On le déduit très rapidement en sa présence physique, Keyon Harrold est trompettiste de jazz mais aussi musicien de souche populaire. Parmi ses influences cruciales, il compte Miles Davis et autres jazzissimes musiciens, mais aussi Prince, Common, Dr Dre, J. Dilla. Jazz afro… afro jazz.

Samedi à l’Upstairs, on pouvait identifier assez clairement ces sources d’inspiration.

Jazz, funk, R & B, hip hop et aussi reggae sont les éléments constitutifs de sa musique-que l’on peut d’ailleurs apprécier via son plus récent album intitulé The Mugician (Sony Music).

Le vecteur principal est certes jazzistique, mais la sensibilité des musiques urbaines de l’Amérique noire imprègne la facture générale de cette prestation, soit l’une des quatre de Keyon Harrold donnée à l’Upstairs en fin de 40e FIJM.

Keyon Harrold avait la chance de compter sur le soutien rythmique du grand batteur Kendrick Scott (de nouveau à l’Upstairs), auquel se joignent le superbe guitariste Nir Felder, le pianiste Shedrick Mitchell, le bassiste Daniel Winsheld. Musiciens top, tous au service du soliste principal dans ce contexte. Très beau jeu de trompette, d’ailleurs : puissant, juste, phrasé d’une grande fluidité, facture générale souvent comparée à celle de Freddie Hubbard.

On comprendra que Keyon Harrold ait soufflé pour JAY-Z, Beyoncé, 50 Cent, Anthony Hamilton, Gregory Porter, Mac Miller, Mary J. Blige, Maxwell, Rihanna, Eminem, Gregory Porter, D’Angelo, Mary J. Blige. Harrold a même joué des partie de trompettes dans le biopique Miles Ahead, réalisé par Don Cheadle et consacré à Miles Davis.

Keyon Harrold nous rappellera qu’il grandi à Ferguson, Missouri, exactement là où l’adolescent Michael Brown fut abattu par un policier en 2014, déclencheur du mouvement Black Lives Matter amorcé peu auparavant, inscrit en faux contre le profilage racial, la violence policière et le racisme systémique au sein de la société américaine.

Et c’est pourquoi le trompettiste du Missouri a composé MB Lament, dédiée à Michael Brown. Thème non résolu comme on le sait… et fort beau thème musical en ce début de soirée.

Keyon Harrold propose ensuite une reprise jazzifiée des Beatles, décrit à la blague comme un « groupe obscur » : She’s Leaving Home et… Pour des raisons fort différentes, il fallait aussi quitter les lieux.