Le gala des Juno, qui devait se dérouler le 15 mars à Saskatoon, a été l’un des premiers grands évènements culturels annulés au début de la pandémie. Un gala virtuel a finalement eu lieu lundi, question de récompenser malgré tout les gagnants dans les 42 catégories. Quelques artistes québécois ont tiré leur épingle du jeu, dont Alexandra Stréliski, Half Moon Run et Dominique Fils-Aimé. La soirée de la musique canadienne en cinq points.

Alessia Cara

La jeune chanteuse devait être l’animatrice de la soirée. Vu les circonstances, c’est plutôt une série de présentateurs – artistes, vedettes de la radio (la cérémonie était diffusée sur le site et la page Facebook de la CBC), mais aussi un joueur des Raptors de Toronto et une star de Stranger Things, qui se sont relayés à un train d’enfer pour cette remise de plus de 40 prix qui a duré moins de deux heures. Aucun remerciement, aucun direct, même pas pour les prix les plus prestigieux : seulement un défilé de noms de finalistes, le nom du gagnant dévoilé, et hop ! on passe à la catégorie suivante. L’évènement ne semble d’ailleurs pas avoir été très fréquenté, puisque sur la page Facebook de la CBC, la cérémonie n’a été suivie que par à peine 600 personnes. Dans tout cela, il reste que la talentueuse sensation canadienne, qui a remporté son premier Juno en 2016, s’est démarquée lundi avec trois prix — sur un total de six possibilités, c’est elle qui avait récolté le plus de sélections —, et qu’elle est « repartie » avec le Juno de l’album pop, celui de l’autrice-compositrice (devant entre autres Patrick Watson), ainsi qu’avec le très désiré Juno de l’album de l’année, pour lequel étaient en lice la pianiste québécoise Alexandra Stréliski, mais aussi Bryan Adams, Michael Bublé et Nav. Alessia Cara a également donné une des quatre performances de la soirée, dans laquelle elle a dévoilé sa nouvelle chanson Rooting for You, premier extrait à saveur très jazz de son EP à venir le 17 juillet.

Alexandra Stréliski

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La pianiste Alexandra Stréliski

La compositrice et pianiste néo-classique Alexandra Stréliski comptait trois sélections. En plus de concourir pour l’album de l’année, elle était en lice comme révélation (le prix a été remporté par la chanteuse pop Lennon Stella), et pour l’album instrumental, prix qu’elle a remporté pour son album INSCAPE. La pianiste, qui s’est fait connaître pour ses collaborations avec le réalisateur Jean-Marc Vallée, continue donc de répandre sa douceur et son talent un peu partout dans le monde, avec ses 85 millions d’écoutes sur les plateformes d’écoute en continu. Alexandra Stréliski a fait la déclaration écrite suivante après la cérémonie lundi soir : « Je suis si heureuse de voir cet album faire autant de chemin ! Tellement heureuse aussi pour mon équipe qui travaille fort en arrière. Tout ceci est un beau rappel que la musique n’a pas de frontières et que ce qui compte au final est la connexion entre nos cœurs. Je n’oublierai surtout jamais que si mon album est rendu là aujourd’hui, c’est grâce à la force du public québécois qui me soutient depuis le début. Je veux donc partager ce prix avec tous les fans ici qui ont vibré et qui vibrent encore avec moi dans cette aventure. »

Half Moon Run

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le groupe montréalais d’adoption Half Moon Run

Trois artistes montréalais s’étaient retrouvés dans la catégorie « Album adulte alternatif » — en effet, la catégorie Album alternatif existe aussi —, et c’est Half Moon Run qui l’a emporté devant Patrick Watson, l’album posthume de Leonard Cohen, City and Colour, et la chanteuse Iskwē. Un des membres de Half Moon Run, Devon Portielje, s’est dit très fier de ce prix, dans un court message envoyé à La Presse en fin de soirée. « Il y a trois mois et demi, nous avons pris la difficile décision d’annuler notre vol en direction de la cérémonie des Juno. Aujourd’hui, nous avons ri ensemble, croyant que nous n’avions virtuellement aucune chance de gagner contre d’aussi grands artistes. Nous en sommes très fiers et merci à tous. » Le prix de l’album francophone de l’année est par ailleurs allé à Les Louanges, qui était finaliste avec Fred Pellerin, Jean Leloup, Koriass et Loud.

Dominique Fils-Aimé

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Dominique Fils-Aimé

Le classique, le jazz et le blues du Québec ont fait très bonne figure lors de cette cérémonie. Dans la catégorie « Jazz vocal », c’est la très brillante Dominique Fils-Aimé, finaliste au prix Polaris l’an dernier, qui l’a remporté pour son tout aussi brillant Stay Tuned. « Mon cœur est plein de gratitude pour les magnifiques humains qui m’ont permis d’être ici, a écrit l’autrice-compositrice-interprète dans un mot envoyé à La Presse. Grâce à vous je me sens gagnante tous les jours. Merci à ma mère et toute la famille, de sang ou choisie, je vous aime. […] Merci à mes merveilleux musiciens de m’accompagner et de donner vie à ces idées et émotions que sont la musique. Merci au public d’avoir ouvert son cœur à cette trilogie, nous permettant de partager nos rêves d’un monde uni et plein d’empathie. » Le prix de l’album jazz solo est par ailleurs allé au trompettiste et compositeur Jacques Kuba Séguin pour Migrations, alors que la chanteuse montréalaise Dawn Tyler Watson a remporté le prix de l’album blues avec Mad Love. Le chef sortant de l’OSM Kent Nagano a quant à lui reçu son dernier Juno pour The John Adams Album. Ana Sokolović a, de son côté, remporté pour la deuxième année d’affilée le Juno dans la catégorie « Composition classique », pour son album Evta.

Autres gagnants

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Le chanteur Shawn Mendes

Si Alessia Cara n’a pas tout raflé lundi, c’est que Shawn Mendes a récolté deux prix où elle était en nomination (dans les catégories « Artiste de l’année » et « Single de l’année » pour le méga tube Senorita, qu’il chante avec Camila Cabello). Quant au Prix du public, c’est Avril Lavigne qui a été l’élue pour la deuxième année d’affilée. On compte aussi parmi les gagnants Bryan Adams (Adulte contemporain), Jessie Reyez, Tory Lanez et Tainy (R&B/Soul), Tory Lanez (Rap), Loud Luxury (Groupe de l’année). Pendant la soirée, le maire de Saskatoon a remis symboliquement le témoin à celui de Toronto en vue de la cérémonie de l’an prochain qui, on l’espère, aura un peu plus de vie, dans une vraie salle avec des performances et des remerciements en direct.

> Consultez la liste complète des gagnants (en anglais)