Cinquante ans de carrière, 33 disques… et un nouveau départ. C’est ainsi que Patrick Norman voit Si on y allait, album enregistré à Nashville et sur lequel se côtoient anciennes et nouvelles chansons. Nous avons rencontré le chanteur de 73 ans pour parler de ce projet qui le rend particulièrement heureux.

Cinquante ans, ça passe vite ou « longue est la route », comme vous dites dans une de vos chansons ?

Le parcours est long, mais ça a passé vite. Il y a eu du bonheur constant à travers ça, mais aussi des tourmentes, plein de choses ! J’en parle dans cet album. Je dis qui je suis, sans filet, et voilà où je suis rendu à 73 ans. Je peux m’amuser et faire ce qui me tente, sans toujours vouloir chercher la renommée. Je n’ai pas d’attentes, juste le bonheur de le faire et de l’avoir fait.

> Écoutez un extrait de Longue est la route

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Si c’était à recommencer, vous feriez exactement le même chemin ?

Oui, sauf quelques erreurs. Me donner de la misère, ce n’est pas nécessaire. Mais c’est une vie absolument extraordinaire. J’étais un grand timide quand j’étais jeune, effacé, je me confondais avec la tapisserie. Je n’étais pas en avant, jamais, et la musique a été mon extension.

Vous avez dit en arrivant que vous n’aviez jamais été à ce point excité par la sortie d’un album. Pourquoi ?

Je suis toujours heureux et content quand je sors un album, mais celui-ci s’est fait tellement dans l’aisance, toutes voiles au vent… Si je l’ai appelé Si on y allait, c’est parce que ce n’est pas la fin de quelque chose, mais plutôt un nouveau départ, avec mon nouvel amour, la femme de ma vie [la chanteuse Nathalie Lord]. Un nouveau départ à 73 ans, c’est possible ! J’ai bien l’intention, pas de le prouver, mais d’aller voir jusqu’où je peux aller avec ça.

PHOTO FOURNIE PAR PRODUCTIONS PATRICK NORMAN

Photo de la pochette du nouvel album de Patrick Norman

Vous prévoyez une nouvelle tournée à partir de l’automne 2020, alors que celle de Bonheurs partagés, la précédente, n’est pas tout à fait terminée. Ça ne vous donne pas le vertige ?

C’est l’histoire de ma vie ! J’ai le désir de continuer tant que je vais pouvoir. Là, je fais de l’arthrite, un genre de problème qui vient avec la job de vivre longtemps. C’est embarrassant pour jouer de la guitare, alors je me suis fait opérer à la base du pouce, on m’a installé une prothèse en titane, comme pour le genou ou la hanche. J’ai été opéré il y a un mois et mon pouce est immobilisé encore pour cinq semaines. Après, je devrais pouvoir rejouer.

Sur ce nouvel album, vous faites se côtoyer de vieux succès et de nouvelles chansons. Ça demande du courage ?

C’est un autre angle de l’album que j’aime. À Nashville, le producteur et les musiciens n’avaient aucune idée de qui j’étais. Alors j’ai choisi six vieilles chansons et six nouvelles, je les ai toutes enregistrées de la même manière, juste guitare-voix, et je leur ai envoyé ça. Les 12 chansons ont donc été traitées également, comme si elles étaient toutes neuves. Pour eux, Quand on est en amour ou La Gibson de mon père [NDLR : la très jolie nouvelle chanson qui ouvre l’album], c’était pareil. Ils ont repris ça à partir de zéro et ont fait quelque chose de merveilleux, de magique.

> Écoutez un extrait de La Gibson de mon père

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C’était un rêve d’aller enregistrer à Nashville ?

J’avais fait un album autour de 1974-1975 pour RCA. Son titre était Textures. C’était un bel album, mais qui n’a pas donné grand-chose. J’y suis retourné parce qu’Yvon Éthier, qui avait revêtu les habits du personnage Patrick Norman en 1969, a décidé de l’emmener à Nashville pour le remercier et faire l’album dont il rêve depuis longtemps. En 1974, j’avais tripé fort, mais je n’avais pas d’expérience, je ne savais pas où tirer. Là, j’ai ciblé davantage. Je sais qui je suis. J’ai pris de la maturité. C’est Robby Johnson qui m’a mis en contact avec le producteur Julian King qui a ensuite engagé les musiciens, tous des légendes. Ça donne un album qui me plaît. Je le savoure. Je le trouve délectable.

Quelle vie lui souhaitez-vous ?

Une longue vie, comme je me la souhaite à moi ! J’ai la chance de faire partie des souvenirs de beaucoup de gens. Les tripeux de musique semblent aimer ce que je fais, mon jeu de guitare. Je suis encore capable de chanter. J’ai toujours ce feu, cette passion, cette chose qui me rend vivant et m’allume. Le reste… je n’ai plus qu’à vivre le bonheur qui m’est donné.

Bref, le mot « retraite » ne fait pas partie de votre vocabulaire ?

Ça ne risque pas d’arriver, le jour où je vais me dire que je suis tanné. Si j’arrête un jour, c’est seulement parce que je ne pourrai plus le faire. Aussitôt que j’aurai la conviction que je ne peux plus livrer la marchandise, je ne m’accrocherai pas.

> Écoutez un extrait de Quand on est en amour

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Country. Si on y allait, Patrick Norman, Productions Patrick Norman