Jean Leloup qui émerge du néant pour annoncer la sortie d’un nouvel album : c’est presque devenu une habitude. Le chanteur, qui fête ses 58 ans aujourd’hui, lancera le 24 mai L’étrange pays, son neuvième album de chansons originales en 30 ans. Un événement.

La démarche

Dans un long message envoyé hier matin sur les réseaux sociaux et par l’entremise de sa maison de disques, Grosse Boîte, Jean Leloup raconte qu’il a décidé il y a trois ans qu’il ferait un album en enregistrant les chansons « comme elles sont quand elles arrivent, en jouant de la guitare dehors, le soir, la nuit ». Il s’est donc promené pendant un an et demi « avec guitare, micros et enregistreuse de guerre à l’épreuve des cyclones », raconte-t-il. « J’aboutis tout le temps sur des balcons, dans une montagne dans Charlevoix, dans un chalet en bois rond, dans des chambres d’hôtel, d’aéroports, dans une maison au bord d’une falaise au Costa Rica avec mon frère dans la vieille Land Rover », ajoute Jean Leloup, qui a terminé son périple créatif en janvier. « Toutes les chansons ont été jouées dehors, garanties 100 % non formatées, parmi les criquets, les geckos, les chiens et les chats dans les ruelles, les écureuils, les corbeaux noirs et les pigeons crottés », écrit le chanteur, qu’on entendra ainsi totalement au naturel.

Les chansons

L’on peut déjà écouter 2 des 13 nouvelles chansons de l’album : L’oiseau-vitre et Rosier-douleur. Jean Leloup a expliqué ainsi le thème de L’oiseau-vitre sur YouTube, plateforme sur laquelle les deux pièces avaient déjà cumulé plus de 43 000 vues tard hier soir – un chiffre qui montait à vue d’œil. « Un jour, ils ont mis un gigantesque édifice magnifique ultramoderne dans le bois à côté de chez mes parents. Couvert de fenêtres miroir bronze. Les oiseaux se sont mis à se cogner dessus, nonstop, et à tomber comme des mouches, autour. Des dizaines par jour. Maintenant, il n’y a plus d’oiseaux morts au pied de l’édifice, comme au début. Je me demande si les oiseaux ont compris le truc ou si, finalement, ils sont tous morts à des kilomètres à la ronde. » Quelques titres du disque à venir en vrac : Les goélands, Tes mille peurs, Flocon de neige, Boulevard des rêves brisés, Le temps, Le sentier. Toutes interprétées en solo, les chansons ont été enregistrées par Leloup lui-même, sans aucune équipe technique.

IMAGE FOURNIE PAR GROSSE BOÎTE

L’étrange pays de Jean Leloup

Les clips

« J’ai porté ma guitare toute ma vie durant pour ne pas me mettre en rang », chante Jean Leloup sur L’oiseau-vitre. Si les deux clips lancés hier donnent le ton à L’étrange pays, on peut s’attendre à un album crépusculaire et inspiré. Au début de chacune des deux vidéos tournées par Yves Archambault, qui a aussi créé la pochette du disque, on voit et entend un corbeau qui croasse. On voit Jean Leloup à contre-jour, sur un fond mauve, des branches d’arbres se dessinant derrière lui – les prises de vue semblent avoir été faites sur un balcon montréalais. Toute la place est ainsi laissée aux mots du chanteur, à son phrasé particulier et à son jeu de guitare reconnaissable entre tous, et l’ambiance est mystérieuse et intime à souhait.

Où l’avait-on laissé ?

L’album précédent de Jean Leloup, À Paradis City, a été lancé en février 2015. Réalisé avec soin et incluant même des arrangements de cordes, il marquait le retour d’un Leloup en forme six ans après Mille excuses Milady. En fait, À Paradis City a ramené le chanteur au sommet des palmarès – on l’a même vu se produire dans un épisode de La voix deux mois plus tard, avec chorégraphie « maison » et tout. A suivi à l’automne 2015 et en 2016 une série triomphale de spectacles – en fait deux séries : la première dans une formule plus rock avec groupe complet, et la seconde en solo, par laquelle il revisitait son répertoire. Depuis 2017, fidèle à ses habitudes, Jean Leloup s’était de nouveau éclipsé : on sait maintenant qu’il avait recommencé tranquillement à créer. Résultat dans une dizaine de jours. Aucun spectacle n’a encore été annoncé.

Chanson. L’étrange pays. Jean Leloup. Grosse Boîte. Sortie le 24 mai.