Bleu Jeans Bleu a beau exister depuis 2012, c’est avec son troisième album, Perfecto, que la popularité du groupe a explosé, portée par la chanson Coton ouaté et son clip. Le chanteur Mathieu Lafontaine, alias « Claude Cobra » (prononcez-le en roulant votre r), résume une année exceptionnelle.

Son moment de l’année 

« C’est dur de choisir, mais s’il y a un moment qui rassemble tout, c’est quand on a reçu le prix du Groupe de l’année à l’ADISQ. C’est comme si, d’un coup, on venait de sentir les effets de cette grosse année. Toutes les bonnes nouvelles, tout le travail sur le terrain, toutes les fois où on a parlé de nous dans des endroits où on ne s’y attendait pas, la place qu’on a prise dans la vie des gens, parce que c’est le gros constat aussi, le prix a comme rassemblé tout ça d’un coup.

« Finalement, c’est une année de surprises, couronnée par ce prix-surprise. Je mentirais si je disais qu’on n’avait pas un espoir de gagner. Mais notre espoir reposait dans mes calculs sur un pourcentage assez faible de possibilités. Le soir du gala, il y avait aussi le côté réaliste qui faisait qu’on se rendait compte que les autres qui étaient en nomination étaient plus établis. C’est quand ils ont nommé les cinq groupes que j’ai douté le plus. Je me suis dit : “Ben voyons donc, pourquoi j’ai pensé que ça se pouvait  !” C’était la seconde avant que Patrick Watson annonce Bleu Jeans Bleu. J’ai revu la vidéo, on a tous sauté, je pense que ça montre qu’on était sincèrement contents, parce que sincèrement surpris.

« Je me souviens d’avoir sauté, mais entre nos sièges et la scène, c’est flou. Quand j’étais petit et que je regardais l’ADISQ ou les Grammy ou les Oscars, je me suis toujours imaginé le buzz que ça devait être d’aller chercher un prix, de sentir que tu es à ta place. Et c’est ça qu’on a senti lors de ce gala de l’industrie, que tout en étant indépendants, on avait notre place. Et le buzz est encore meilleur que ce que j’avais imaginé  !

« C’est vrai qu’on était très à l’aise avec l’idée de ne pas gagner. Même si ça sonne cliché, juste être en nomination, c’était vraiment une victoire. Mais on avait sous-estimé la vague de wow qui vient avec le fait de gagner. Après c’était la salle de presse, une brochette d’entrevues, puis le party de l’ADISQ… On a vécu tout ça avec nos blondes, nos amis. Christian-Adam Gilbert, mon partenaire fondateur du groupe, était là avec nous, tous ceux qui sont dans le projet depuis le début étaient là, en fait, et c’était cool de célébrer ensemble. Ça pinçait un peu le lendemain  !

« Deux semaines après, il y a eu le show au Club Soda pour Coup de cœur francophone, mais ce qui s’est passé ce soir-là, c’était déjà installé. Ça ne découle pas de l’ADISQ, c’est plutôt l’ADISQ qui a découlé de toutes ces bonnes choses. »

« Cette année, on a frappé un coup de circuit, mais c’est difficile de le rattacher à un évènement précis. Oui, il y a eu Coton ouaté, mais le vrai élément déclencheur, c’est le clip [six millions de vues sur YouTube en moins de huit mois]. Et là il y a des jeunes dans des écoles qui font des lipdub dessus… Ça n’a pas de bon sens, le nombre de fois qu’on a reçu des affaires et qu’on a dit ben voyons donc ! Ça s’est installé dans les écoles, c’est devenu un phénomène social, les profs s’en servent pour de l’art plastique, des dictées… C’est hors de portée de ce qu’une toune peut faire, voyons  ! Tu ne peux jamais anticiper quelque chose comme ça. »

Ce qui l’attend en 2020

Bleu Jeans Bleu sera sur toutes les scènes du Québec en 2020. « On fait la tournée des grands-ducs  ! En fait, la tournée va s’étirer jusqu’à l’été 2021. Et comme elle avait commencé en janvier 2019, ça nous fera pratiquement deux ans et demi de tournée. »

Le groupe sera tellement sur la route qu’il n’est pas question encore de retourner en studio, ajoute le chanteur. Et si des spectacles sont prévus un peu à l’extérieur du Québec, en Ontario et peut-être au Nouveau-Brunswick, pas question d’aller en Europe pour l’instant. Même si le groupe commence à recevoir des propositions.

« Il y a tellement de demandes ici, et on veut bien faire notre territoire. Et puis on a des vies de famille, alors dans les circonstances, on n’ira pas faire de démarchage là-bas, partir à zéro à l’huile de bras. On va y aller si on sent qu’on est vraiment dus et attendus. Et ça se peut aussi qu’on n’y aille jamais, et on est cool avec ça. »