Avec Norman Fucking Rockwell !, son sixième album, Lana Del Rey offre une création exceptionnelle. Sa meilleure en carrière.

Tout est cinématographique chez Lana Del Rey. Dès les premières notes de Norman Fucking Rockwell !, on est frappé d’images que la mélodie veut inspirer. On s’imagine un film au grain prononcé racontant les textes de Del Rey, dans une ancienne Amérique de bord de mer.

Certains des récits qu’elle fait sont plus moroses que jamais, bien qu’elle ne parle plus seulement d’amour déchu. Elle ne déroge pas à l’esthétique pop californienne, mélancolique et dramatique.

Ce disque est pourtant très différent des précédents. La chanteuse a dépouillé sa musique de tout artifice. L’intimité domine. Et c’est comme si on rencontrait une nouvelle Lana Del Rey – la « vraie », semble-t-il.

Le piano, vecteur de simples et splendides mélodies, est le plus récurrent des instruments. Juste après la voix de Del Rey, majestueuse, qui s’est débarrassée d’inflexions plus forcées ou de (presque) tout effet artificiel que ce soit. Souvent doublée, elle est magnifiée d’un écho qui renvoie encore à ce côté cinématographique. Le sceau Lana Del Rey.

PHOTO FOURNIE PAR POLYDOR/INTERSCOPE

Norman Fucking Rockwell !, de Lana Del Rey

Il est saisissant de découvrir ce qu’elle a créé en s’en tenant à un habile minimalisme. La pièce finale, Hope Is a Dangerous Thing for a Woman Like Me to Have – But I Have It, est un parfait exemple de cette formidable sobriété. La magnifique Mariners Apartment Complex tient quant à elle en un peu plus de quatre minutes l’essence même de cet album.

Quelques chansons au milieu du disque de 14 titres auraient sûrement pu être tronquées sans que cela pénalise l’album, au contraire. Mais mentionnons Fuck It I Love You, The Greatest et la reprise de la chanson Doin’ Time, du groupe Sublime, trois excellents titres de cet album.

★★★★

Pop alternative. Norman Fucking Rockwell ! Lana Del Rey. Polydor/Interscope.