Je me souviens du plaisir de jouer le thème du chat de Pierre et le loup juste assez correctement pour que ma mère le reconnaisse. Mon enseignant de musique, en deuxième secondaire, m’avait prêté une clarinette pour la fin de semaine, après m’avoir montré comment souffler dedans. Léandre De Celles, clarinettiste lui-même, un de ces enseignants qu’on n’oublie pas : l’harmonie scolaire qu’il dirigeait était à la fois un club social et un révélateur musical.

L’an dernier, j’avais choisi l’alto pour construire une « playlist » du temps des Fêtes.

(Re)lisez le billet « La revanche des altistes »

Cette année, cet instrument qui me rend nostalgique, la clarinette.

Tout s’est arrêté avec la COVID-19 : mes spectacles en Europe, une tournée prévue avec le quatuor Andara. Alors j’ai dépoussiéré mon diplôme de pédagogie qui dormait depuis 25 ans.

Christopher Hall, humoriste, clarinettiste et enseignant de musique

Vous trouverez plus bas les suggestions de plusieurs clarinettistes, mais d’abord, des nouvelles de Christopher Hall, ce sympathique humoriste et clarinettiste. Il y a moins d’un an, debout devant un orchestre symphonique en Allemagne, il faisait rire plus de 1000 personnes. Depuis le printemps, debout devant ses classes de l’école primaire Roslyn, il fait rire ses élèves… mais le regrette parfois quand il faut ensuite cinq minutes pour les calmer.

Depuis notre conversation, Christopher m’a écrit deux fois, insistant sur le même message : « Les professeures (à 90 % des femmes) sont des génies, elles ont du cœur, du talent, et elles prennent des risques tous les jours, en se retrouvant parmi ces petits porteurs de virus potentiels. Tu parles d’un travail essentiel ! »

À l’école Roslyn, de la commission scolaire English-Montréal, qui réunit des enfants de Westmount, de la Petite-Bourgogne et de Saint-Henri, les groupes sont souvent nombreux.

« Je passe au moins le quart du temps à faire de la discipline avec, entre autres, le petit clown de la classe. Douce revanche de la vie : devine qui était le clown de la classe quand j’étais au primaire ? Mais j’adore l’énergie et la joie que les enfants dégagent, leur ouverture : je les fais dessiner librement en écoutant la Symphonie pastorale, de Beethoven, je les fais chanter. J’ai ressorti ma guitare : en ce moment, j’ai mal au bout des doigts à force de leur faire répéter Feliz Navidad. »

Christopher a bien hâte de se retrouver sur scène, mais c’est loin d’être sûr qu’il renoncera complètement à l’enseignement à l’école. « Les besoins sont immenses, et j’ai vraiment l’impression de préparer le public de demain. »

Un de ces enseignants qu’on n’oublie pas, je le sens.

Son choix de musique pour le temps des Fêtes ? The Klezmer’s Wedding, de Srul Irving Glick, « parce que c’est aussi Hanoukkah ! »

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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Christopher Hall, humoriste, clarinettiste et enseignant de musique

Autres suggestions pour le temps des Fêtes

« Mozart ! », s’exclame Jean-François Normand, soliste et chambriste, professeur au Conservatoire. « Parce qu’il adore la clarinette, il y en a partout dans ses œuvres ! Je profite du temps des Fêtes pour replonger dans ses opéras, et la Gran Partita pour vents n’est jamais loin du lecteur CD. »

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« En mars dernier, juste avant la pandémie, j’ai joué les Bagatelles, de Finzi, avec les Violons du Roy », se souvient Martin Carpentier, clarinettiste de Pentaèdre. « Pour les Fêtes, je propose la troisième, intitulée Carol. »

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Mariane Croteau a été membre de plusieurs orchestres canadiens, de Victoria à Thunder Bay. Elle est maintenant en poste à la musique du 22e Royal Régiment. « Le Casse-Noisette de Tchaïkovsky, un incontournable, que j’écouterai virtuellement cette année. C’est féérique et ça rejoint mon cœur d’enfant. La clarinette est mise en valeur dans plusieurs mouvements, dont la Valse des fleurs. »

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« J’évite Casse-Noisette », avoue André Moisan, clarinettiste à l’OSM, professeur à l’Université de Montréal. « J’imagine que mes 20 ans dans la fosse des Grands Ballets m’ont rendu allergique ! Au temps des Fêtes, ça me fait du bien d’écouter autre chose que de la clarinette. J’aime beaucoup La Bottine souriante, les musiques traditionnelles : voici un Noel Nouvelet version Helium. Intime, original, vivant et chaleureux. »

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Laurence Neil Poirier, jeune pigiste qu’on entend avec les meilleurs ensembles, propose Der Hirt auf dem Felsen (Le Pâtre sur le rocher), de Schubert, pour soprano, clarinette et piano. « La pièce met si bien en valeur la clarinette et convient à ce temps des Fêtes particulier, où nous serons chacun un peu seul sur notre rocher… »

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Finalement, « la musique qui accompagne la fête de Noël pour moi, c’est celle d’un groupe de Québec avec lequel je joue souvent, la Strada », suggère Mélanie Bourassa, clarinettiste à l’OSQ avec les Violons du Roy et professeure à l’Université Laval.

> Écoutez la musique du groupe Strada