Avec comme slogan « L’OSM comme vous ne l’avez jamais vu », l’Orchestre symphonique de Montréal garde le cap malgré la pandémie et propose une demi-saison de 21 concerts avec des artistes d’ici et d’ailleurs. Mais il faudra encore attendre pour connaître le successeur du maestro Kent Nagano.

Alors que plusieurs organismes musicaux prévoient n’engager que des artistes locaux durant les prochains mois, étant donné les restrictions à l’entrée au Canada entraînées par la COVID-19, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) prend une tout autre direction. La programmation – très féminine – de l’ensemble comporte en effet les noms de cinq chefs étrangers, trois Finlandais – Susanna Mälkki, John Storgårds et Dalia Stasevska –, l’Espagnol Pablo Heras-Casado et l’États-Unienne Jeannette Sorell. « Nous allons respecter à la lettre les règles de la Santé publique, assure la cheffe de la direction de l’orchestre, Madeleine Careau. Donc les chefs et les artistes qui seront avec nous vont faire la quarantaine », dans le cas où celle-ci serait encore imposée après le 31 août.

Le choix du prochain directeur musical devra toutefois attendre encore un peu. « La pandémie nous a un peu coupé le sifflet ! », se désole l’administratrice. « Il reste encore quelques concerts pour vérifier [certaines impressions]. Le comité [de sélection] voulait réentendre certains chefs. » À moins d’un hypothétique reconfinement, l’annonce devrait néanmoins être faite en 2021.

Rejoindre le plus de mélomanes possible

Pour permettre au plus grand nombre de mélomanes d’entendre l’OSM (en tenant compte de la limite actuelle de 250 spectateurs), notamment dans un contexte où, comme le signale Mme Careau, des « milliers de personnes [sont] en attente de reprise de billets » conservés en dépit de la pandémie, mais aussi pour « maximiser la présence des chefs et faire travailler les artistes, qui ont été gravement pénalisés pendant la pandémie », chaque chef se produira durant deux à quatre journées consécutives, parfois dans des programmes entièrement différents. Plusieurs concerts seront en outre diffusés, la plupart du temps en différé, soit sur Mezzo, Medici ou sur le site internet de l’OSM, contre une contribution d’un minimum de 10 $ dans le dernier cas.

Le premier chef à occuper le podium sera Bernard Labadie, pour quatre concerts (du 11 au 13 septembre) destinés à marquer le 250e anniversaire de naissance de Beethoven.

L’évènement, dont les grandes lignes n’ont guère été changées par la COVID-19, mettra à contribution un plateau entièrement canadien, avec la contralto Marie-Nicole Lemieux, la soprano Karina Gauvin, le pianiste Charles Richard-Hamelin et le violoniste James Ehnes.

Les autres concerts mettront en vedette des solistes issus de l’orchestre (dont Todd Cope dans le Concerto pour clarinette de Mozart), ainsi que le violoncelliste Bryan Cheng, ancien lauréat du Concours de l’OSM, dans les Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski (les 1er et 3 décembre), ainsi que la soprano Magali Simard-Galdès et la mezzo-soprano Julie Boulianne pour un concert de Noël (8 et 9 décembre). Marie-Nicole Lemieux sera également de retour du 24 au 26 novembre avec le chef Pablo Heras-Casado dans le Poème de l’amour et de la mer de Chausson.

Adaptation

La souplesse de l’orchestre constitue, selon la directrice de la programmation musicale, Marianne Perron, un atout certain, étant donné que la scène de la Maison symphonique ne peut accueillir actuellement qu’une cinquantaine de musiciens en tenant compte des règles de distanciation.

Comme l’OSM a l’habitude de jouer un large répertoire, notamment le répertoire classique et préromantique, les musiciens sont habitués, cela fait partie de leur expertise de se produire non pas toujours en groupe de 80 à 100 musiciens, mais aussi dans des formations plus réduites.

Marianne Perron, directrice de la programmation musicale de l’OSM

L’ensemble ne restera toutefois pas cantonné dans ce répertoire « minceur ». Les miracles de la transcription permettront par exemple au chef John Storgårds de faire honneur à Bruckner (Septième symphonie) et Mahler (Dixième symphonie) dans des versions à l’orchestration réduite. La cheffe Susanna Mälkki proposera quant à elle les Planètes de Holst dans un arrangement pour petit orchestre réalisé par le compositeur (1er octobre).

La musique de notre époque ne sera pas en reste, avec la création de Weltengeist du Québécois Simon Bertrand, un hommage à la Montréalaise Ana Sokolovic et des œuvres de la Finlandaise Lotta Wennäkoski, du Géorgien Guia Kantcheli, du Danois Svend Schultz et de l’Estonien Arvo Pärt.

Pour le reste de l’année, la directrice de la programmation Marianne Perron adopte « une approche réaliste » étant donné l’incertitude en cours. « Nous sommes prêts et on a hâte » d’annoncer ce qui s’en vient, ajoute-t-elle. Il est toutefois certain que les adieux avortés de Kent Nagano, qui devaient avoir lieu le 9 août, se tiendront sous une forme encore à définir dans les prochains mois. « Nous avons très hâte, comme tous les gens de la communauté, d’accueillir à nouveau M. Nagano. »

> Consultez la programmation de l’OSM