L'arrestation-surprise du rappeur 21 Savage par la police de l'immigration, au motif qu'il est Britannique et en situation irrégulière aux États-Unis, a déclenché une vague de solidarité à l'égard du jeune musicien, menacé d'expulsion alors qu'il est en pleine ascension.

Le rappeur de 26 ans - Sha Yaa Bin Abraham Joseph de son vrai nom - a été appréhendé dimanche à Atlanta par la police de l'immigration américaine.

Son arrestation, à une semaine du gala des prix Grammy, pour lesquels il a été nommé, a surpris son entourage : 21 Savage, dont le dernier album figure depuis le début du mois en tête des ventes aux États-Unis, s'est toujours présenté comme originaire d'Atlanta, capitale de l'État de Géorgie et aussi capitale informelle du rap et du hip-hop.

«J'ai grandi à Atlanta, tout le monde me connaît», disait-il dans une entrevue en 2016 à la chaîne YouTube VladTV, avec son accent typique du sud des États-Unis. «Si vous ne me connaissez pas, c'est que vous n'êtes pas de cette ville».

Selon Bryan Spox, porte-parole de la police de l'immigration (ICE), le rappeur est arrivé légalement aux États-Unis en juillet 2005, quand il était encore mineur, mais est resté au-delà de la date d'expiration de son visa, en juillet 2006.

«Mr. Abraham-Joseph est actuellement détenu par ICE en Géorgie et en attente d'une procédure d'expulsion devant la justice fédérale», a indiqué M. Spox, rappelant aussi que le rappeur avait été condamné en 2014 pour un délit lié à des stupéfiants. Les condamnations sont souvent un fait aggravant pour les autorités migratoires.  

«Libérez 21»

Mais un avocat du rappeur, Charles Kuck, a assuré lundi que 21 Savage «n'avait jamais caché son statut migratoire aux autorités». Et qu'il avait déposé en 2017 une demande de visa «U», un type de visa réservé aux victimes de crimes.  

L'avocat n'a pas précisé de quel type de crimes 21 Savage aurait été victime.

L'avocat a reconnu que la famille du rappeur était restée aux États-Unis sans visa valable, plaçant de fait leur enfant en situation irrégulière.

M. Kuck a fait valoir qu'il ferait tout pour sortir le rappeur de prison et lui éviter l'expulsion.

Il a souligné que le rappeur ne risquait pas de fuir, qu'il avait des enfants citoyens américains, et que «ses contributions aux quartiers et aux écoles où il a grandi sont l'exemple même du type d'immigrés que nous voulons aux États-Unis».  

Plusieurs artistes et personnalités de la musique ont aussi exprimé leur solidarité avec le jeune rappeur.

«Un noir qui a du succès», a tweeté le rappeur Offset, du trio Migos. «Ils essaient toujours de nous casser.»

«Libérez 21», a tweeté un autre rappeur, Meek Mill, lui-même sorti de prison l'an dernier après de violentes manifestations provoquées par la peine inhabituellement lourde dont il avait écopé pour avoir enfreint ses conditions de sa liberté surveillée.

D'autres musiciens, comme Lil Yachty et Vince Staples, ou l'ingénieur du son Alex Tumay, qui travaillent beaucoup à Atlanta, ont également dénoncé son arrestation.

«Abolissez ICE», a tweeté Tumay, reprenant à son compte un mot d'ordre cher à de nombreux détracteurs de la politique anti-immigration de Donald Trump, dont ICE est l'exécutant.

«ICE arrête des célébrités pour faire oublier qu'ils n'arrivent pas à réunir les enfants séparés de leurs parents», a-t-il affirmé, en référence aux centaines d'enfants séparés de leurs parents à la frontière ces derniers mois.

21 Savage a signé deux albums, Issa Album en 2017, et I Am > I Was fin 2018, qui s'est hissé au sommet des ventes américaines sur les deux premières semaines de 2019.  

Le jeune musicien y évoque des thèmes qui ont marqué sa vie, comme les drogues, le racisme et les violences policières.

Depuis son arrestation, certains médias britanniques ont indiqué que 21 Savage était originaire de Newham, dans l'est de Londres, mais l'information n'a pas été confirmée côté américain.