« Nous travaillons pour la marge », annonce le duo La Fièvre dans l’introduction à son album homonyme. On est loin de la pop consensuelle à la Lara Fabian, en effet. Ma-Au Leclerc et Zéa Beaulieu-April ne cherchent absolument pas à plaire, encore moins à ne pas faire de vagues. Et ça s’entend.

Le plan de match de ces deux créatrices, qui ont atteint la demi-finale des Francouvertes en octobre, c’est de brasser la cage. De faire éclater le silence. Et pour ça, elles balancent leurs textes avec aplomb, en les criant presque parfois, sur des musiques électros rudimentaires assez sombres, qui mordent l’oreille plus qu’elles ne la caressent.

L’art de La Fièvre se fond dans son militantisme féministe. C’est une espèce de cri de ralliement, d’invitation à défoncer les portes, à garder la tête haute et à s’ouvrir la trappe (Survivantes). Et tant pis pour les bonnes manières. « L’objectif n’a jamais été l’approbation », disent-elles dans Faudra faire mieux.

Il y a dans ces quelques chansons un authentique feu. Un désir d’inciter chacune à s’affirmer à sa manière, une envie de motiver les troupes (« C’est toi la bête la plus dangereuse de la forêt », clament-elles dans Goddess, qui compte sur la participation de Backxwash, lauréate récemment du prix Polaris).

IMAGE TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE LA FIÈVRE

La Fièvre, de La Fièvre

Ce genre de prose-combat happe et ne manquera pas de faire des adeptes. La Fièvre a toutefois les défauts de ses qualités : en faisant reposer l’essentiel de ses chansons sur ces textes bruts, le duo en oublie ses musiques qui, sauf exception, manquent d’étoffe et de mélodies fortes pour mieux porter le propos. C’est un deuxième disque, mais ce n’est peut-être qu’un début…

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★★★

Électro. La Fièvre, de La Fièvre, indépendant.