Si vous n’en aviez pas entendu parler avant aujourd’hui, tenez-vous-le pour dit : le retour de Justin Bieber marque un évènement majeur sur la planète pop. 

À l’annonce de la parution de son cinquième opus, Changes, admirateurs et critiques connaissaient déjà bien le potentiel de celui qui a toujours atteint le sommet des palmarès. Surtout après le surprenant Purpose

Bieber n’offre toutefois pas un projet à la hauteur de l’effervescence que l’annonce de son retour a suscitée. S’il n’est pas à jeter aux ordures, Changes reste un album R & B-pop globalement plat. Ici et là, le chanteur offre quelques chansons agréables. Mais la plupart des titres n’ont aucun relief, aucune impulsion pour nous convaincre de ne pas passer au suivant en milieu d’écoute (ce que nous n’avons pas fait, bien sûr).

IMAGE FOURNIE PAR DEF JAM

Changes, de Justin Bieber

Pour mieux comprendre l’importance de Changes dans la carrière du jeune Canadien, un retour en arrière s’impose. À 25 ans seulement, Bieber vient de traverser une longue période tumultueuse. À la vue de tous, sa vie super médiatisée s’est écroulée. Il a grandi trop vite, semble-t-il. 

La gloire lui est tombée dessus alors qu’il n’avait que 13 ans. En 2010, il a fait paraître son premier album, My World 2.0, celui qui contient la fameuse Baby. Il n’a presque jamais ralenti depuis. Entre les albums et les tournées, son adolescence et le début de sa vie d’adulte ont été passés sous les projecteurs. Jusqu’à ce qu’il soit, en quelque sorte, forcé de s’arrêter. 

Ses problèmes de consommation et ses écarts de conduite ont eu raison de sa santé mentale et de sa réputation. Après des années au sommet, la chute a été abrupte – on apprend tout cela dans le gigantesque coup de pub qu’est le documentaire Seasons, diffusé ces jours-ci sur YouTube.

Justin l’amoureux

Cela fait un an tout rond que Justin Bieber a annoncé qu’il prenait une pause de la musique, pour s’occuper de ses « problèmes », de sa santé et de sa famille. Cinq ans après la parution de son quatrième disque, Changes est donc l’album de la rédemption. Celui où il se présente en nouveau Justin Bieber, un époux éperdument amoureux et un serviteur de Dieu. 

On pouvait s’attendre à ce que toutes les épreuves traversées infusent l’album. Eh bien… pas vraiment. Tout reste en surface. Les morceaux les plus personnels (et sirupeux) sont ceux concernant sa femme, Hailey Bieber (née Baldwin). Cette dernière est en quelque sorte la raison d’être de l’album Changes. La plupart des textes parlent d’elle.

PHOTO JORDAN STRAUSS, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Justin Bieber et sa femme, Hailey

Justin Bieber ne se risque donc pas vraiment à tenter autre chose que ce qu’il a toujours fait : des chansons d’amour. C’est attendrissant au début. Puis, ça devient redondant. Et lourd.

La pièce d’ouverture, All Around Me, explique de quelle façon l’arrivée de Baldwin dans sa vie l’a sauvé. Habitual décrit tout l’amour qu’il lui porte. Ici, sa tentative poétique tombe à plat. Dans Come Around Me, il parle de sexe. Dans Available, de jalousie, d’une certaine dépendance à l’autre, même.

Écoutez Intentions, de Justin Bieber

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Justin Bieber, s’il n’est pas un pionnier de l’exploration musicale, sait s’ancrer dans la tendance. La majeure partie de Changes lui permet de s’accrocher à son titre de vedette pop par excellence. Forever, collaboration avec Post Malone et Clever, en est le parfait exemple.

Bieber et son équipe ont bien ingéré les codes pop actuels et les recrachent ici avec (il faut l’avouer) une certaine habileté. La répétition (« for ever, ever, ever… »), la voix modifiée de Post Malone, la basse venue soutenir le refrain : tout y est.

Écoutez Forever, de Justin Bieber et Post Malone

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Le meilleur pour la fin

En toute fin d’album, on tombe sur At Least for Now, dont l’air (mais surtout pas le texte) pourrait se retrouver sur la bande sonore d’un film de Disney. Les paroles touchent au vécu de Bieber, abordent sa santé mentale. Tout comme le fait la pièce-titre, une autre réussite.

That’s What Love Is, une énième chanson d’amour, toute simple, soutenue par une guitare acoustique engageante, se classe également parmi les bons titres de l’album. Il détonne avec le reste… et c’est une bonne chose. La deuxième partie du disque permet d’ailleurs à Bieber de mettre sa voix de l’avant, ce qui lui sert bien. 

Yummy, la chanson TikTok par excellence, celle qui aurait dû se hisser au sommet des classements à sa parution, n’a jamais réussi à monter plus haut que la deuxième position au palmarès Billboard. C’est honorable, mais si on observe le parcours de Bieber, parsemé de numéros 1, on comprend qu’il s’agit en fait d’un début bien moins robuste qu’il ne l’aurait souhaité. Le destin de Yummy est annonciateur : Changes ne connaîtra sûrement pas la gloire de ses prédécesseurs. 

Parce que Justin Bieber y appose son nom et sa voix, Changes ne passera pas inaperçu, mais cet album ne se démarquera pas vraiment grâce à la qualité de son contenu.

Justin Bieber sera au Centre Bell le 14 septembre.

★★½

R & B-pop. Changes, Justin Bieber. Def Jam.