(Stockholm) Le rappeur américain A$AP Rocky, jugé depuis mardi pour des violences après une rixe fin juin à Stockholm, a maintenu la thèse de la légitime défense au cours de la deuxième journée d’un procès qui agite les relations entre Washington et Stockholm.

Si les juges le déclarent coupable de violences à l’encontre d’un homme de 19 ans, l’artiste new-yorkais encourt jusqu’à deux ans de prison assortis d’une amende.  

L’affaire a mis en émoi le milieu du hip-hop, jusqu’aux plus hautes sphères politiques : le président Donald Trump, qui a accusé fin juillet la Suède de mépriser le sort des Noirs américains, a dépêché sur place son envoyé spécial chargé des Affaires liées aux otages, Robert O’Brien.  

A$AP Rocky, 30 ans, de son vrai nom Rakim Mayers, a été placé en garde à vue le 3 juillet à l’issue d’un concert, en compagnie de trois autres personnes-dont l’une a depuis été mise hors de cause-après une bagarre, dans les rues de la capitale suédoise.

Le 5 juillet, un tribunal a ordonné son incarcération au motif qu’il existait « un risque de fuite » à l’étranger, avant son renvoi devant un tribunal annoncé le 25 juillet.

Plusieurs élus du Congrès américain ont exhorté la Suède à libérer le musicien et un ancien ambassadeur des États-Unis à Stockholm, Mark Brzezinski, a fait savoir mi-juillet qu’il avait contacté le ministère suédois des Affaires étrangères et la maison royale, en dénonçant une « injustice à caractère racial », une accusation rapidement balayée par l’avocat de la défense.  

Et une pétition sur l’internet appelant à la libération du rappeur américain a pour le moment recueilli plus de 640 000 signatures.

« Choqué », « effrayé »

Sur un enregistrement amateur retransmis mardi devant le tribunal, l’artiste met au sol un jeune homme puis lui assène des coups avec deux de ses coprévenus.

Dans d’autres vidéos postées sur le compte Instagram du rappeur, A$AP Rocky demande à plusieurs reprises à deux jeunes hommes de cesser de le suivre.

L’artiste a agi en situation de « légitime défense », avait déclaré son avocat Slobodan Jovicic à l’ouverture des débats.  Toutefois, avait-il dit, le rappeur « admet avoir jeté la victime par terre, il lui a marché sur le bras et lui a donné un coup de poing ou repoussé son épaule ».  

Jeudi, la défense a remis en cause la version et la fiabilité des faits tels que narrés par la victime, un Afghan qui dit avoir été « frappé » par quatre personnes. « Deux (d’entre elles) ont essayé de me couper avec du verre », avait-t-il ajouté en persan, à l’issue de la première journée d’audience.

Au cours de cette deuxième journée de procès, le prévenu, en tenue verte de détenu, a pris la parole afin d’évoquer cette soirée du 30 juin :

« Nous avons essayé de nous éloigner, quand nous nous sommes éloignés nous avons été suivis », a-t-il calmement raconté à la barre. Il a également affirmé que le comportement « intrépide » de la victime lui a fait peur.

« J’ai été choqué et effrayé », a-t-il ajouté, lui qui a expliqué au tribunal avoir été agressé au visage il y a moins d’un an.

A$AP Rocky a toutefois reconnu par la suite avoir « jeté » sa victime à terre avant de lui « donner un coup de pied au bras », dans le but de venir en aide à son garde du corps, pris à partie par le plaignant et son ami.

Acte volontaire ?

Le parquet plaide l’acte volontaire, estimant qu’A$AP Rocky et ses coprévenus avaient agressé la victime, ayant avec eux le nombre et la force physique.

Le procureur Daniel Suneson a présenté mardi devant le tribunal des éléments matériels qui, selon lui, accréditent ses réquisitions, dont des vidéos et des messages échangés entre les protagonistes.

Le procès se poursuivra jusqu’à vendredi, dernier jour d’audience à l’issue de laquelle le tribunal annoncera la date du verdict, probablement mis en délibéré.

Il décidera également de la libération ou du maintien en détention d’A$AP Rocky dans l’attente de la décision. Deux membres de son entourage comparaissent à ses côtés.

Toutefois, le juge Per Lennerbrant a fait savoir que le procès pourrait être prolongé-sans fournir davantage d’informations —, le tribunal n’ayant pas encore entendu de témoins.