(Beyrouth) Un groupe de rock alternatif libanais pourrait finalement être autorisé à se produire au Liban, s’il s’excuse pour deux de ses chansons, ont indiqué les organisateurs du festival où il est invité, après des appels à annuler son concert.

Avec un chanteur ouvertement gai et des textes engagés disséquant des questions sociales et abordant les problématiques LGBT, le groupe Mashrou’Leila formé en 2008 par des étudiants de l’Université américaine de Beyrouth détonne dans le paysage musical du monde arabe.

Le groupe est cette fois accusé d’avoir porté atteinte à la sacralité de symboles chrétiens.

L’archevêché maronite de Jbeil, ville au nord de Beyrouth également connue sous le nom de Byblos et où le groupe doit se produire le 9 août lors d’un festival, a réclamé lundi l’annulation du concert, dénonçant « les objectifs du groupe et le contenu de leurs chansons », qui « portent atteinte dans leur majorité aux valeurs religieuses et humaines et s’attaquent aux symboles sacrés du christianisme. »

Le directeur artistique du festival, Naji Baz, a indiqué mercredi soir qu’un compromis avait été trouvé après une réunion avec l’archevêque de Jbeil.

« Nous avons trouvé un accord selon lequel le concert aura lieu comme prévu, si le groupe organise une conférence de presse dans les jours à venir », a déclaré M. Baz.

À cette occasion, ils devront « s’excuser auprès de ceux qu’ils ont pu offenser » avec deux chansons considérées comme « insultant la sacralité des symboles chrétiens ».

Ces deux chansons, Idols et Djin ne seront pas chantées lors du Festival de Byblos, a-t-il indiqué.

À l’origine de la controverse : un article partagé sur Facebook par le leader du groupe, Hamed Sinno, illustré par un photomontage où le visage de la Vierge Marie a été remplacé par celui de la star américaine Madonna.

Le groupe a retiré l’article publié sur le réseau social à la demande de la Sûreté générale, a indiqué le parquet.

Mashrou’Leila a assuré lundi dans un communiqué qu’il « respectait toutes les religions et leurs symboles », regrettant « la distorsion des paroles de certaines chansons et de fausses interprétations ».

Après un concert du groupe en Égypte en 2017 durant lequel des spectateurs avaient brandi le drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT, les autorités avaient lancé une vague de répression contre la communauté homosexuelle, procédant à plusieurs arrestations.

En Jordanie, des concerts avaient été annulés en 2016 et en 2017, à la suite notamment de protestations de parlementaires conservateurs.