(Toronto) Bryan Adams fait partie des nombreux artistes canadiens qui pourraient avoir perdu les enregistrements originaux de leurs plus grands succès dans l’incendie chez Universal Studios Hollywood en 2008, dont l’ampleur des dégâts n’a été révélée que récemment.

L’auteur-compositeur-interprète de Kingston, en Ontario, dit avoir appris la nouvelle lorsqu’il préparait la réédition de Reckless à l’occasion du 30e anniversaire de l’album, qui comprend les succès Summer of’69 and Heaven.

En contactant le service des archives d’Universal Music Group, il a été informé que ses bandes maîtresses, ses illustrations et ses vidéos ne pouvaient être retrouvées.

Personne ne pouvait lui dire où se trouvait son matériel, a-t-il regretté dans un échange de courriels organisé par son équipe de gérance.

Le chanteur canadien fait partie des nombreux artistes qui peinent à comprendre les informations récemment publiées dans un article du New York Times. Selon le quotidien new-yorkais, plus de 100 000 enregistrements originaux — soit environ 500 000 chansons — ont été engloutis par les flammes.

Universal avait pourtant dit que l’incendie n’avait détruit que des copies de films et un certain nombre de plateaux de cinéma emblématiques.

Mais selon le New York Times, une vaste base de données d’enregistrements originaux allant des années 1940 aux années 2000 a été perdue, notamment ceux d’artistes comme Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Elton John et Janet Jackson.

Mardi, le quotidien a publié une longue liste d’artistes qui pourraient avoir été touchés par l’incendie. Parmi ceux-ci, on retrouvait plusieurs Canadiens, dont Joni Mitchell, The Tragically Hip, Buffy Sainte-Marie, Nelly Furtado, Paul Anka et Rufus Wainwright.

Un porte-parole de Buffy Sainte-Marie a refusé de commenter l’affaire, alors que le gérant de The Tragically Hip, Bernie Breen, a affirmé que le groupe « ferait le point sur tous ses actifs et ses bandes » avant de se prononcer.

Universal a déclaré que le quotidien avait « surestimé » les pertes, mais le président et chef de direction de l’entreprise a reconnu qu’il devait aux artistes de la « transparence » et des « réponses » sur les dommages causés à leurs enregistrements.

Une ressource inestimable

Les bandes maîtresses sont les copies analogiques originales des musiciens travaillant en studio, enregistrées avec un équipement d’un niveau supérieur à la technologie actuelle. Cela en fait une ressource inestimable pour les projets de restauration, les rééditions d’albums et les documents historiques. Les bandes contiennent souvent du matériel inédit qui est partagé dans des rééditions et des coffrets qui sortent des décennies après le décès de l’artiste.

« La raison pour laquelle ces bandes sont si importantes est que vous ne pouvez pas remastériser des enregistrements déjà mastérisés numériquement », a expliqué Bryan Adams.

Plusieurs artistes, dont le groupe Soundgarden et la succession du rappeur Tupac Shakur, ont intenté des poursuites contre Universal, alléguant que l’entreprise n’avait pas bien protégé les enregistrements et qu’elle ne les avait pas informés des dommages.

Heureusement pour Bryan Adams, il avait conservé une copie de Reckless dans un coffre-fort du Warehouse Studio, à Vancouver. En 1984, il avait enregistré une deuxième bande au cas où l’originale serait perdue — et la qualité est identique.

Cela lui avait permis de lancer la réédition de l’album en 2014, juste à temps pour le 30e anniversaire.