Nach, c’est le nom de scène d’Anna Chedid, membre de l’illustre famille qui comprend entre autres son frère M et son père Louis, tous deux auteurs-compositeurs-interprètes, et sa grand-mère, la poétesse Andrée Chedid. Elle vient de lancer son premier album solo, L’aventure, dans lequel elle révèle sa vraie nature d’artiste. Rencontre en forme de questionnaire.

Écrire ou chanter ?

« Chanter d’abord, c’est sûr », répond Nach, qui signe textes et musiques de ses chansons. Chanter a été son premier moyen d’expression, et c’est cette voix-là qui l’a poussée à écrire. « Ça va ensemble. On n’est pas obligés d’avoir des mots pour chanter. Mais à un moment, cette émotion, quand on arrive à trouver les bons mots, on la ressent encore plus. Donc c’est chanter d’abord, mais des mots qui me permettent d’illustrer l’émotion que je veux communiquer. »

La famille ou le solo ?

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La famille Chedid lors de son passage aux Francos en juin 2015 : Louis, Matthieu, Anna et Joseph

« Oh là là. C’est un peu pareil. Il faut passer par la famille pour arriver au solo. La famille m’a vachement aidée à trouver ma place », dit la chanteuse qui a participé en 2015, avec son père Louis et ses frères Matthieu et Joseph, à un album et à une tournée collective — tournée qui est passée par les Francos de Montréal à l’époque. « Ce qui est drôle, quand on est tous les quatre, c’est que la famille ressort, mais que les personnalités ressortent aussi plus fortes. Ça nous a aidés, Joseph et moi, qui sommes les petits. » Elle s’estime aujourd’hui plus forte et plus émancipée pour assumer sa carrière solo, après avoir lancé des EP en 2009 et en 2013. « Ce moment piano-voix où j’écris et compose, c’est vraiment mon intimité et mon identité profonde. Il n’y a rien d’autre, pas d’artifice. »

Pop ou chanson française ?

« De la chanson. Après, voilà, la pop est un bon terme, il peut y avoir de tout, du rock, du groove, mais c’est de la chanson dans le sens que c’est du texte. L’intention est de véhiculer quelque chose dans les mots, et je préfère que les gens me disent qu’ils sont touchés par mes textes et ma voix. Mais c’est sûr que je suis contente si on me dit : “Ta production est super !” » C’est le texte qu’elle soigne le plus, donc ? « J’essaie de soigner tout. Par contre, si je ne suis pas contente de mon texte, le morceau ne sortira jamais. »

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Nach (Anna Chedid) vient de lancer L’aventure, son premier album solo.

Se faire un nom ou un prénom ?

« Nach est à la fois mon nom et mon prénom. Ça fait le pont entre Chedid et Anna, c’est donc mon socle. C’est cet entre-deux que je veux mettre en valeur : il ne faut rien renier, mais en même temps, il faut arriver à faire son chemin. » Avoir un tel héritage peut être un désavantage, estime-t-elle. « On peut trouver que ma légitimité est biaisée parce que je suis la sœur de ou la fille de, mais ce n’est pas vrai. » La famille peut aider aussi, par contre. « Si je n’avais pas eu cette famille qui m’a poussée… Par exemple, j’ai été la choriste de Matthieu pendant des années, je l’ai accompagné, j’ai fait ses premières parties. Finalement, les avantages et les désavantages s’annulent. »

Partir ou rester ?

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L’aventure, de Nach

« Partir peut aider à se trouver. » Mais le thème central de L’aventure n’est pas tant partir qu’oser, précise-t-elle. « Il faut oser être soi, être imparfait. C’est pour ça que sur ma pochette, je suis sans maquillage. C’est ce qu’on doit combattre et transcender dans notre vie, c’est important d’en parler dans cette période basée sur l’image, la perfection, la réussite et l’argent. C’est important d’assumer cette réalité. »

Fille unique ou petite sœur ?

« C’est facile, ça. Direct. Avoir des frères. » Une des chansons du disque, Joe, est même un hommage à son frère Joseph, avec lequel elle a à peine un an d’écart — elle est la plus jeune des quatre enfants Chedid. « On est presque jumeaux, Joe et moi, on pense comme des jumeaux. Une fratrie, c’est une richesse exceptionnelle, ça m’a apporté et ça a tellement compté dans ma vie. Émilie et Matthieu sont plus grands, on a 15 et 16 ans d’écart, et c’est comme si on avait eu une deuxième paire de parents. Ils nous ont élevés d’une certaine manière. Après, si j’étais fille unique… je ne l’ai pas vécu, alors je ne sais pas. »

Le Québec ou la France ?

« Je vis en France, c’est mon histoire, c’est plus familier. Mais bizarrement, je ne suis venue que cinq ou six fois au Québec et je m’y sens chez moi. » L’hiver dernier, elle a lancé son album à Montréal, a participé à RIDEAU à Québec — espèce de grand showcase pour les diffuseurs de spectacles —, et elle se produira aux Francos les 18 et 19 juin. C’est évident, Nach a l’intention de s’implanter ici. « Je me sens tellement bien ici, il y a un amour de la francophonie, du texte, de la voix ; j’ai l’impression que quand je chante, il se passe un truc. Et puis je ne sais pas, au niveau de la personnalité aussi… Je suis quelqu’un d’assez chaleureux et, à Paris, dans ma grande générosité un peu libanaise, je me prends souvent des vents. Alors qu’ici, j’ai l’impression que ça marche plus, on se tutoie, c’est simple, souriant. Il y a un truc qui me plaît et qui me ressemble. »

Chanson. L’aventure. Nach. Universal.