Des guitares, comme s'il en pleuvait, mais aussi des pianos, des cuivres et des batteries qui ont fait le son du rock'n'roll dans les mains expertes des plus grands, sont exposés au Metropolitan Museum de New York à partir de lundi.

L'exposition, qui doit durer jusqu'au 1er octobre, a voulu présenter ces objets devenus légendaires comme « des vecteurs d'innovation artistique », a expliqué Max Hollein, directeur du Met, devant la presse.

« Les instruments sont parmi les objets les plus personnels que l'on puisse associer aux musiciens mais, en tant que spectateurs, nous ne les avons jamais vus que de très loin, sur une scène, lors d'un concert », a souligné Jayson Kerr Dobney, commissaire de l'exposition.

Cette présentation « offrira l'opportunité rare d'examiner de près certains des objets les plus emblématiques du rock », a-t-il fait valoir.

Pour la mettre sur pied, l'institution new-yorkaise s'est appuyée sur son partenariat avec le panthéon du rock, le Rock and Roll Hall of Fame, installé à Cleveland (Ohio, nord-est) et qui possède un fonds conséquent.

Il a aussi bénéficié de prêts de musiciens, intéressés par la vision du Met mais aussi, plus surprenant, souvent fascinés par le musée lui-même.

Célèbre interprète du tube The Joker, à la tête du Steve Miller Band, le chanteur américain Steve Miller a ainsi salué le travail des commissaires, qui ont « rompu avec des années d'absurdités, qui visaient à banaliser ces instruments ».

Il a expliqué à des journalistes avoir été « sidéré par la puissance, l'élégance et l'intelligence » de l'exposition, pour laquelle il a prêté plusieurs guitares.

L'exposition propose également des six cordes - voire douze dans le cas de celle à double manche de Don Felder des Eagles, ayant appartenu à Chuck Berry, Eric Clapton, Bob Dylan, Joan Jett ou Elvis Presley.

Jimmy Page enthousiaste

Les visiteurs pourront se plonger dans l'univers auquel renvoient ces instruments grâce à un écran qui projette quelques solos d'anthologie, de Prince notamment, ou des enceintes qui accompagnent musicalement la visite.

Le musée en bordure de Central Park, sur la Cinquième avenue, a aussi intégré quelques tenues de scène et de nombreuses affiches de concert, pour créer une ambiance.

« Je n'aurais jamais osé rêver me retrouver ici, même lorsque j'étais enfant », a affirmé le guitariste du groupe britannique Led Zeppelin, Jimmy Page, qui a pourtant accédé à la gloire il y a plus de quatre décennies.

« J'étais prêt à prêter n'importe quoi pour que cette exposition voie le jour », a-t-il assuré.

PHOTO DON EMMERT, AFP

Don Felder

Au total, le Met présente 185 pièces, dont plus de 130 instruments, qui s'étalent sur la période allant de 1939 à 2017.

Si les arts dits mineurs ne font que progressivement leur entrée dans les grands musées du monde, le Met possède de longue date une collection majeure d'instruments de musique, provenant des cinq continents.

Elle comprend notamment une série de quatre trompettes précolombiennes du Pérou en céramique datées du IIIe siècle avant notre ère.

L'exposition avait été initialement l'objet de critiques à l'annonce de la première liste des artistes représentés, qui ne comprenait qu'une femme, la rockeuse St. Vincent, parmi plus de 80 noms.

Mais le résultat est bien plus équilibré à l'arrivée, avec notamment Joni Mitchell, Joan Jett, Patti Smith ou Lady Gaga, dont le piano futuriste trône au milieu de l'exposition.  

« Le rock'n'roll a longtemps été un cercle masculin », a écrit Jayson Kerr Dobney dans le catalogue de l'exposition. « Durant les années 1950 et 1960, et même au-delà, la présence des femmes dans les groupes de rock se limitait aux voix, ce qui explique qu'elles soient sous-représentées dans ces pages. »

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