(Québec) Ils étaient des milliers hier soir à attendre Mariah Carey sur les Plaines, à braver le vent frais et les rumeurs d’orage, à souffrir un peu, comme il se doit lorsqu’on attend une diva.

Des nostalgiques l’attendaient comme on attend les années 90, décennie durant laquelle la chanteuse au registre de cinq octaves a enchaîné les succès comme Barry Bonds, les coups de circuit. D’autres l’attendaient peut-être avec la curiosité des oiseaux de malheur.

C’est que Mariah — à prononcer « mé-raille-ya » — a dans les dernières années connu quelques misères sur scène.

Sa prestation complètement ratée à Times Square pour le Nouvel An 2017 a fait le tour du monde. La chanteuse originaire de Long Island est aussi souvent accusée d’user de la présonorisation (soit de lip sync) en concert.

La direction du Festival d’été de Québec (FEQ) allait-elle regretter de lui confier les Plaines 48 heures après le spectacle d’anthologie d’Éric Lapointe ?

Pour faire court : pas du tout.

La chanteuse de 49 ou 50 ans — les sources divergent — n’a pas fait attendre ses admirateurs trop longtemps. Elle s’est présentée sur scène avec juste assez de retard, comme il se doit pour une diva.

Vêtue d’une robe aux allures de boule disco, elle a amorcé le spectacle par A No No, chanson de 2018 qui allait préparer la voie à ses anciens succès.

Dès le début, il était clair que Mariah Carey était en forme. Sur Emotions, elle a rappelé qu’elle pouvait encore chanter plus haut que bien d’autres chanteuses. 

Sa voix de sifflet peut réjouir certaines oreilles, en agresser d’autres, mais c’est une signature qu’elle maîtrise toujours.

À Shake It Off, il pleuvait. Mais ses « agneaux », comme elle appelle ses fans, n’ont pas déserté le pâturage. Parlant de foule, celle-ci était modeste. L’orage annoncé n’a pas dû aider, pas plus que le vent froid de la Haute-Ville, qui souffle même en juillet pour une raison que la science tarde à expliquer.

« J’ai l’impression d’être sur une patinoire tellement c’est mouillé. Je fais de mon mieux, mes darlings », a lancé la chanteuse à ses darlings, trempés jusqu’aux mollets.

Retour dans le temps

Carey a enchaîné les succès, dont la plupart sortaient tout droit des années 90.

La presque totalité parlait d’amour, thème central de l’œuvre « careyesque ». Qu’il s’agisse de celui qu’on attend (Dreamlover), celui malheureusement impossible (My All), ou quasi mystique (Vision of Love)…

Elle a changé deux fois de tenue, comme il se doit pour une diva.

Tout au long du spectacle, Carey a subtilement ménagé sa voix en reposant sur les choristes aux moments opportuns. Mais elle a su se montrer parfois généreuse, comme dans son interprétation sentie de Love Takes Times ou encore de We Belong Together.

Mariah Carey n’a jamais eu la présence scénique de celle que son premier gérant la voyait remplacer : Whitney Houston. Mais hier, sur les Plaines, elle a livré une prestation honnête.

Après une quinzaine de chansons et 75 minutes de spectacle, elle a salué la foule et tourné les talons. La direction du festival a expliqué que la pluie sur la scène l’obligeait à mettre un terme à la soirée. La chanteuse avait toutefois interprété la presque totalité des chansons au programme.

La foule, détrempée, semblait un peu surprise de cette fin abrupte. Mais elle a quand même applaudi, comme il se doit pour une diva.