Florence + The Machine a 10 ans. Au terme d’une décennie qui l’a écorchée, Florence Welch s’est permis une vulnérabilité dont elle retire maintenant les bienfaits. Alors qu’elle s’apprête à défendre son dernier opus, High as Hope, à Montréal, la chanteuse nouvellement sereine a répondu aux questions de La Presse.

Dans la chanson Hunger, deuxième extrait de son plus récent album, les premiers mots que prononce Florence Welch révèlent qu’elle a eu un trouble alimentaire à l’adolescence. Au deuxième couplet, elle confesse qu’elle croyait que « l’amour était dans la drogue ». Un autre titre, Grace, est une lettre d’excuses à sa grande sœur : « Tu es celle que j’ai le moins bien traitée. Simplement parce que tu m’aimais le plus », chante-t-elle.

High as Hope est une mise à nu de l’artiste. « J’étais finalement dans une bonne période de ma vie quand je l’ai écrit », explique Florence au bout du fil, d’une voix douce et aiguë, tout en contraste avec son chant puissant. Cette sérénité lui a permis de puiser dans une longue période trouble maintenant révolue.

Même si elle sait comme nous que le temps d’entrevue est limité, la chanteuse prend de longues pauses avant chaque réponse. Elle pèse ses mots, puis se livre.

« Avant, mon écriture venait d’un cœur brisé. J’ai été blessée et j’ai rejeté la partie vulnérable de moi-même. »

L’alcool dont elle a usé pour combattre le mal-être et la solitude fait maintenant partie du passé. Florence n’a pas bu depuis des années. Sa période de fête perpétuelle est terminée. Ses idées sont plus claires, son esprit est apaisé. 

Sur ce dernier album, paru il y a un an, la chanteuse de la formation Florence + The Machine a accepté sa vulnérabilité. « J’ai appris que c’était une bonne chose », dit-elle.

Un Montréalais comme directeur artistique

Lorsqu’elle interprète sur scène ses refrains chargés de cette fragilité nouvellement assumée, son public lui transmet une énergie qu’elle n’avait jamais ressentie. « Le niveau de vulnérabilité dans ce dernier album a créé une atmosphère différente, affirme-t-elle. Les gens se laissent vraiment aller. Je pense qu’ils se sentent en sécurité et aimés. »

Sa tournée mondiale, entamée l’an dernier et qui la mènera à Montréal le 28 mai, est « vraiment spéciale », dit la chanteuse originaire de Londres.

La série de concerts bénéficie du talent d’un Montréalais, le directeur artistique Willo Perron. Collaborateur habituel de Florence + The Machine, il a imaginé le décor de la tournée. « Je ne lui ai pas donné beaucoup de directives, mais je voulais qu’on se sente dans un environnement chaleureux, naturel, avec une énergie spirituelle », résume Florence.

PHOTO ROB GRABOWSKI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

La tournée de Florence + The Machine bénéficie du talent d’un Montréalais, le directeur artistique Willo Perron. Collaborateur habituel du groupe , il a imaginé le décor de la tournée.

L’artiste n’aime pas les accessoires, les changements de costumes et les écrans géants. Willo Perron a su faire « un travail scénique spectaculaire, sans utiliser beaucoup de technologie et en exploitant du matériel organique ». 

Résultat : une large scène en bois contreplaqué reproduit la topographie des montagnes et laisse passer la lumière. Au plafond, des drapeaux donnent l’effet du vent. « Il a exactement compris ce que je voulais », affirme Florence. 

Créer « comme la première fois »

Florence a récemment retrouvé un plaisir dans la création qu’elle avait perdu au fil de ses 10 ans de carrière.

Elle a fait High as Hope dans le même état d’esprit que son premier album, Lungs : sans pression, juste pour le plaisir. « Je me suis sentie comme la première fois que j’ai fait de la musique », dit-elle.

Un bonheur retrouvé qui contraste avec l’anxiété de pondre son album précédent, How Big, How Blue, How Beautiful

« Ç’a été extrêmement difficile. J’ai ressenti plus de pression que jamais. Probablement parce que je n’étais pas dans une bonne période de ma vie. »

Pour ses trois derniers opus, la rouquine avait puisé dans une « énergie très masculine », plus « agressive ». « Sur scène, c’était une autre sorte de performance, dit-elle. C’était masculin, même dans la façon dont je m’habillais. »

Le monde de la mode a toujours adoré le style de Florence Welch. Si l’accoutrement n’est pas tout, il est un indice de l’évolution de la chanteuse. Des looks rock et sévères de Lungs ou How Big, How Blue, How Beautiful, Florence est passée à des attirails plus bohèmes chics. « La période de l’album [High as Hope] m’a appris que ma féminité était une force », déclare-t-elle. 

Des bijoux délicats mais nombreux, des robes fleuries, beaucoup de vintage et de dentelle… la nouvelle égérie de Gucci s’exprime d’une autre façon jusque dans ses vêtements.

« Tu peux être dans une robe de soie délicate tout en étant forte et au sommet de ton art », observe Florence.

Au Centre Bell, le 28 mai.