La musique est la clef de voûte de l’expérience Hillsong, comme en font foi ses messes dignes de concerts rock. Mais quel est au juste le son Hillsong ? La Presse se penche sur le phénomène.

Le succès

Les quatre groupes de Hillsong (Worship, United, Young and Free et Kids) ont produit des dizaines et des dizaines d’albums. Ce sont des membres de l’Église, rémunérés ou bénévoles, qui composent les chansons. Leurs compositions sont reprises par bien d’autres Églises, un peu partout dans le monde.

Parmi leurs succès, il y a Oceans (Where Feet May Fail), qui s’est maintenu au sommet du palmarès Hot Christian du Billboard pendant 59 semaines non consécutives.

En 2018, Hillsong Worship a même gagné le prix Grammy de la meilleure chanson de musique chrétienne pour What a Beautiful Name. D’après le magazine new-yorkais The Fader, les droits d’auteur des pièces ne sont pas redistribués entre les artistes, mais plutôt remis à Hillsong. Le prochain album de Hillsong United, People, sera lancé vendredi prochain.

Dans la lignée du gospel

Le directeur de l’Institut d’études religieuses à l’Université de Montréal, Alain Gignac, situe la musique de Hillsong dans la lignée du gospel. « Les Églises évangéliques ont toujours mis l’accent sur l’importance de la musique. Et à un moment donné, nous avons vu arriver du pop et du rock chrétiens, c’est-à-dire qu’on met le message chrétien sur ces genres musicaux. » Il juge intéressant le contraste avec les liturgies des « Églises plus traditionnelles » qui mettent l’accent sur le silence et la méditation. « L’expérience spirituelle est vécue autrement. Avec l’énergie et les émotions, c’est l’expérience de communion que la musique véhicule », dit-il.

Documentaire

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE L’ÉGLISE HILLSONG

Les conférences organisées par l’Église Hillsong, qui ont des allures de spectacles rock, attirent des foules énormes.

Impressionnés par l’ambiance survoltée d’un spectacle de Hillsong il y a quelques années, des producteurs de Hollywood ont décidé de réaliser un documentaire sur ce phénomène musical.

Dans Hillsong – Let Hope Rise de Michael John Warren, sorti en 2016, on voit les artistes de Hillsong United chanter leurs compositions dans des stades bondés un peu partout dans le monde. « Nous disons souvent que ce n’est pas un show parce que nous ne sommes pas des vedettes rock, dit un des leaders du groupe, Jad Gillies. Mais je commence à me dire que c’est effectivement un show, peut-être un show d’humanité. Un show où Dieu est là. »

Dans le livre Vis, aime et deviens, Brian Houston, fondateur de Hillsong, s’en prend à l’idée que le « rock’n’roll est la musique du diable ». Il croit que l’Église doit au contraire saisir les occasions de se faire connaître, telle que « celle de s’associer à Hollywood pour partager la bonne nouvelle », dit-il en référence à ce documentaire.

Avis d’une fan

Perline De Voyer est membre de l’église La Chapelle, dans le Mile End. Même si cette organisation ne fait pas partie de la famille Hillsong, la Montréalaise explique qu’il y a beaucoup de ressemblances entre les deux Églises et que La Chapelle utilise des chansons de Hillsong traduites en français.

« Ce n’est pas en silo. Ce n’est pas parce que je vais à une Église que je ne peux pas apprécier ce que font les autres Églises. On voit plus ça comme : nous sommes une grande famille chrétienne et nous aimons tous Jésus. » Elle a assisté à des messes et à des spectacles de Hillsong Church, notamment à New York. « C’est toujours exceptionnel comme spectacle. Je crois que leur musique vient toucher et émouvoir les gens différemment. Tout le monde connaît les paroles, c’est complètement fou comme concert ! Il y a vraiment quelque chose de merveilleux et de puissant à voir mille personnes chanter en chœur », dit Perline De Voyer.