Quelle bonne idée il a eu, Roméo Elvis, de lancer impulsivement les cinq pistes du mini-album Maison.

Comportant moins de 15 minutes de musique, ce splendide EP finalisé en confinement tombe à point nommé. On compte cinq pièces, mais quatre chansons. L’interlude d’une minute, à mi-chemin, permet à Roméo Elvis d’expliquer sa démarche.

Au téléphone avec on ne sait qui, il raconte pourquoi il a fait paraître l’album-surprise. Alors que d’autres repoussent la sortie de leurs albums, le rappeur bruxellois, lui, laisse aller sa spontanéité.

« Dis, je me disais, vu qu’on est en confinement, on peut déjà balancer quelques morceaux, non ?, entend-on dire le rappeur sur Interlude. Ça m’excite de faire un truc comme ça, parce que c’est sans promo, sans clip, c’est que de la musique. Ça va faire du bien. »

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La consommation de cannabis est un sujet récurrent. La chanson qui introduit le disque ne s’appelle pas Défoncé pour rien. Mais plutôt qu’un exposé sur le pot, le rappeur raconte plutôt ses difficultés dans la vie (réelle ou imaginaire) à travers l’image d’une nuit d’errance.

Sur l’entraînante Chaud, le Belge fanfaronne, comme il se doit. Il parle de ses « deals » à six chiffres, de la jalousie des autres. Il prend aussi le temps de critiquer les « faux », ceux qui « pleurent Notre-Dame » sur les réseaux sociaux ou qui « mettent des hashtags pour l’Amazonie en feu », mais ne peuvent pas la situer sur une carte.

Roméo Elvis a un message social à passer. La pièce Gonzo en une des preuves. Les critiques fusent à l’endroit de personnalités controversées – « Y’a Zemmour qui donne son avis sur Trump comme si on en avait quelque chose à foutre », lâche-t-il.

IMAGE TIRÉE DU WEB

Maison, de Roméo Elvis

Il se permet de parler environnement, tout en confrontant sa propre hypocrisie : « Dans 30 ans on ne pourra plus pêcher de poissons/J’ai quand même envie de manger un animal mort chez moi seul/C’est quoi cet instinct pourri ? »

Roméo Elvis est habile de ses mots. Il peut aussi compter sur une superbe production et des beats de grande qualité. En attendant le prochain long, ce mini-album-surprise fait plaisir à entendre.

Maison exsude la liberté de créer, sans pression. C’est comme ça qu’on le préfère, Roméo Elvis. 

★★★★

Rap. Roméo Elvis. Maison. Universal.