Le rappeur new-yorkais A$AP Rocky se produira à la Place Bell dimanche. La Presse revient sur le parcours de celui qui a connu un succès instantané à son arrivée sur la scène hip-hop américaine.

Jeunesse trouble

La jeunesse d'A$AP Rocky n'est pas de tout repos. Né à Harlem en 1988 sous le nom de Rakim Mayers, en hommage au mythique rappeur Rakim, il n'a que 12 ans lorsque son père est incarcéré pour une affaire de trafic de stupéfiants; l'année suivante, son frère Ricky, 20 ans, est assassiné. Le jeune homme passe donc les années qui suivent avec sa mère et sa soeur à bourlinguer d'un foyer à l'autre. Il vend lui-même de la drogue et passe quelques semaines derrière les barreaux. Sur le plan artistique, il rejoint en 2007 le collectif rap A$AP Mob, avec lequel il adoptera notamment son nom d'artiste. Il deviendra rapidement la figure la plus connue du groupe.

Succès instantané

En 2011, A$AP Rocky lance Live. Love. A$AP, une mixtape dont la fascination dépasse la planète hip-hop - dans un portrait consacré au rappeur, le New York Times évoque une oeuvre «universelle». Rapidement, l'artiste collabore avec les acteurs majeurs de la scène: avec Kendrick Lamar, il se produit notamment en première partie de Drake dans sa tournée Paradise Club. Au début de l'année 2013, il lance son premier album studio, Long. Live. A$AP et s'empare sur-le-champ du premier rang du palmarès Billboard 200. Reprenant les thèmes connus du hip-hop - les femmes, la drogue, le crime, le bling... -, le disque est salué par la critique. Le clip de l'une des pièces phares, F**kin' Problems, à laquelle ont collaboré Drake, Kendrick Lamar et 2 Chainz, a aujourd'hui été vu quelque 180 millions de fois sur YouTube.

Deuxième test réussi

En 2015, A$AP Rocky lance son deuxième album, At. Long. Last. A$AP. Et il ne rate pas son coup. Dans son décompte des meilleurs disques hip-hop de l'année, le magazine Rolling Stone applaudit le fait que l'artiste n'ait pas tenté de simplement reproduire la formule de son premier opus. Rocky adopte plutôt des sonorités psychédéliques, empruntées au rock des années 60. Malgré des critiques un peu plus sceptiques, At. Long. Last. A$AP s'installe, comme son prédécesseur, au sommet du palmarès Billboard dès sa sortie et passera trois semaines dans le top 10.

Expérimentation

La lune de miel de Rocky avec la critique est terminée : le troisième disque du rappeur, Testing, lancé en 2018, laisse une empreinte mitigée. Malgré des collaborations de taille - Kid Cudi, Frank Ocean et FKA twigs, entre autres -, l'album, en écho à son titre, est considéré par plusieurs comme trop expérimental, ne serait-ce que dans les modulations de voix très appuyées du rappeur, voire dans son flow même. Bien que les ventes ne cartonnent pas comme pour ses deux premiers albums, celui qu'on appelle aussi Lord Pretty Flacko Jodye rejoint néanmoins son public, notamment avec le titre Praise the Lord (Da Shine), dont le clip a déjà récolté plus de 116 millions de visionnements sur YouTube.

Moment charnière

Parallèlement à sa carrière sur scène, A$AP Rocky a créé l'agence créative AWGE, a tenu quelques rôles mineurs au cinéma et est devenu une icône de mode en s'associant entre autres avec Raf Simons, Guess et Under Armour. Et ses amours, au premier chef sa relation avec Kendall Jenner, ont été suivies de près par les journaux à potins. En ce début d'année 2019, il amorce sa tournée Injured Generation (traduction libre : génération blessée), dont le concert à Laval, dimanche soir, sera seulement le sixième arrêt. Aujourd'hui âgé de 30 ans, le rappeur a récemment confié en entrevue être à un moment charnière de sa carrière. Et selon le magazine Billboard, «le moment est venu pour lui de montrer au monde ce dont il est capable». Au public québécois d'en juger.

À la Place Bell, Laval, dimanche 13 janvier à 20 h. Première partie: Playboi Carti.