Le 14e festival Osheaga, de retour dans l’île Sainte-Hélène, s’est déroulé rondement, sous le soleil et dans la bonne humeur, de vendredi à hier. Retour sur quelques faits saillants et de légers écueils. 

Achalandage

Le festival de trois jours a attiré plus de 130 000 visiteurs provenant de 60 pays, a indiqué le promoteur evenko après le concert de la tête d’affiche Childish Gambino. C’est un peu moins que les 135 000 entrées recensées l’année dernière, même si le nouveau site pouvait accueillir davantage de festivaliers. « Chaque année, Osheaga continue de grandir et d’évoluer, faisant du festival la meilleure destination festivalière pour les Montréalais et les fans de partout à travers le monde », a affirmé Jacques Aubé, président d’evenko, dans un communiqué. Les organisateurs soulignent par ailleurs l’éclectisme de la programmation, qui a réuni 100 artistes sur 6 scènes. À preuve : les têtes d’affiche The Lumineers (folk), The Chemical Brothers (électro) et Childish Gambino (rap) s’imposent dans des genres bien différents.

Un nouvel environnement

Après deux ans de vadrouille à l’île Notre-Dame, Osheaga retrouvait l’île Sainte-Hélène qui l’a vu naître en 2006. Le site rénové présentait de nombreuses améliorations : accès plus rapide au métro et aux vélos BIXI, espace agrandi et mieux configuré, service de restauration et de toilettes permanent, multiplication des ambiances, etc. Les deux scènes principales – installées côte à côte – et les scènes secondaires sont désormais découpées par deux ponts qui chevauchent le chemin du Tour-de-l’Isle. Il fallait compter une dizaine de minutes maximum pour franchir les deux extrémités du site. Les refoulements à la station Jean-Drapeau, la saturation du réseau internet et l’offre alimentaire coûteuse – quoique enrichie par les jardins YUL EAT – forment l’essentiel des habituels couacs, propres aux grands festivals.

Annulations

Au rang des déceptions : l’annulation, trois jours avant le début du festival, du concert de la chanteuse torontoise Jessie Reyez, prix Juno de la révélation de l’année en 2018, en raison d’une blessure. C’est toutefois une autre rencontre manquée, celle avec J. Balvin, qui a consterné les aficionados de reggaeton. La vedette colombienne n’a jamais foulé la scène de la Rivière vendredi soir « en raison de restrictions imprévues sur l’espace aérien dans la région de New York ». Sur Facebook, de nombreux internautes déploraient que l’annonce ait été faite cinq minutes… après l’heure prévue du concert. J. Balvin pourra se racheter le 22 septembre à la Place Bell. Toujours vendredi, Osheaga annonçait la défection du Californien Roy Blair, à l’horaire dimanche, pour ces motifs laconiques : « des circonstances désolantes ».

Légalisation

Le présent festival Osheaga était le premier depuis la légalisation du cannabis au Canada. Sur Facebook, l’organisation avait rappelé les règles à respecter : des emballages de la Société québécoise du cannabis (SQDC) obligatoires et un maximum de 30 grammes par tête. Une fois sur le site, peu de différences notables quant à la densité des vapeurs vertes, sinon un peu d’hypocrisie partie en fumée et des artistes plus prompts à s’allumer un « pétard » sur scène. Une équipe médicale, des intervenants du Groupe de recherche et d’intervention psychosociale et des kiosques de prévention du gouvernement fédéral veillaient en outre à la sécurité des fêtards.

Chaleur et beau temps

Dame Nature était, encore cette année, du côté des organisateurs et des festivaliers : du temps beau et « exceptionnellement chaud », sans être caniculaire. Les « osheagiens » en mal de fraîcheur étaient invités à se diriger vers les fontaines, les nombreux points d’eau potable et les espaces de repos ombragés où étaient disputés d’invitants hamacs. Pendant les concerts, des canons d’eau arrosaient les spectateurs, tandis que des agents de sécurité déversaient le contenu de bouteilles d’eau – pauvre planète – aux abords de la scène.

Estomaquer par l’estomac

Le buffet concocté par Chuck Hugues et Danny Smiles pour les artistes d’Osheaga semble être un redoutable argument de vente auprès des artistes internationaux. La Nippo-Américaine Mitski a d’ailleurs profité de l’une de ses trois interventions sur scène, vendredi, pour encenser « le meilleur service de restauration » au monde. Selon elle, une rumeur favorable se propage parmi les musiciens bourlingueurs, suscitant la jalousie des absents. Evenko aurait-il trouvé la recette secrète pour appâter le gratin musical autrement que par le portefeuille ? Le festival reviendra l’année prochaine du 31 juillet au 2 août.