Des trentenaires à casquette, des jeunes femmes en jeans à taille haute, des ados, des petites familles et quelques quinquas : ils sont rares, les artistes qui réussissent à toucher un public aussi large. Les Trois Accords y arrivent toujours, 16 ans après la sortie de leur premier album Gros mammouth album turbo, et peut-être même encore plus qu'à leurs débuts.

C'est donc devant un MTelus archiplein - une supplémentaire est annoncée pour le 7 décembre - que le quatuor de Drummondville a présenté vendredi les chansons de son excellent sixième album, le bien nommé Beaucoup de plaisir. C'est d'ailleurs avec la chanson-titre que le spectacle s'est ouvert, alors que le bonhomme à tête de ballon de plage qui figure sur la pochette du disque saluait la foule du haut du balcon.

Le train des Trois Accords ne s'est ensuite pas arrêté une seule seconde : c'est à peine si le chanteur Simon Proulx a pris une pause, à trois ou quatre reprises, pour présenter une chanson, faire quelques blagues absurdes, mais aussi se permettre un moment d'émotion. 

« C'est une salle magique, on est vraiment contents d'être ici. C'est touchant, c'est malade. Sincèrement, merci. »

- Simon Proulx, chanteur des Trois Accords

Sinon, le groupe - nommons les quatre guerriers de la scène, Simon Proulx, Pierre-Luc Boisvert à la basse, Alexandre Parr à la guitare, Charles Dubreuil à la batterie, appuyés par les percussionnistes Joannie Labelle et Mélissa Lavergne - a enfilé les chansons tambour battant. Après 50 minutes, il en était déjà rendu à la 14e de 23 chansons, et n'avait clairement pas l'intention de ralentir le tempo.

Avec un tel répertoire - six albums en 16 ans, des hits à la pelle -, le groupe a puisé dans chacun de ses disques, faisant la part belle aux chansons de Gros mammouth, de J'aime ta grand-mère et, bien sûr, de Beaucoup de plaisir. Mais de Hawaïenne à Je me touche dans le parc et son solo de cloche à vache, une constante : jeunes (dont beaucoup d'enfants) et vieux qui chantent toutes les chansons par coeur, comme un exutoire.

La force des Trois Accords, au-delà des mélodies efficaces, des riffs et de l'intelligence des textes - oui oui -, c'est tout de même de toujours réussir à faire adopter ses nouvelles chansons, d'un album à l'autre.

Les pièces de Beaucoup de plaisir se sont donc intégrées à l'ensemble sans accroc, que ce soit l'irrésistible Corinne ou l'étrange Commotion sur le ponton. Et on a pu entendre le public hurler avec la même joie autant « Rebecca mon coeur est une plante » (Rebecca) que « Des fruits exotiques et du steak » (Les dauphins et les licornes). L'auteur-compositeur Simon Proulx a de quoi être fier.

Non, Les Trois Accords ne renouvellent pas le genre du spectacle rock. Ils ne créent pas de nouvelles versions de leurs classiques pour surprendre leurs fans, et ils n'ont pas non plus d'éclairages hyper sophistiqués. Ça tombe bien, ce n'est pas non plus ce qu'on attend de ce répertoire jubilatoire : un spectacle des Trois Accords, c'est d'abord un moment de communion qui nous permet de chanter J'aime ta grand-mère les bras dans les airs, de sauter à défoncer le plancher sur Bamboula.

Quand les cinq derniers titres du spectacle sont Les amoureux qui s'aiment, Ouvre les yeux, Simon ! (improbable chanson et hit parfait tiré de Beaucoup de plaisir), Dans mon corps, Saskatchewan et Retour à l'institut, et que le public n'a pratiquement plus de voix pour chanter, on constate vraiment que Les Trois Accords ont réussi à marquer la chanson populaire. Et, surtout, qu'ils sont plus nécessaires que jamais.

Le groupe est en tournée partout au Québec jusqu'en mars 2020.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Les quatre membres des Trois Accords : Alexandre Parr à la guitare, Charles Dubreuil à la batterie, Simon Proulx au chant et à la guitare, et Pierre-Luc Boisvert à la basse.