Le festival Igloofest s’amorce ce jeudi sur le quai Jacques-Cartier, dans le Vieux-Port de Montréal. Des milliers de festivaliers braveront la neige et le froid au cours des quatre prochains week-ends pour y assister à des dizaines de spectacles en plein air. Un festival unique en son genre… mené notamment par trois femmes qui n’ont pas froid aux yeux.

Elles se nomment Mélanie Reeves, Julie Miron et Maude Laberge. Elles sont respectivement productrice exécutive, directrice de production et responsable de production à Igloofest. Ce sont elles qui se chargent de mettre sur pied le festival. Elles qui supervisent la conception de l’édition, l’installation du site et le bon déroulement de l’événement.

Le festival commence ce jeudi soir et se poursuivra jusqu’au 8 février, mais Mélanie Reeves, productrice exécutive depuis quatre ans, était de retour derrière sa table de travail dès l’été 2019 pour travailler à cette édition. La programmation est réglée un an d’avance. Pour tout le reste, la feuille de route doit être prête dès la belle saison.

Mélanie se décrit comme la « capitaine de tous les départements » de la production d’Igloofest. Elle s’occupe de l’ensemble des revenus et des dépenses et met en application les objectifs établis avec la direction générale. Celle qui a forgé une bonne partie de son expérience en pilotant le Mondial choral de Gregory Charles pendant 10 ans a fait le saut chez Multicolore, responsable de la production d’Igloofest, en 2016.

Chaque année depuis, en septembre, elle réunit une équipe — « des concepteurs, des scénographes, des experts techniques… », énumère-t-elle. 

On est fixés sur tous les objectifs à atteindre, on prépare tous les plans et, quand on arrive à Noël, tout est terminé.

Mélanie Reeves, productrice exécutive à Igloofest

La partie théorique, du moins, est achevée. La directrice de production, Julie Miron, coordonne la « livraison du site ». Elle supervise la direction technique, la direction des aménagements. « Je m’assure que tout est en place du côté de l’éclairage, de la vidéo, du son, pour que tout soit fonctionnel pour les artistes et le public », explique-t-elle, au terme d’une journée sur le terrain, à deux jours du lancement du festival.

Sur le quai Jacques-Cartier, son équipe et elle enchaînent de longues journées depuis le début de l’année pour passer de la théorie au concret et monter le site imaginé il y a des mois.

Les femmes de l’événementiel

Julie Miron ne se voyait pas occuper ce poste de directrice de production. Depuis 2011, elle travaille « on and off » dans l’organisation. Elle a été assistante du directeur technique, du directeur de production et régisseuse technique. « Il a fallu me convaincre, sourit-elle. L’idée ne m’était pas venue. » C’est Mélanie Reeves qui a pensé à elle. « Elle me voyait là, dit Julie. Je me suis dit : “Pourquoi pas ?” »

Une femme s’est donc ajoutée à l’équipe de production. Tant pour l’administration qu’au sein des brigades sur le terrain, elles sont nombreuses à Igloofest. Sur le site, il y a beaucoup de coordinatrices, dit Mélanie Reeves. À la direction des communications et de l’image de marque, c’est aussi une femme, Maripierre D’Amour, qui travaille depuis plusieurs années au sein de la société de production Multicolore (Igloofest, Piknic Électronik).

« Juste ces jours-ci, en étant sur le site en plein montage, on voit des femmes machinistes, menuisières… Au Québec, où il y a beaucoup de festivals, il y a beaucoup de femmes qui prennent leur place dans l’événementiel. » 

Multicolore a été précurseur dans bien des domaines. À compétences égales, si des femmes sont qualifiées, tant mieux. Il y a une belle ouverture d’esprit.

Mélanie Reeves

Les femmes sont « plus nombreuses qu’ailleurs » à Igloofest, estime aussi Julie, qui travaille également pour d’autres entreprises du milieu de l’événementiel et se dit fière d’y avoir fait sa place. Ce constat positif mène à une observation commune : il reste encore bien du chemin à parcourir dans l’industrie, disent Julie et Mélanie.

Renouveler Igloofest

Igloofest en est à sa 14e édition. Pendant chacun des quatre week-ends de trois jours (du jeudi au samedi), on attend 20 000 festivaliers, amateurs de musique électronique. Pour les satisfaire, 91 artistes sont au programme. 

On a aussi voulu élargir l’auditoire, en présentant d’autres styles de musique les jeudis. C’est à cette occasion qu’aura lieu la soirée « 100 % rap », avec Loud, Charlie Shulz et White-B, au cours du troisième week-end.

Un plus grand nombre d’amateurs pourront y trouver leur compte, explique Mélanie Reeves. « Igloofest est une expérience sensorielle et immersive, donc on veut toujours améliorer cette expérience », ajoute-t-elle. En plus des nouvelles infrastructures, des événements spéciaux permettront aux festivaliers en habit de neige de vivre de nouvelles facettes d’Igloofest.

Au moment de nos entrevues, 48 heures avant le coup de départ de jeudi soir, une centaine de personnes s’affairaient encore sur le site pour finaliser l’installation. Tout le long du festival, ils seront jusqu’à 400 employés sur le terrain. Une entreprise de grande ampleur, menée par des femmes de tête.

Cinq spectacles à ne pas manquer

Kaytranada

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Kaytranada

Son concert en 2018 pour la 12e édition avait attiré la plus grande foule qu’Igloofest ait connue. Le faiseur de son Kaytranada est de retour avec de nouvelles chansons à présenter au public montréalais, issues de l’album Bubba, paru en décembre dernier. Son succès à la maison ne s’est jamais démenti et l’événement risque encore une fois d’attirer de nombreux admirateurs.

Le 1er février à 19 h 30

Nina Kraviz

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @NINAKRAVIS

Nina Kravis

Nina Kraviz, née en Sibérie, est souvent nommée parmi les artistes influents de la scène techno et a fait partie des têtes d’affiche de festivals à de multiples reprises. Dès la sortie de son premier album en 2012, ses compositions lui ont rapidement permis de se démarquer. Elle s’est tournée vers la musique pendant ses études en médecine dentaire, avant de s’y consacrer à temps plein à la fin des années 2000. La Russe fait dans le house et chante également sur certains titres ainsi qu’en concert (fait rare !).

Le 25 janvier à 19 h 30

Boiler Room

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @ELLEN.ALLIEN

Ellen Allien

L’organisateur londonien Boiler Room tiendra une soirée exclusive sur le Quai, une première durant le festival hivernal. Depuis 2010, Boiler Room organise des DJ sets intimes et les diffuse sur le web. Le projet a beaucoup grandi depuis ses débuts et les événements Boiler Room ont maintenant lieu dans les plus grandes villes du monde. À l’occasion de l’Off Igloo, Boiler Room présente Trance Wax, Ellen Allien, Danny Daze et Overland.

Le 6 février à 18 h

Loud + White-B + Charlie Schulz

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Loud

La première soirée hip-hop d’Igloofest aura Loud comme tête d’affiche. Le rappeur sera accompagné de White-B et de Charlie Schulz, deux jeunes artistes de la relève du hip-hop. Si Loud n’a plus besoin de présentations, il sera intéressant de voir White-B (du collectif 5sang14) se débrouiller sur scène, lui qui a établi une belle réputation dans la métropole. Quant au Montréalais Charlie Schulz, qui a récemment signé avec Joy Ride Records, il se démarque depuis quelque temps dans l’univers du beatmaking québécois et promet de faire danser les festivaliers.

Le 30 janvier à 19 h 30

Charlotte de Witte

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @CHARLOTTEDEWITTEMUSIC

Charlotte de Witte

La DJ belge Charlotte de Witte est maintenant une habituée de Montréal. À Osheaga l’été dernier, de Witte a su montrer pourquoi la scène internationale lui faisait une belle place ces dernières années. Elle est donc de retour dans la métropole, avec sa techno minimaliste. La jeune femme de 27 ans a commencé à se produire sur le circuit européen dès l’âge de 17 ans. En pleine ascension, elle est une des artistes à ne surtout pas manquer pour les adeptes de musique électro un peu plus sombre et mélancolique.

Le 8 février à 19 h 30

> Consultez le site d’Igloofest : https://igloofest.ca/