Travelling, que ça s’intitule. Avec ce que ça éveille d’idées de voyage et de références au cinéma. En ces temps où presque tous les avions sont cloués au sol et qu’on peut à peine sortir de chez soi, Daniel Bélanger propose justement le seul genre de voyage qu’on peut encore faire : celui qui se fait en soi, dans son propre imaginaire, mais à partir de ses chansons boussoles à lui.

Il y a parfois des voix, sur Travelling, mais pas un mot. Les seuls qui soient associés au projet servent à donner des titres derrière lesquels on reconnaît l’humour décalé de l’artiste : Ondes sensibles s’abstenir, Le triomphe d’une perruche, La flûte atomique… On ne les lit pas comme des directions à suivre, plutôt comme une invitation à jouer le jeu.

Lequel ? À chacun d’établir ses règles. Travelling, album en général tout en douceur, fourmille en effet de clins d’œil qu’on saura capter ou non, selon son âge, ses références télévisuelles ou cinématographiques. Entre cette Appertura et cette Finale lyriques, on s’imagine ici dans une comédie musicale, là dans un western spaghetti aux couleurs délavées, on replonge dans des souvenirs évanescents de chanson française, de films noirs et de séries télé aux thèmes jazzés. Ce disque n’est d’aucune époque (les relents sixties sont puissants, tout de même), mais il embaume une nostalgie légère.

Se limitant à son rôle de compositeur, Daniel Bélanger s’éclate en jouant la majorité des instruments (guitares, piano, banjo, orgue, flûte, saxophone soprano, batterie, lutherie électronique et plus encore). Jacques Kuba Séguin (trompette et bugle) et son ami Carl Bastien (synthé, piano et basse) font partie des musiciens qui l’accompagnent dans son périple. Travelling est une sacrée mise en scène de la part d’un mélodiste capable d’envoûtements.

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Travelling, de Daniel Bélanger

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Instrumental. Travelling. Daniel Bélanger. Audiogram