Le lendemain de son apparition sur scène aux côtés du rappeur controversé Enima, la jeune comédienne Ludivine Reding a publié des excuses pour ce qu’elle appelle « une erreur ».

Enima, de son vrai nom Samir Slimani, est un citoyen algérien qui a été sous le coup d’une expulsion du Canada en raison de ses activités criminelles présumées. Il a été accusé devant la cour criminelle ontarienne de différentes infractions liées au proxénétisme et à la traite de personnes, mais les accusations ont été retirées en 2018. Les autorités canadiennes lui reprochent notamment de « glorifier la criminalité » dans ses chansons. L’homme a cependant bénéficié d’un sursis valide jusqu’en 2024 après s’être amendé. Il devra garder une bonne conduite, sous peine d’être expulsé.

Dimanche, la vedette de la série Fugueuse, qui parle justement de la réalité des jeunes filles prises dans les filets des proxénètes, s’est retrouvée sur la scène du festival Metro Metro en compagnie d’Enima.

Depuis, des photos de Ludivine Reding avec le rappeur controversé Enima circulent. Nous pouvons le voir embrasser la comédienne sur la joue. Ou les voir ensemble, tout sourire, avec comme mot « retrouvailles ».

Ses photos ont surtout été vues sous forme de « story » sur Instagram, mais Enima a aussi publié un cliché sur le même réseau social (qui a depuis été supprimé).

De vives réactions

Il y a aussi eu quelques vidéos, toujours en « story », dont une filmée par le cofondateur du festival Metro Metro, Olivier Primeau.

Ce dernier a expliqué à La Presse que l’actrice est l’une de ses amies et qu’elle était « backstage », avec plein d’autres personnes, pendant le spectacle d’Enima dimanche dernier. Elle aurait de son propre gré rejoint le rappeur controversé « avec une bouteille de champagne ».

« Personne dans l’équipe ne savait qu’elle ferait ça », a dit Olivier Primeau.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM D'ENIMA

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont réagi en voyant les deux artistes ensemble, entre autres en traitant le rappeur de « proxénète ».

Hier après-midi, la comédienne a écrit un statut Facebook pour expliquer ses actions : « Alors que j’étais au festival hier soir, j’ai été sollicitée par une centaine de personnes pour prendre des photos ou participer à des moments de célébration. À chaque fois, ça me fait plaisir de le faire. Évidemment, je ne conteste ni le passé ni l’intention de certaines personnes que je rencontre dans ces sorties publiques », a écrit Ludivine Reding.

TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE LUDIVINE REDDING

« Mais je reconnais aujourd’hui que j’aurais dû réfléchir davantage et être plus vigilante dans certains cas […]. C’est une erreur et je m’en excuse profondément. » — La comédienne Ludivine Reding, sur Facebook

Enima, persona non grata ?

Dans ses chansons, l’artiste semble à l’occasion se glisser dans la peau d’un pimp ou d’un proxénète. Par exemple, dans For the Low, il dit : « J’apprends toujours ma bitch à jamais fuck for for the low » (qui pourrait se traduire par « J’apprends toujours à ma salope à ne jamais baiser pour pas cher »).

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Enima, de son vrai nom Samir Slimani, est un citoyen algérien qui a été sous le coup d’une expulsion du Canada en raison de ses activités criminelles présumées.

Le vidéoclip de cette chanson a été visionné plus de 3 millions de fois. Ce qui n’est pas surprenant, puisque Enima est un nom important dans le milieu du rap québécois.

« Nous nous sommes beaucoup questionnés avant de l’inviter. Nous n’étions pas certains de vouloir le faire. » — Olivier Primeau, cofondateur du festival Metro Metro

« Il y a beaucoup d’artistes musicaux qui sont accusés de plein de crimes et qui continuent d’avoir plein de fans. Mais non, nous n’encourageons pas du tout ce qu’Enima fait – ou peut faire – dans sa vie personnelle. Nous avons invité l’artiste, qui est un des plus populaires au Québec », a précisé Olivier Primeau.

Dissocier l’artiste de l’homme, c’est aussi ce que semble avoir fait Ludivine Reding.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM D'ENIMA

« Il faut être vigilant »

Pour la porte-parole de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES), c’est évident qu’il s’agit d’une erreur de parcours de l’actrice, qu’elle croit sincèrement « alliée » de la cause que l’organisme défend.

« Mais ça met en lumière à quel point l’industrie du sexe peut être banalisée et qu’il faut être vigilant par rapport à ça », souligne Éliane Legault-Roy.

Elle conclut : « Ça revient à tout un chacun de se questionner à savoir si on veut vraiment légitimer une industrie qui exploite des femmes, crée de la violence, est sexiste et raciste. Et ensuite, ça nous revient de poser des actions cohérentes avec cette position-là. Ce qui peut vouloir dire de ne pas écouter certains rappeurs. »

Ludivine Reding reprendra son rôle de Fanny dans la deuxième saison de Fugueuse, dont la diffusion est prévue en janvier 2020 à TVA.