Digne représentant du rap marseillais depuis trois décennies, IAM signe un neuvième album studio avec Yasuke, hommage à cet esclave africain devenu samouraï au Japon.

Ce symbole de l’émancipation compte d’ailleurs parmi la bande bigarrée qui figure sur la pochette, pastiche du Radeau de la Méduse en ces temps de migrations tragiques et d’égoportraits.

C’est d’abord cette redéfinition des frontières — terrestres comme numériques — que rappent et remettent en question les célèbres diplômés de L’école du micro d’argent.

Être fidèle à ses racines — « jamais on piétinera nos gens pour une tranche de rosbif » — sans cesser d’étendre ses branches, que ce soit au phénomène dancehall Kalash sur le chant de résistance Remember, au jazzman nigérian Femi Kuti ou encore au rappeur new-yorkais Skyzoo.

L’engagement est parfois appuyé : dénonciations faciles et éculées du capitalisme (« On veut aller encore plus vite dans le train de l’argent »), allégories moralisatrices, etc.

IMAGE FOURNIE PAR UNIVERSAL FRANCE

Yasuke

Reste que les vers d’Akhenaton et de Shurik’n, enregistrés en Thaïlande, sont toujours acérés, et leur flow n’a pas pris une ride.

Peut-être grâce à ce refus d’être à la mode, se contentant d’effleurer la trap (Quand est-ce qu’on s’aime ?) et privilégiant un son oldschool métissé… et maîtrisé.

★★★½

Rap. Yasuke. IAM. Universal France.

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