Cœur de pirate aura 30 ans le 22 septembre et recevra ce soir-là, lors du gala de la SOCAN qui a lieu à la TOHU, le prix de l’auteure-compositrice de l’année. Une récompense dont elle est fière, d’autant plus que c’est la première fois depuis le début de sa carrière que cet aspect de son travail est reconnu.

Un prix d’auteure-compositrice, est-ce que ça fait particulièrement plaisir ?

Oui ! C’est la première fois en 10 ans qu’on reconnaît que j’écris mes propres chansons. Dans la vie en général, ce sont des prix qui sont majoritairement remportés par des hommes, alors qu’on donne de l’attention à quelqu’un qui le fait depuis 10 ans, et qui est une fille, c’est nice.

Est-ce que ça démontre que les institutions doivent faire des efforts de parité pour ce genre de prix ?

Culturellement parlant, le rôle d’auteur-compositeur-interprète a toujours été réservé aux gars. Je n’ai même jamais été nommée dans aucun gala ! Quand même… je ne pense pas que je suis poche non plus, sinon mes chansons passeraient sous l’écran radar, et il me semble que je n’aurais pas de succès. Mais encore aujourd’hui, les gens me posent la question : c’est toi qui écris tes propres chansons ? Ben oui, et je l’ai toujours fait ! C’est un phénomène très culturel, alors oui, les institutions doivent faire un effort pour donner un coup de pouce.

Vous n’avez jamais été nommée à l’ADISQ dans la catégorie auteur-compositeur ?

Jamais. Moi, je suis correcte, ça va, j’ai fait mes preuves. Mais c’est bien qu’il y ait des modèles pour celles qui s’en viennent. Pour qu’elles sachent que plutôt que d’aller demander à quelqu’un de leur écrire une chanson, elles peuvent le faire elles-mêmes. Et pour qu’elles soient reconnues par leurs pairs.

Lors de ce gala, la SOCAN remet aussi des prix pour des classiques de la chanson. Ça vous fait penser à la pérennité, à la durée ?

Je ne le vois pas comme ça. C’est un événement qu’on célèbre entre pairs, pour les droits d’auteur. Mais je n’y pense plus vraiment : l’industrie a changé énormément et je crois que la musique d’aujourd’hui n’aura jamais le même impact que celle sortie il y a 20 ans, malheureusement.

À quoi ressembleront vos prochains mois ?

J’ai des gros projets dont je ne peux pas parler. J’aimerais aussi sortir un album d’ici le printemps, car j’ai une tournée en Amérique du Sud qui est en construction, et je voudrais sortir du nouveau matériel.

Le gala aura lieu le jour de vos 30 ans. C’est un genre de cadeau d’anniversaire ?

Oui ! Je leur ai dit que je voulais un gâteau. Je suis assez contente que ce soit ce jour-là, après 10 ans de carrière en plus, c’est assez symbolique.

Quelques-uns des 50 prix qui seront remis par la SOCAN le 22 septembre

Prix hommage : Gilles Valiquette
Prix Empreinte culturelle : Je ne suis qu’une chanson, Diane Juster
Classiques de la SOCAN : Isabelle, Cookie et 1990 de Jean Leloup
Prix hip-hop/rap : Alaclair Ensemble et Fouki
Prix auteur-compositeur non interprète : Steve Marin