommence à vivre, la chanson que je devais chanter, ça m’est rentré dedans. C’est lourd de sens, sa façon de chanter. En l’écoutant, on sent l’empreinte. » Pour Luce Dufault, Renée Claude reste une des interprètes majeures du Québec, et la chanter a été pour elle autant un honneur qu’un stress, un « cadeau immense ». « Elle avait une façon d’aborder les chansons, on avait l’impression que c’est elle qui les avait écrites. Elle faisait vraiment partie de leur création. Cette génération de chanteuses avait vraiment une façon de mettre les textes au monde. »

François Dompierre, compositeur

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

François Dompierre

François Dompierre a écrit un album complet pour Renée Claude avec Stéphane Venne au milieu des années 60, et l’a accompagnée sur scène pendant des années. « Renée était très rigoureuse et avait du métier, mais j’ai le souvenir d’une femme vive et joyeuse, qui aimait rire. Elle aimait beaucoup la scène et ne pouvait pas envisager de faire autre chose. » Pour lui, Renée Claude était une chanteuse autant à voix qu’à texte, qui savait faire passer les émotions tant par la projection de sa voix que par la justesse de son ton. « Le texte passait avant tout, pour elle c’était sérieux, et même quand elle a fait de la pop, cet aspect-là n’était jamais très loin. »

Marie-Élaine Thibert, chanteuse

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Élaine Thibert

Comme Luce Dufault, Marie-Élaine Thibert a fait partie de l’hommage à Renée Claude l’an dernier. « J’ai grandi avec ses chansons et comme le Québec en entier, elle est dans mon cœur. Je ne pouvais pas ne pas le faire », dit celle qui a aussi travaillé avec Stéphane Venne pour son premier album. « La force de Renée Claude, c’est que ça avait l’air si facile de chanter. Alors qu’elle avait des sacrées tounes, je peux le dire, du Stéphane Venne, c’est des gros défis vocaux ! Elle avait un grand registre et une technique vocale très classique, ce qui fait que ça coulait même quand elle allait très haut. »

André Ducharme, journaliste

« Tu entrais sur scène et, d’un coup, le monde semblait moins vulgaire ; ton économie de gestes était un art, ton sourire, un puissant attractif, a écrit sur Facebook le journaliste André Ducharme, ami de très longue date de la chanteuse. Ta voix, c’était du caramel chaud, une écharpe en cachemire, une mer calme. Non seulement tu me tenais par les oreilles, mais aussi par les yeux, car tu étais d’une beauté fracassante. Tu as été mon idole, tu es devenue mon amie. Tu m’as fait beaucoup d’effet en chantant, tu m’en as fait tout autant en ne chantant pas. Adieu, Renée ; que les oiseaux te montrent le chemin du ciel ! »

— Avec la collaboration de Luc Boulanger, La Presse