(Berlin) Le cofondateur du groupe pionnier de la musique électronique Kraftwerk, l’Allemand Florian Schneider-Esleben, est mort à l’âge de 73 ans des suites d’un cancer, a annoncé mercredi à l’AFP l’un des agents du groupe.

« Florian Schneider est décédé d’un cancer fulgurant, quelques jours seulement après son 73e anniversaire », a indiqué à l’AFP Alexandra Greenberg, citant des propos de l’autre fondateur de Kraftwerk, Ralf Hütter.

La collaboration entre les deux musiciens avait débuté en 1968 avant qu’ils ne fondent deux ans plus tard à Düsseldorf, ville de l’ouest de l’Allemagne, Kraftwerk.

Né dans la Ruhr industrielle, ce groupe entendait développer une musique typiquement allemande, mariant leur langue maternelle aux sons des grandes villes, à rebours de la pop anglo-saxonne apportée par les troupes d’occupation.

Kraftwerk – qui signifie « centrale électrique » en allemand – avait expliqué vouloir faire de la musique plus comme des machines que comme des humains. Sur scène, ses membres aux costumes identiques mimaient ainsi les gestes automatisés de robots.

Sa musique, alliant basse obsédante, nappes de synthétiseurs et boîte à rythmes, a séduit le public et bon nombre d’artistes, de David Bowie à Daft Punk, et eu une influence sur bon nombre de genres musicaux comme la new wave, la synthpop, le hip-hop, le rock et bien sûr la techno.

La déformation des voix au « vocoder », marque de fabrique du groupe, est devenue un classique.

Leurs paroles, en allemand puis en espagnol, russe, polonais ou japonais, font également d’eux des précurseurs : dès les années 1970, elles tournaient autour de l’omniprésence des machines et du rôle croissant de la technologie dans la vie quotidienne.

« Longue vie à Kraftwerk »

Groupe avant-gardiste et acteur influent de l’art contemporain, Kraftwerk enchaînera les succès mondiaux avec ses titres Autobahn (1974), Radio-Aktivität (1975), Trans Europa Express (1977), Die Mensch-Maschine (1978) ou encore Tour De France (2003).

Dans leur titre phare de 22 minutes, Autobahn (autoroute en allemand), hymne aux autoroutes germaniques devenu un succès mondial, transparaît l’attitude mi-candide mi-critique de Kraftwerk face à la modernité.  

En 1976, Bowie avait déclaré au magazine musical Rolling Stone : « Mon groupe préféré est un groupe allemand appelé Kraftwerk – il joue de la musique bruyante pour “augmenter la productivité”. J’aime cette idée, si vous devez jouer de la musique ».  

David Bowie avait d’ailleurs intitulé son morceau instrumental de Heroes V-2 Schneider d’après Florian Schneider.

Plusieurs artistes ont rendu hommage dans la soirée au musicien, à commencer par l’interprète français de musique électronique Jean-Michel Jarre : « mon cher Florian, ton Autobahn ne s’arrêtera jamais… Le Tour de France ne sera plus jamais le même… », a-t-il tweeté.

Le producteur et DJ italien Giorgio Moroder a de son côté publié sur ce même réseau social une photo de lui aux côtés de l’Allemand, précisant que « l’un de (ses) héros nous avait quitté ».

Nick Rhodes, claviériste du groupe pop rock Duran, a dans un communiqué, a rappelé que « l’influence de Kraftwerk sur la musique contemporaine est profondément ancrée dans le tissu de notre culture pop ».

« Merci pour la musique, l’humour noir et l’inspiration. Longue vie à Kraftwerk ! », a-t-il ajouté.

Florian Schneider quitta le groupe à la fin de l’année 2008. En 2014, il a reçu un Gram Hawarden, récompense décernée chaque année aux États-Unis pour honorer les meilleurs artistes dans le domaine de la musique, pour l’œuvre de leurs vies.