Désirée, à l’instar de Lou-Adriane Cassidy ou de Charlotte Cardin, fait partie de ces auteures-compositrices-interprètes qui n’allaient certainement pas rester piégées dans le filtre de La voix.

La chanteuse de 23 ans en atteste sur un premier ouvrage, Madeleine, dédicacé à – et habité par – sa défunte arrière-grand-mère.

Mal-être joliment articulé, mélodies poignantes émaillées de saxophone et de cordes, sursauts d’âme anachroniques : tout semble parfait, sauf que… Sauf qu’on cherche désespérément les mots et les nuances sous les gravats de voix rauque qui enterrent davantage qu’ils canalisent.

Dommage, puisqu’il y a une maturité déconcertante, presque inquiétante, dans le ton et dans le texte de Désirée. Vient parfois à nos oreilles cette lucidité mélancolique : « Ici, même les étoiles sont laides. »

Bâti comme un pont à haubans, l’album pose ses bases à mi-parcours avec Fanée, découpée par deux interludes pianistiques.

C’est la désescalade qui nous émeut davantage, avec trois pièces plus pondérées (Les dessins, Mal de mer, Nos amours à la craie) qui justifient à elles seules la première phrase de la présente critique.

★★★ CHANSON. Madeleine. Désirée. Rosemarie Records.