(New York) Il a profité de l’aura d’un gang de rue pour devenir une superstar, puis témoigné contre ses membres : le rappeur new-yorkais Tekashi 6ix9ine (prononcer « six-nine ») a été condamné mercredi à deux ans de prison pour sa participation à cette bande organisée.

Daniel Hernandez, 23 ans, est passé d’aspirant rappeur à vedette mondiale en quelques jours, après la sortie de son clip Gummo, début octobre 2017.

On l’y voit rapper et danser devant un petit immeuble du quartier de Bedford Stuyvesant, à Brooklyn, avec des membres du gang des Nine Trey Gangsta Bloods, parés de leur traditionnel foulard rouge.

Depuis que les rappeurs de Los Angeles ont mis en scène l’imagerie des gangs au tournant des années 90, l’association à ces bandes offre encore régulièrement une crédibilité inégalée aux artistes émergents.

Selon son avocat Lance Lazzaro, le gamin de Brooklyn, qui avait abandonné l’école à 15 ans, voulait se construire « un personnage de gangster pour vendre plus de disques ».

Gummo a rapidement dépassé les 100 millions de visionnements sur YouTube. La carrière de Tekashi 6ix9ine était lancée, alimentée par son « look », cheveux longs arc-en-ciel, fausses dents multicolores et centaines de tatouages, jusque sur le visage.

Mais Daniel Hernandez a fait beaucoup plus que jouer au dur, a rappelé mercredi le juge fédéral Paul Engelmayer, devenant « une figure centrale d’un gang brutal et vicieux ».

Le rappeur a utilisé le gang Nine Trey pour attaquer ou braquer ceux qu’il considérait comme ses rivaux du rap.

Mais plusieurs des chefs du gang en ont aussi profité pour bénéficier financièrement du succès de leur nouveau membre, et lui soutirer plusieurs centaines de milliers de dollars.

Se sentant manipulé par le gang, puis inculpé par la justice en novembre 2018 avec d’autres membres, Tekashi 6ix9ine a décidé de collaborer avec le procureur fédéral de Manhattan contre ses anciens comparses.

Critiquée publiquement par de nombreux rappeurs, cette collaboration lui a valu une réduction de peine, le juge Engelmayer le condamnant mercredi à deux ans de prison alors qu’il pouvait risquer la perpétuité.

Ayant déjà passé un an en prison, Daniel Hernandez, sortira donc courant 2020, mais ne sera pas pour autant tiré d’affaire.

« C’est une cible », a résumé à l’audience son avocat, car il a maintenant l’image d’un mouchard, qui pourrait lui valoir des représailles du gang auquel il appartenait ou d’un autre.

L’intéressé n’en a pas pour autant l’intention de se cacher et vient même de signer un nouveau contrat avec le label 10K Projects.