Québecor a annoncé lundi matin le lancement d’une première plateforme québécoise d’écoute en continu, devançant de quelques mois la mise en marche de ce projet sur lequel l’entreprise travaillait depuis un bon moment.

QUB Musique fonctionnera de la même manière que les géants du streaming comme Spotify en offrant un catalogue de 50 millions de chansons. La grande différence sera la place accordée à la musique québécoise, a affirmé le président et chef de la direction de Québecor Pierre Karl Péladeau, qui se retrouvera non pas marginalisée ou cachée dans des sous-sections comme c’est le cas sur les plateformes existantes, mais plutôt bien mise en évidence.

« Nous y travaillons depuis plusieurs mois. L’idée est de mettre en valeur notre musique d’ici, nos artistes, nos ayants droit, afin que ceux-ci puissent avoir une tribune privilégiée et une meilleure rémunération », a déclaré monsieur Péladeau lors d’une conférence de presse en ligne lundi matin.

« Nous avons jugé bon de lancer QUB Musique un peu plus tôt, parce que les gens, confinés à la maison, sont plus disponibles pour écouter de la musique, et aussi parce que les artistes ont beaucoup souffert des annulations de spectacle dues à la pandémie, explique le vice-président, Contenu numérique de Québecor, Mathieu Turbide. Nous voulons permettre aux artistes de connecter avec leur audience de façon numérique. »

PHOTO FOURNIE PAR QUB MUSIQUE

Le catalogue de QUB Musique tiendra compte des particularités du marché québécois, en orchestrant son contenu à partir des goûts et des habitudes des consommateurs de musique d’ici.

Le catalogue de QUB Musique tiendra donc compte des particularités du marché québécois, en orchestrant son contenu à partir des goûts et des habitudes des consommateurs de musique d’ici. Par exemple, de nombreuses listes de lecture — plus de 1000 « préparées par des professionnels » — mettront en évidence autant des grands succès étrangers que ceux d’artistes locaux.

« Sur une liste dédiée aux années 70, on pourra retrouver autant les Rolling Stones qu’Offenbach, Genesis qu’Harmonium, explique Mathieu Turbide. Même chose pour le rap, il y aura du Drake, mais aussi du Loud. En français et en anglais, ce sont des univers qui se connectent, c’est comme ça que les gens écoutent la musique au Québec, et c’est comme ça que QUB Musique veut la présenter. » Une place de choix sera aussi accordée aux artistes anglo-québécois et autochtones, précise-t-on.

QUB Musique est encore en développement et est lancé pour l’instant en mode BETA. L’application sera gratuite pour les trois prochains mois — jusqu’à la fin juillet donc —, puis sera disponible au coût de 11,99 $ par mois, ou de 4,99 $ pour les clients du service de téléphonie mobile de Vidéotron. Il n’est pas possible d’avoir plus d’un utilisateur par compte, mais le forfait familial serait dans les cartons.

Redevances

Le modèle de paiement des redevances aux artistes sera le même que pour la majorité des autres plateformes, mais en chargeant plus cher pour les abonnements mensuels, « on s’assure qu’un plus grand montant soit redistribué aux ayants droit, donc évidemment les artistes, et ce, même si vous payez 4,99 $ chez Vidéotron », dit Mathieu Turbide.

PHOTO FOURNIE PAR QUB MUSIQUE

QUB Musique fonctionnera de la même manière que les géants du streaming comme Spotify en offrant un catalogue de 50 millions de chansons. La grande différence sera la place accordée à la musique québécoise.

« On comprend que ce modèle n’est pas parfait, mais c’est un petit petit pas », ajoute-t-il, en s’engageant à « regarder de près les autres modèles ».

Mathieu Turbide rappelle cependant que « c’est l’écoute qui génère des revenus, et que c’est la découvrabilité qui génère l’écoute ». C’est donc là que QUB Musique peut faire une différence, estime-t-il : en offrant « une vitrine améliorée, privilégiée, pour la musique d’ici, ce qui donnera des résultats dans les montants d’argent que recevront nos artistes ».

QUB Musique a été développé avec l’appui de l’industrie musicale québécoise — associations, distributeurs, maisons de disques —, et lundi matin, autant des artistes comme Yann Perreau et Alex Nevsky que des porte-paroles d’organismes ont donné leur aval. La SOCAN, la SPACQ, la Guilde des musiciens et l’ADISQ se sont entre autres prononcés.

« Sur les plateformes étrangères, le contenu québécois peine à sortir du lot, dit la vice-présidente aux Affaires publiques et directrice générale de l’ADISQ, Solange Drouin. QUB Musique propose une offre différente aux Québécois : un service de musique qui mettra à l’avant-plan notre richesse musicale et la créativité de nos artistes. C’est un engagement durable qui est pris aujourd’hui et c’est une excellente nouvelle pour la musique d’ici. »

PalmarèsADISQ s’associe également avec QUB Musique dans un « partenariat prometteur », et les listes musicales de l’ADISQ « Écoutez ce que vos artistes écoutent » seront mises en évidence sur la page principale de la plateforme.